Al-Ghannouchi est en tournée en France. Le président d’Al-Nahda flirte avec l'Occident. Un ancien chef du mouvement révèle le pourquoi de la visite à ce moment précis.
Quelques jours après la visite inopinée en
France du président tunisien, Béji Qaïd Essbissi, le mouvement Al-Nahda, bras
politique des Frères musulmans en tunisie, annonçait la visite de son chef,
Rached Al-Ghanouchi, à Paris. La visite vise principalement à discuter de
l’éventualité d’interdire les Frères musulmans, une idée réclamée par 50
députés français. Rached Al-Ghannouchi tente de persuader les responsables
français que le groupe Al-Nahda s’est dissocié de toutes ses idées radicales.
La visite, qui a lieu du 14 au 20 mai, comprend des
réunions avec des responsables de la présidence, du gouvernement, et du
parlement français. Rached Al-Ghannouchi, estimait jusqu’à présent que son
mouvement bénéficiait d'un soutien régional et international et qu’il pouvait
donc ambitionner d’accéder au pouvoir et de présenter un candidat à la
présidence. Mais les récents propos du président français, Emmanuel Macron, et
sa description de la position d’Al-Nahda sur la question de l'héritage
d’« obscurantiste » t soé comme un coup de semonce en
direction d’Al-Ghanouchi. En octobre 2018, lors de l'ouverture du Sommet de la
francophonie dans la capitale arménienne Erevan, a fait part d’un soutien sans
faille au président tunisien Béji Caid Esbissi. Macron a utilisé le mot
obscurantisme pour décrire les positions du mouvements Al-Nahda. Un fait qui a
accentué les craintes de la Confrérie des Frères musulmans. Al-Ghannouchi
insiste sur la nouvelle identité islamique de son mouvement, et son respect de
la démocratie et des droits des minorités. « Certains partis politiques
en Tunisie ne voient Al-Nahda que sous l’angle sécuritaire et non pas comme un
parti politique », a déclaré Al-Ghanouchi, alors que son mouvement est
accusé d’avoir fomenté l’assassinat d’opposants comme Shukri Belaid et Mohamed
Brahimi en Tunisie.
Al-Ghanouchi avait déjà effectué une tournée en 2014 au
cours de laquelle il s'était rendu dans la capitale française Paris. Il avait
alors tenu plusieurs réunions avec des représentants de la société civile et
appelé cette dernière à soutenir la Tunisie dans son expérience de transition
démocratique.
Le politologue tunisien, Nizar Mekni, affirme que les
tournées à l’étranger d’A- Ghannouchi s'inscrivent dans le contexte d’un
changement de position la communauté internationale à l'égard des islamistes
depuis 2014. « Le mouvement cherche à prouver qu'il a renoncé aux idées
des Frères musulmans et qu'il soutient désormais la démocratie et peut défendre
les intérêts occidentaux. C’est dans ce contexte qu’Al-Ghannouchi s’est rendu
en Italie, en France et dans d'autres pays occidentaux pour leur assurer que
leurs intérêts ne seraient pas touchés au cas où il arriverait au pouvoir ».
Mohamed Habib Al-Asswad, ancien dirigeant du mouvement,
affirme lui que la visite d’Al-Ghanouchi en France coïncide avec celle du
maréchal Khalifa Hafter. Ce dernier a été invité à Paris par le président
français, qui soutient l'armée nationale libyenne.
Al-Ghanouchi veut protéger Al-Nahda contre l'exclusion et
tenter de convaincre les instances internationales qu’il est devenu un
mouvement « civile et démocratique » surtout que le maréchal
Khalifa Hafter considère Al-Nahda
comme un mouvement terroriste. Pour preuve, il est soutenu par la Turquie et le
Qatar, qui soutiennent financièrement les groupes armés et les mercenaires.