Le numéro deux de l’organisation tente de convaincre la France qu’elle n’est pas terroriste Ghannouchi en France pour sauver l’organisation internationale du groupe
Des sources informées ont indiqué que le chef du mouvement frériste de Rached Ghannouchi, An-Nahda, était en visite en France avec une délégation importante du mouvement, pour discuter la situation du mouvement, et l’inscription des Frères comme organisation terroriste par le Parlement français.
Cette initiative d’An-Nahda intervient après les efforts du gouvernement français visant à interdire les Frères musulmans en France, de la même façon que ce que veulent faire les Etats-Unis chez eux.
Des sources ont indiqué que la visite n’était pas officielle, mais avait été organisée par une société française de relations publiques à laquelle le mouvement a recouru pour tenter d’investir la scène politique européenne.
Quant à l’analyste politique tunisien Moustapha At-Tlili, il considère que la visite de Ghannouchi s’inscrit dans le cadre des efforts d’An-Nahda de commercialiser son projet politique en Occident. Mais il n’exclut pas non plus qu’elle ait un rapport direct avec les développements politique en Tunisie et la crise du gouvernement d’union nationale.
La visite a commencé le 14 mai et doit s’achever le 20 mai. Ghannouchi a rencontré durant les deux premiers jours de sa visite : Aurélien Lechevallier, l’un des conseillers diplomatiques de Macron, Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d’Etat auprès du ministre des affaires étrangères, et nombre de fonctionnaires de l’administration des affaires du Moyen-Orient et de l’Afrique du nord au ministère des Affaires étrangères, ainsi que des membres du groupe d’amitié France-Tunisie au Parlement et son président Jérôme Lambert.
Des sources indiquent que la visite vise essentiellement à discuter le projet d’interdiction des Frères musulmans présenté par 50 députés du Parlement français, Ghannouchi ayant tenté durant ces rencontres d’expliquer comment le groupe avait changé récemment en abandonnant ses idées extrémistes.
Notons aussi que la visite intervient suite à une restructuration de l’organisation internationale des Frères musulmans, qui a confié à Ibrahim Mounir la gestion de sa branche égyptienne à la place de Mahmoud Ezzat et à Ghannouchi la direction du bureaupolitique, ce qui en fait le numéro deux de l’organisation.
Ghannouchi tente ainsi d’améliorer l’image de l’organisation alors que les Etats-Unis, la France et d’autres pays européens essaient de la classer comme organisation terroriste, en la présentant comme adhérant aux idées démocratiques et prête à se réconcilier avec les régimes arabes.
Notons aussi que ces tentatives de Ghannouchi en France et son annonce de la séparation d’An-Nahda de l’organisation internationale des Frères musulmans constituent un premier pas sur lequel se sont entendus les cadres de l’organisation et du mouvement, pour sauver ce dernier aux niveaux politique et social et renforcer sa pénétration de la société tunisienne.
En fait, ce que déclare le chef d’An-Nahda sur les changements au sein du groupe n’indique en aucune façon sa rupture avec les Frères musulmans, mais seulement l’échec du projet de l’islam politique (avec le slogan « l’islam est la solution ») comme l’a exprimé le vice-président du mouvement Abdel Fattah Moro.
L’expérience finale du groupe des Frères musulmans et des autres groupes semblables a montré qu’ils sont utilisés dans des complots internationaux et régionaux et il ne fait pas de doute qu’An-Nahda a assimilé l’expérience du groupe-mère en Egypte, et tente maintenant de la reproduire en évitant d’être criminalisé en Europe.