Le Hamas tiraillé entre le pouvoir et la résistance
Début 2006, le Hamas a remporté un grand nombre de sièges au Conseil législatif palestinien, aidé par la propagande de la résistance, mais il est tombé dans le gouffre de la réalité, qui a ralenti sa carrière et l’a transformé en mouvement de pouvoir et de politique, et non pas un mouvement de résistance et de libération. Le Hamas a découvert que son maintien au pouvoir coûterait cher, mais s’il quitte le pouvoir cela lui couterait encore plus cher. Il est donc resté au pouvoir parce que cela lui permettait de ne plus être marginalisé et d’être au cœur des événements, mais cela a aussi affaibli sa popularité.
Le Hamas a insisté à ne pas coopérer avec les autres factions, rejetant tout gouvernement d'union nationale, transformant les militants en employés et exerçant le pouvoir en opprimant les citoyens palestiniens, ce qui a accentué les différents entre les branches politique et militaire du mouvement.
Les membres de l'aile politique du mouvement, notamment Khaled Meshaal, Musa Abu Marzouk et Ismail Haniyeh, ont cherché à obtenir, par l'intermédiaire de médiateurs européens, un accord à long terme avec Israël, tandis que l'aile militaire a cherché à se rapprocher de l'Iran afin de renforcer l’arsenal militaire du Hamas.
Les membres de la branche armée qui ont établi une grande armée à Gaza regroupant des dizaines de milliers de militants, souhaitent élargir leur hégémonie militaire imposée à Gaza, tandis que les membres de la branche politique ont compris qu’en l’absence de solution politique avec Israël, le Hamas perdrait le contrôle et le pouvoir à Gaza.
Les défis économiques ont forcé le Hamas à baser son économie sur les tunnels le long de la frontière égyptienne.
Après l'effondrement de l’économie, un certain nombre de groupes extrémistes salafistes ont émergé dans l’enclave comme Siouf Al-Haq (Les épées de la Vérité), Siouf Al-Islam (les épées de l’Islam), les partisans de Jundallah, le Hezbollah palestinien, l'Armée de l'Islam et, enfin Daech ! Quelques années après avoir attaqué l'Autorité palestinienne sous prétexte qu’elle coopérait avec Israël, le Hamas s’est retrouvé obligé de recourir à la force pour arrêter les tirs de roquettes par les organisations, et ces dernières ont accusé le Hamas de collaborer avec l'occupation.
De nombreux jeunes impliqués dans le mouvement l’ont abandonné progressivement en secret. L'agenda secret du Hamas est différent de son agenda public. L'aile armée du Hamas a pris le contrôle de Gaza pour en faire une grande prison et fournir un modèle de « talibanisme » en matière de gouvernance.