Soudan: six tués à Khartoum, les discussions sur la transition progressent
Six personnes –un militaire et cinq manifestants– ont été tuées lundi soir à Khartoum, quelques heures après l’annonce d’un accord entre les représentants de la contestation populaire et les généraux au pouvoir sur des structures de transition pour gouverner le Soudan.
Les deux parties avaient repris lundi les discussions jugées cruciales pour l’avenir du pays, après trois décennies d’un pouvoir sans partage exercé par l’ancien président Omar el-Béchir.
Plus tôt dans la journée, le procureur général soudanais avait annoncé l’inculpation d’Omar el-Béchir, destitué le 11 avril et actuellement emprisonné à Khartoum, pour “le meurtre de manifestants” pendant les protestations contre son régime.
“Des éléments non identifiés qui voulaient saboter les négociations entre les deux parties” ont ouvert le feu devant le QG de l’armée soudanaise, où se tient depuis plus d’un mois un sit-in organisé par les contestataires, tuant un commandant de la police militaire et blessant trois soldats, ainsi que plusieurs manifestants et des civils, a indiqué le Conseil militaire.
Celui-ci a précisé au cours d’une conférence de presse nocturne que “des hommes armés avaient été signalés parmi les protestataires”. Selon des sources médicales proches du mouvement de contestation, cinq manifestants ont été tués, dont au moins un devant le QG.
“Au cours de la réunion d’aujourd’hui (lundi), nous nous sommes mis d’accord sur la structure des organes (de transition) et leurs prérogatives”, a déclaré un porte-parole des protestataires, Taha Osman.
Ces organes sont un “Conseil souverain, un cabinet et une assemblée législative”, a-t-il précisé.
“Les discussions de demain (mardi) vont porter sur la durée de la période de transition et la composition du (nouveau) conseil” et des deux autres organes, a-t-il ajouté.
Le porte-parole du Conseil militaire, le général Chamsedddine Kabbachi, a confirmé les termes de l’accord.
“Nous nous sommes entendus sur la formation des entités de la transition aux niveaux souverain, exécutif et législatif”, a-t-il déclaré à la presse.
“Demain, nous allons discuter des pourcentages de représentation (au sein de ces organes) et de la durée de la transition”, a-t-il dit.
Jusqu?ici, les deux parties divergeaient notamment sur la composition d’un Conseil souverain appelé à remplacer le Conseil militaire qui a pris le pouvoir après l’éviction de M. Béchir le 11 avril.
L’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, veut qu’il soit dominé par les civils tandis que l’armée cherche à ce qu’il comprenne une majorité de militaires.
Les généraux souhaitent une période de transition de deux ans, tandis que les protestataires veulent que cette période s’étende sur quatre ans.
Les militaires voulaient en outre garder la Charia (loi islamique) comme source de la législation pendant la période de transition.