La France et la Nouvelle-Zélande lancent l’« appel de Christchurch » contre le terrorisme en ligne
Comment mieux lutter contre les contenus à
caractère terroriste en ligne ? Cette question hante les autorités de
nombreux pays et les états-majors des principaux réseaux sociaux depuis 2015 et
la série d’attentats de l’organisation Etat islamique en Europe.
L’attentat antimusulman de Christchurch, en
Nouvelle-Zélande, le 15 mars, lors duquel 51 personnes ont été tuées dans deux mosquées, a remis la question sur le
devant de la scène : le terroriste, imprégné de la rhétorique de l’extrême
droite en ligne, a conçu son attaque pour un maximum de viralité.
Un
appel général non contraignant
Dans les jours qui ont suivi le drame, la
première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern, et le président français,
Emmanuel Macron, ont décidé d’une action commune. Paris et Wellington ont donc
travaillé sur l’« appel de Christchurch », un texte de trois pagesdétaillant les engagements des gouvernements et des
entreprises de l’Internet dans la lutte contre les contenus terroristes, qui a
été présenté mercredi 15 mai à Paris.
Cet appel se veut de portée générale,
contre toutes les formes de « contenus terroristes et extrémistes
violents » et ne fait pas de distinction entre terrorisme
djihadiste, contre lequel les principaux réseaux sociaux ont mis en place des
mesures depuis plusieurs années, et d’autres formes d’actions violentes. S’il a
été inspiré par l’attentat de Christchurch, auquel il fait implicitement
référence, le texte ne désigne ainsi aucune idéologie en particulier.
Cet appel se veut dans la lignée de l’appel de Paris pour la paix dans le cyberespace : non contraignant et pouvant être adopté à la fois par
des Etats, des entreprises privées ou des organisations. « L’innovation
dans les usages [d’Internet] crée sans cesse de nouvelles
menaces : il faut s’adapter, cesser d’être dans la réaction et faire dans
l’anticipation »,justifie-t-on à l’Elysée.
Facebook, Microsoft, Google et Twitter
figurent parmi les entreprises ayant adopté l’appel. Côté Etats, outre la
France et la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni, l’Irlande ou le Sénégal, entre
autres, figurent parmi les premiers noms. Il n’y aura pas de signataires à
proprement parler, fait-on savoir à l’Elysée, mais il sera possible aux Etats
et aux entreprises d’y apporter leur « soutien ».
Dans ce texte, les gouvernements s’engagent
à tout faire pour que leurs sociétés « résiste[nt] aux
idéologies terroristes et extrémistes violentes » ; à appliquer
les lois existantes en matière de retrait de contenus terroristes sur
Internet ; à encourager les médias à ne pas amplifier l’idéologie
terroriste lors de leur couverture des attentats ; à aider les entreprises
de l’Internet, quelle que soit leur taille, à éradiquer les contenus
terroristes en ligne.
L’appel enjoint aussi les Etats à
travailler avec les entreprises d’Internet pour développer les outils
technologiques susceptibles de bloquer les messages à caractère terroriste. Le
texte prévoit également que les gouvernements et les entreprises soutenant cet
appel aident les plus petites plates-formes dans leur lutte contre ce type de
contenu, et mettent en place des mécanismes pour répondre en cas d’événement terroriste
s’accompagnant d’une diffusion sur les réseaux sociaux.