Alexandrie: Les catacombes de Kom Al-Choqafa sauvées
Le sauvetage des catacombes de Kom Al-Choqafa, à Alexandrie, est assuré. Menacées depuis plus de 100 ans par la montée des eaux souterraines, elles ont fait l’objet d’un projet de préservation de large envergure.
Vieilles de 2 000 ans, les catacombes de Kom Al-Choqafa, dans le quartier de Karmouz, à l’est d’Alexandrie, ont fait l’objet d’un projet de préservation. Ces catacombes sont constituées de trois tombes souterraines creusées dans la roche calcaire et renferment les sépultures de riches familles de l’époque gréco-romaine. Elles étaient menacées par la montée de la nappe phréatique depuis plus de cent ans. Les travaux du projet de conservation et de développement de la région, réalisés en coopération avec l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID), avaient débuté en novembre 2017. Il s’agissait d’équiper le site de puits et de pompes de drainage. « C’est un programme unique qui a combiné archéologie et ingénierie civile », se félicite Thomas Nichols, un ingénieur consultant ayant participé au projet.
Le problème de la montée de la nappe phréatique à Kom Al-Choqafa avait commencé dès sa découverte en 1900. Plusieurs tentatives avaient été menées pour faire baisser le niveau des eaux souterraines et assécher la région, dont la plus importante remonte aux années 1990. Mais l’expansion urbaine dans la zone résidentielle adjacente et l’infiltration du canal Al-Mahmoudiya avaient conduit à une nouvelle hausse de la nappe phréatique. Il y a quelques années, le ministère des Antiquités avait fait creuser des puits pour retirer l’eau qui menaçait les fondations du site historique, mais sans réussir à préserver les catacombes de façon définitive. Aujourd’hui, la préservation est chose faite. « Ce projet, subventionné par les Etats-Unis avec 5,7 millions de dollars, permet de mettre fin à ce drame et de réduire le volume des eaux souterraines de manière permanente », a assuré Khaled El-Enany, ministre des Antiquités, lors des célébrations de fin de projet la semaine dernière.
L’ingénieur Waad Aboul-Ela, responsable du secteur des projets au ministère des Antiquités, a indiqué dans un communiqué de presse qu’après de longs mois d’études approfondies du site et du problème des eaux souterraines, la décision avait été prise de creuser 6 puits à une profondeur de 40 mètres ainsi que d’installer des pompes dotées d’un système de contrôle électronique dans un nouveau bâtiment de contrôle, construit sur le site. « En outre, des tuyaux ont été implantés sur le site, afin d’expulser et de disperser l’eau loin des catacombes, surtout au moment des pluies torrentielles qui tombent à Alexandrie en hiver », a-t-il par ailleurs expliqué.
En plus de la préservation des catacombes de Kom Al-Choqafa, le développement du site et son aménagement pour les visites touristiques a aussi été pris en considération lors de l’exécution de ce grand projet. Selon Moustapha Waziri, secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA), un itinéraire de visite a été aménagé ainsi que la route environnante de l’extérieur. De grosses pierres ont été ajoutées pour sécuriser le parcours. Des objets antiques ont également été réaménagés dans le musée à ciel ouvert, soit de nombreux cercueils, autels et statues.
Ce projet est « un exemple réussi de coopération entre les Etats-Unis et le gouvernement égyptien dans la préservation de son héritage culturel », a déclaré Tom Goldberger, chargé d’affaires des Etats-Unis en Egypte, lors des célébrations de fin de projet. Il a indiqué que Washington avait consacré « plus de cent millions de dollars à ce domaine au cours des dernières décennies ».
Les catacombes de Kom Al-Choqafa ne sont pas le seul site antique égyptien menacé par la montée des eaux souterraines, qui fragilisent leurs fondations. « Un autre projet, toujours avec l’aide d’USAID, est en oeuvre dans le temple de Kom Ombo, à Assouan, afin de réduire les eaux souterraines qui menacent le temple », a indiqué El-Enany. Et d’ajouter que cette montée des eaux souterraines est liée à divers facteurs, notamment l’irrigation intense et l’urbanisation.