Mohammed Bénaya : « Les relations entre les Frères musulmans et l'Iran sont régis par les intérêts politiques »
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a rejeté la décision attendue du président américain Donald Trump de classer les Frères musulmans organisation terroriste. Cette attitude révèle les relations cachées entre la Confrérie et la République islamique. Comment chaque partie soutient-elle l'autre et pourquoi ? Expert des affaires iraniennes, Mohamed Bénaya,répond à nos questions.
- Comment voyez-vous le refus de l'Iran de classer les Frères musulmans organisation terroriste ?
Le rejet par l'Iran que les Frères musulmans soient classés organisation terroriste tient au fait que Téhéran et les Frères appartiennent tout deux à l'axe de l'Islam politique, qui comprend aussi le Qatar, et la Turquie, et les mouvements islamistes. Aujourd’hui, les Frères jouent un rôle important pour sotenir le régime d’Ali Khamenei.
L’autre facteur est que les Etats-unis ont classé il ya quelques jours les gardiens de la révolution iraniens « organisation terroriste». Or, l’Iran ne veut pas que ce cercle soit élargi.
Comment les Frères musulmans soutiennent-ils le régime iranien ?
Le soutien des Frères à l’Iran repose sur le réseau des relations politiques, économiques et militaires que les Frères ont mis au service du régime iranien dans plusieurs pays et régions du monde. Face aux sanctions américaines, Téhéran aura recours à ce réseau financier pour tenir.
Comme chacun le sait, la confrérie possède des réseaux cachés dans le blanchiment d'argent et bénéficie du soutien économique des pays où elle fait partie du pouvoir.C'est ce qui se passe en Turquie avec le soutien d'Erdogan à l'organisation internationale des frères musulmans. Tout le monde se souvient de la campagne lancée par la Confrérie pour soutenir la lire turque après son effondremet face au dollar américain.
- Mais quel est l’avantage pour les Frères de soutenir l'Iran?
La survie du système religieux iranien favorise la survie des Frères musulmans. En réalité, l’expérience de l’Iran islamiste sert de fonds de commerce aux Frères musulmans.