Syrie: Idleb prise entre le marteau de Bachar el-Assad et l’enclume des djihadistes
Dernier bastion en Syrie à échapper au
régime de Bachar el-Assad, la région d’Idleb subit depuis début mai un déluge
de feu sans précédent, ayant déjà causé la mort de dizaines de personnes dans
la population civile, détruit une dizaine d’hôpitaux et de dispensaires et
déplacé plus de 180.000 personnes essentiellement vers le nord du pays, frontalier de
la Turquie. Dix-huit hôpitaux et dispensaires ont été visés depuis le début de
l'escalade, d'après la même source.
Enième épisode d’une tragédie ayant déjà
tué plus de 370.000 personnes et poussé sur le chemin de l’exil six millions de Syrien·nes, la bataille d’Idleb est l’une des
plus cruciales en huit ans de conflit, aussi bien sur le plan militaire et
géopolitique qu’humanitaire.
Composée de la majeure partie de la
province d’Idleb et de segments des provinces voisines de Hama et d’Alep, cette
région d’environ 9.000 kilomètrres carrésabrite plus de trois millions de
personnes, dont la moitié a été déplacée d’ex-bastions rebelles reconquis par
le régime ces deux dernières années. Dans le collimateur de Damas depuis plus
d’un an, le secteur avait fait l’objet en septembre dernier d’un accord entre la Turquie, parrain de certains groupes
rebelles, et la Russie, alliée indéfectible du régime syrien, pour éviter une
offensive d’envergure similaire à celles ayant provoqué des bains de sang
ailleurs en Syrie.
Dans le cas d’Idleb, la situation risque de
devenir encore plus grave au vu de la taille de la population, avait déjà averti l’Onu et
d’autres organisations non gouvernementales (ONG) sur place l’été dernier,
alors que le régime amorçait un début d’opération militaire stoppée net
par l’accord russo-turc, arraché in extremis à Sotchi en Russie.