Les revenants d'Afghanistan, l’usine du terrorisme armé
Par Abdul Rahman
Mohammed
Dans les années
1990 du siècle dernier, deux questions de la même approche et du
même effet ont émergé dans le cadre du phénomène des « Revenants »,
relatifs aux djihadistes qui rentrent dans leur pays pour mettre en exécution
des plans terroristes au nom de la religion.
« Les revenants d'Albanie » et « les revenants
d'Afghanistan » constituent un bloc des dirigeants du Jihad et du Groupe
islamique, qui ont fui l'Égypte après l'assassinat du président Anouar Sadate
le 6 octobre 1981.
Cependant, l’affaire N° 24 / 1992, connue par les médias
sous le nom de l’affaire des « revenants d'Afghanistan » incluant 22
accusés issus de l’aile armée du « Groupe Islamique », sous la
direction de Mustafa Hamza, a continué de circuler entre les tribunaux jusqu’à
présent. En effet, les accusés dans cette affaire ont été libérés en novembre
2012 après que l’affaire ait été transférée du tribunal militaire au civil les
juger à nouveau après avoir écopé des peines allant de la perpétuité à la peine
de mort en 1992.
En
effet, on peut dire que les détails de l’affaire des « revenants
d'Afghanistan » remontaient à la fin de l'ère Sadate dans les années 1970.
Les dirigeants et les membres du Groupe Islamique ont voyagé en Afghanistan
pour aider les combattants afghans dans leur guerre contre l'invasion
soviétique entre 1979 et 1992.
Puis, ils sont rentrés
en Egypte à l'ère Moubarak pour
s’engager à nouveau dans les organisations djihadistes armées ayant comme
objectif de combattre l’Etat et de mettre en exécution des opérations
terroristes auxquelles ils ont appliqué ce qu'ils ont appris
comme expériences et compétences relatives à l'assassinat et à la
guérilla.
Pendant l'invasion
soviétique de l'Afghanistan, le Groupe islamique égyptien a établi une branche
nommée « Camp du Califat » sous la direction d’Ali Abdelfattah (tué dans l'une bataille
à Peshawar, en Pakistan) et cela était en coopération avec les
djihadistes : Mustapha Hamza et Rafe'i Taha.
Les opérations terroristes les plus importantes
Parmi les opérations
terroristes les plus importantes mises en exécution par l’organisation des « revenants d'Afghanistan
» : On peut citer la tentative d'assassinat du défunt ministre de
l’Intérieur, Zaki Badr en 1989, l’assassinat en 1990 du défunt président de
l’Assemblée du peuple, Rifaat Mahgoub ainsi que la tentative d'assassinat du
ministre de l’Intérieur, Hassan
Al-Alfi et du ministre de l’Information, Safouat Al-Chérif, en 1993 en plus de
la tentative d'assassinat du président Hosni Moubarak en Ethiopie en 1995 et
l'attentat à la bombe contre l'Ambassade d’Egypte à Islamabad la même
année.
Des plus célèbres revenants d'Afghanistan ou de l’étranger issus des leaders du Groupe islamique
figurent : Othman Khalid Ibrahim Al-Samman, un éminent leader, prince et le
cerveau de l’aile armée du Groupe, Mustafa Hamza ; Rafe'i Ahmed Taha,
membre du Conseil de la Choura et l’un leader appartenant aux organisations
armées internationales et locales.
Ils étaient condamnés à la vie par contumace en 1992 dans cette affaire. Mais Rafe'i Ahmed Taha a été tué
en Syrie en avril 2016, Muhammad Chawki Al-Islambouli aussi membre du Conseil
de la Choura et actuellement exilé en Turquie et le frère de Khaled Al-
Islambouli, l'assassin de Sadate.
Après la révolution du 25 Janvier 2011 ils étaient
libérés dans l’attente du jugement, chacun d'entre eux a suivi une voie
différente et l’affaire a continué d’être examinée devant les tribunaux
égyptiens en attendant d’être statuée dans un avenir proche.
Trois condamnations à mort ont été prononcées contre Mustafa
Hamza, surnommé prince par « Abou Hazeem », et fondateur de
l’aile armée au Groupe Islamique. Né au centre de Baba dans le gouvernorat de
Beni Soueif, il est âgé de 55 ans et titulaire d’une licence en agronomie.
L’une des condamnations concerne l’affaire relative aux revenants
d'Afghanistan. L’autre concerne la tentative d'assassinat de Safouat Al-Cherif, ancien ministre de l’Information. Mais, on peut dire que
l’affaire la plus importante est celle qui en rapport avec la tentative
d’assassinat de l’ancien président Mohamed Hosni Moubarak, à Addis Abeba en
1995. Il était le cerveau qui a élaboré le plan mené par deux entités où sept membres du Groupe islamique ont été tués.
Après la libération de Hamza après le 25 janvier 2011, il
s’est engagé à soutenir le « Parti de la Construction et du
Développement » et contribué à sa création. Il a été l'un des
organisateurs des grandes réunions du Groupe islamique et le responsable
sécuritaire des réunions notamment celles de son Conseil de Choura tenues dans
les gouvernorats du Caire et de Minya. Il était qualifié au sein du Groupe
comme « la machine à mobilisation » car il était performant en ce qui
concerne la mobilisation des masses et la planification. Il a participé
remarquablement au sit-in de Rabaa après le renversement du régime de la
Confrérie en juin 2013.
Le 28 avril 2013, le tribunal pénal de Gizeh l’a acquitté
de l’affaire pour laquelle il était condamné à mort par contumace, car il a été
accusé d’avoir rejoint un groupe interdit qui vise à renverser le régime et
créer le chaos dans le pays. Le tribunal a entendu plusieurs auditions de la défense
qui niait toutes les accusations contre son mandataire en disant que le Groupe
Islamique n’était plus interdit dans les circonstances
actuelles. Cependant, accusé d'émeutes et de participation au sit-in, il a encore été
arrêté à la fin du sit-in Rabaa al-Adawiya le 14 août 2013.
Des djihadistes dispersés
Né en 1953, Rafe'i Ahmed Taha était a étudié à la faculté
du commerce à l’Université d’Assiout, où il a témoigné l’émergence du Groupe
Islamique dans les universités à Beni Soueif et à Qena (en Haute-Égypte).
Taha était l’un des fondateurs du Groupe Islamique. A cet
égard, il a commencé à être célèbre par un incident de démolition de la
muraille de l'Université d'Assiout pour permettre aux étudiants du Groupe de se
déplacer facilement et souplement entre les facultés. D’ailleurs, certains
membres au Groupe ont prétendu que Taha n’avait pas participé aux «évènements d'Assiout» le 8 octobre 1981 qui ont eu lieu deux jours après l'assassinat de Sadate. Tandis qu’une
source sécuritaire qui a assisté au champ des événements à cette époque a déclaré que "Taha" y
était impliqué.
Il a été condamné à sept ans de prison ferme pour s’être
impliqué dans l’affaire de l'assassinat de Sadate, mais n’en a épuisé que cinq
ans et s’est échappé de prison lors de sa déportation pour passer un examen
médical en se jetant de la fenêtre du wagon. Cela lui a paralysé la main
droite.
Il y eut de nombreuses confrontations avec la sécurité.
Il n’est pas certain qu’il ait donné son approbation les décisions prises lors
des sessions du Conseil de la Choura, en dépit de son appartenance au Conseil,
a cet égard, il a rejeté toutes les révisions du Groupe à la fin des années
1990
Il s'est également opposé à la création du Parti de la
Construction et du Développement et aux activités politiques de ce dernier, ni
moins au au sit-in de Rabaa Al-Adawiya, expliquant l’importance de ne pas
participer audit sit-in et de déclarer la cessation de l'initiative de 1997
pour renoncer à la violence.
On peut dire que sa mentalité et ses idées l’empêchent de
s’intégrer à la société et d’ouvrir une nouvelle page de sa vie après sa libération. C’est pourquoi, Il a quitté l'Egypte après
la fin du sit-in de Rabaa al-Adawiya en direction du soudan puis de la Syrie
afin d’y participer aux combats. En plus, il était en contact avec
toutes les organisations d'Al-Qaïda et les éléments armées qui n’appartiennent
à aucune organisation.
Cependant, il était réservé d’émettre une décision
concernant Daesh lorsqu’il est apparu sur la scène en Irak. Il n’avait aucune
déclaration ni un avis relatif à Daesh, exactement comme la plupart des
éléments et dirigeants du Groupe Islamique Egyptien Rafe'i a été tué en 2016
lors d'une attaque aérienne menée par les forces de la coalition
internationale, alors qu'il tentait de réconcilier les factions belligérantes
en Syrie, à savoir le Front du «Fatah Al-Cham» et le mouvement «Ahrar
Al-Cham».
Quant à Othman Al-Samman
(60 ans), de son vrai nom Othman Khaled Ismail Bakr alias Abu Islam, né dans le
gouvernorat de Minya, il était un dirigeant éminent au Groupe Islamique et l’un
de ses fondateurs. Il était condamné à cinq ans d’emprisonnement ferme aussi
dans l’affaire d’assassinat de Sadate. Il était arrêté au Yémen, où il avait passé trois
ans en prison avant d'être
rapatrié en l'Egypte en 1997.
Il est resté
chez lui après sa libération suite à la décision de l'Assemblée du Peuple
égyptienne pendant le règne des Frères musulmans à revoir les décisions
judiciaires rendues par les tribunaux militaires et à les convertir en justice
civile. Il avait presque interrompu sa relation avec le Groupe Islamique.
Othman a refusé de
participer au sit-in de Rabaa et à celui d’El Nahda considérant que le passé du
Groupe islamique était une histoire honorable malgré les erreurs
commises. Il a également approuvé les révisions majeures qu’il y eut lieu dans les prisons en choisissant la
voie de l’isolement.