Syrie : «Réconciliation ou pas, ça ne change rien», les arrestations continuent
L'ONG Human Rights Watch a
recensé plusieurs régions où les services de renseignements syriens harcèlent
et arrêtent des habitants qui avaient signé des accords. Dans la province de
Deraa (Sud), plus de 230 personnes ont disparu après avoir été interpellées.
Syrie
: «Réconciliation ou pas, ça ne change rien», les arrestations continuent
Le processus de réconciliation, tel qu’il est mis en œuvre par le régime
syrien et son allié russe, n’en est pas un. «Les combats ont cessé dans la majeure
partie de la Syrie mais rien n’a changé pour les services de renseignements qui
continuent à bafouer les droits des opposants présumés à l’ordre d’Assad.
L’absence de procédures régulières, les arrestations arbitraires et le
harcèlement, même dans les zones soi-disant réconciliées, sont plus parlantes
que les fausses promesses de retour [des réfugiés et des déplacés], de réforme
et de réconciliation», a accusé ce mardi la directrice
pour le Moyen-Orient à Human Rights Watch, Lama Fakih.
Les abus visent d’anciens responsables ou militants de l’opposition, des
travailleurs humanitaires et des membres de familles d’anciens combattants
anti-Assad.
L’ONG s’est intéressée a interrogé des habitants des régions de Deraa,
Quneitra, de la Ghouta orientale et de villes à la périphérie sud de Damas.
Certaines de ses zones sont sous le contrôle des services de renseignements de
l’air, d’autres des renseignements militaires. La majorité a fait l’objet d’un
accord dit «de réconciliation» l’an dernier. Après des années de bombardements
et parfois de siège, les combattants et les civils pouvaient soit être
transférés dans d’autres régions, principalement la province d’Idlib
(Nord-Ouest), soit rester et bénéficier d’une amnistie.
Checkpoint
Mais rien ne se passe comme prévu. Selon les ONG locales, au moins 500
personnes ont été arrêtées à Deraa, dans la Ghouta orientale et dans des villes
au sud de Damas. A Deraa, le sort de 230 habitants arrêtés reste toujours
inconnu. «Réconciliation
ou pas, ça ne change rien», a dit à HRW un activiste dont la
sœur a été arrêtée à un checkpoint à proximité de Deraa en novembre. Elle a pu
être libérée grâce au versement d’un backchich de près de 600 dollars à un
responsable des renseignements militaires.
Plusieurs autres témoins interrogés par l’ONG n’ont en revanche aucune
nouvelle de leurs proches après leur arrestation. C’est le cas de deux
Palestiniens, travailleurs humanitaires, arrêtés début avril au siège de leur
organisation au sud de Damas. Tous deux avaient signé l’accord de
réconciliation après la reprise de leur ville par les forces syriennes en mai
2018. Leurs collègues affirment qu’ils ne faisaient pas l’objet d’une
convocation pour le service militaire et qu’ils n’avaient jamais fait partie
d’un groupe armé d’opposition.
Dans son rapport, HRW demande à la Russie, principale alliée avec l’Iran du
régime de Bachar al-Assad, d’intervenir auprès de Damas pour faire libérer les
détenus arrêtés arbitrairement et de fournir des informations sur le sort de
ceux qui ont disparu.