Publié par CEMO Centre - Paris
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Les revenants d'Afghanistan, l’usine du terrorisme armé

lundi 18/juin/2018 - 10:12
La Reference
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Par Abdul Rahman Mohammed

Dans les années 1990 du siècle dernier, deux questions de la même approche et du même effet ont émergé dans le cadre du phénomène des « Revenants », relatifs aux djihadistes qui rentrent dans leur pays pour mettre en exécution des plans terroristes au nom de la religion.       

« Les revenants d'Albanie » et « les revenants d'Afghanistan » constituent un bloc des dirigeants du Jihad et du Groupe islamique, qui ont fui l'Égypte après l'assassinat du président Anouar Sadate le 6 octobre 1981.  

Cependant, l’affaire N° 24 / 1992, connue par les médias sous le nom de l’affaire des « revenants d'Afghanistan » incluant 22 accusés issus de l’aile armée du « Groupe Islamique », sous la direction de Mustafa Hamza, a continué de circuler entre les tribunaux jusqu’à présent. En effet, les accusés dans cette affaire ont été libérés en novembre 2012 après que l’affaire ait été transférée du tribunal militaire au civil les juger à nouveau après avoir écopé des peines allant de la perpétuité à la peine de mort en 1992.    

En effet, on peut dire que les détails de l’affaire des « revenants d'Afghanistan » remontaient à la fin de l'ère Sadate dans les années 1970. Les dirigeants et les membres du Groupe Islamique ont voyagé en Afghanistan pour aider les combattants afghans dans leur guerre contre l'invasion soviétique entre 1979 et 1992.        

Puis, ils sont rentrés en Egypte à l'ère Moubarak pour s’engager à nouveau dans les organisations djihadistes armées ayant comme objectif de combattre l’Etat et de mettre en exécution des opérations terroristes auxquelles ils ont appliqué  ce qu'ils ont appris comme expériences et compétences relatives à l'assassinat et à la guérilla.       

Pendant l'invasion soviétique de l'Afghanistan, le Groupe islamique égyptien a établi une branche nommée « Camp du Califat » sous la direction d’Ali Abdelfattah (tué dans l'une bataille à Peshawar, en Pakistan) et cela était en coopération avec les djihadistes : Mustapha Hamza et Rafe'i Taha. 

Les opérations terroristes les plus importantes

Parmi les opérations terroristes les plus importantes mises en exécution par l’organisation des « revenants d'Afghanistan » : On peut citer la tentative d'assassinat du défunt ministre de l’Intérieur, Zaki Badr en 1989, l’assassinat en 1990 du défunt président de l’Assemblée du peuple, Rifaat Mahgoub ainsi que la tentative d'assassinat du ministre de l’Intérieur, Hassan Al-Alfi et du ministre de l’Information, Safouat Al-Chérif, en 1993 en plus de la tentative d'assassinat du président Hosni Moubarak en Ethiopie en 1995 et l'attentat à la bombe contre l'Ambassade d’Egypte à Islamabad la même année.     

Des plus célèbres revenants d'Afghanistan ou de l’étranger issus des leaders du Groupe islamique figurent : Othman Khalid Ibrahim Al-Samman, un éminent leader, prince et le cerveau de l’aile armée du Groupe, Mustafa Hamza ; Rafe'i Ahmed Taha, membre du Conseil de la Choura et l’un leader appartenant aux organisations armées internationales et locales.     

Ils étaient condamnés à la vie par contumace en 1992 dans cette affaire. Mais Rafe'i Ahmed Taha a été tué en Syrie en avril 2016, Muhammad Chawki Al-Islambouli aussi membre du Conseil de la Choura et actuellement exilé en Turquie et le frère de Khaled Al- Islambouli, l'assassin de Sadate.

Après la révolution du 25 Janvier 2011 ils étaient libérés dans l’attente du jugement, chacun d'entre eux a suivi une voie différente et l’affaire a continué d’être examinée devant les tribunaux égyptiens en attendant d’être statuée dans un avenir proche.    

Trois condamnations à mort ont été prononcées contre Mustafa Hamza, surnommé prince par « Abou Hazeem », et fondateur de l’aile armée au Groupe Islamique. Né au centre de Baba dans le gouvernorat de Beni Soueif, il est âgé de 55 ans et titulaire d’une licence en agronomie. L’une des condamnations concerne l’affaire relative aux revenants d'Afghanistan. L’autre concerne la tentative d'assassinat de Safouat Al-Cherif, ancien ministre de l’Information. Mais, on peut dire que l’affaire la plus importante est celle qui en rapport avec la tentative d’assassinat de l’ancien président Mohamed Hosni Moubarak, à Addis Abeba en 1995. Il était le cerveau qui a élaboré le plan mené par deux entités où sept membres du Groupe islamique ont été tués.   

Après la libération de Hamza après le 25 janvier 2011, il s’est engagé à soutenir le « Parti de la Construction et du Développement » et contribué à sa création. Il a été l'un des organisateurs des grandes réunions du Groupe islamique et le responsable sécuritaire des réunions notamment celles de son Conseil de Choura tenues dans les gouvernorats du Caire et de Minya. Il était qualifié au sein du Groupe comme « la machine à mobilisation » car il était performant en ce qui concerne la mobilisation des masses et la planification. Il a participé remarquablement au sit-in de Rabaa après le renversement du régime de la Confrérie en juin 2013.      

Le 28 avril 2013, le tribunal pénal de Gizeh l’a acquitté de l’affaire pour laquelle il était condamné à mort par contumace, car il a été accusé d’avoir rejoint un groupe interdit qui vise à renverser le régime et créer le chaos dans le pays. Le tribunal a entendu plusieurs auditions de la défense qui niait toutes les accusations contre son mandataire en disant que le Groupe Islamique n’était plus interdit dans les circonstances actuelles. Cependant, accusé d'émeutes et de participation au sit-in, il a encore été arrêté à la fin du sit-in Rabaa al-Adawiya le 14 août 2013.              

Des djihadistes dispersés

Né en 1953, Rafe'i Ahmed Taha était a étudié à la faculté du commerce à l’Université d’Assiout, où il a témoigné l’émergence du Groupe Islamique dans les universités à Beni Soueif et à Qena (en Haute-Égypte).   

Taha était l’un des fondateurs du Groupe Islamique. A cet égard, il a commencé à être célèbre par un incident de démolition de la muraille de l'Université d'Assiout pour permettre aux étudiants du Groupe de se déplacer facilement et souplement entre les facultés. D’ailleurs, certains membres au Groupe ont prétendu que Taha n’avait pas participé aux «évènements d'Assiout» le 8 octobre 1981 qui ont eu lieu deux jours après l'assassinat de Sadate. Tandis qu’une source sécuritaire qui a assisté au champ des événements à cette époque a déclaré que "Taha" y était impliqué.

Il a été condamné à sept ans de prison ferme pour s’être impliqué dans l’affaire de l'assassinat de Sadate, mais n’en a épuisé que cinq ans et s’est échappé de prison lors de sa déportation pour passer un examen médical en se jetant de la fenêtre du wagon. Cela lui a paralysé la main droite.      

Il y eut de nombreuses confrontations avec la sécurité. Il n’est pas certain qu’il ait donné son approbation les décisions prises lors des sessions du Conseil de la Choura, en dépit de son appartenance au Conseil, a cet égard, il a rejeté toutes les révisions du Groupe à la fin des années 1990

Il s'est également opposé à la création du Parti de la Construction et du Développement et aux activités politiques de ce dernier, ni moins au au sit-in de Rabaa Al-Adawiya, expliquant l’importance de ne pas participer audit sit-in et de déclarer la cessation de l'initiative de 1997 pour renoncer à la violence.

On peut dire que sa mentalité et ses idées l’empêchent de s’intégrer à la société et d’ouvrir une nouvelle page de sa vie après sa libération. C’est pourquoi, Il a quitté l'Egypte après la fin du sit-in de Rabaa al-Adawiya en direction du soudan puis de la Syrie afin d’y participer aux combats. En plus, il était en contact avec toutes les organisations d'Al-Qaïda et les éléments armées qui n’appartiennent à aucune organisation.     

Cependant, il était réservé d’émettre une décision concernant Daesh lorsqu’il est apparu sur la scène en Irak. Il n’avait aucune déclaration ni un avis relatif à Daesh, exactement comme la plupart des éléments et dirigeants du Groupe Islamique Egyptien Rafe'i a été tué en 2016 lors d'une attaque aérienne menée par les forces de la coalition internationale, alors qu'il tentait de réconcilier les factions belligérantes en Syrie, à savoir le Front du «Fatah Al-Cham» et le mouvement «Ahrar Al-Cham». 

Quant à Othman Al-Samman (60 ans), de son vrai nom Othman Khaled Ismail Bakr alias Abu Islam, né dans le gouvernorat de Minya, il était un dirigeant éminent au Groupe Islamique et l’un de ses fondateurs. Il était condamné à cinq ans d’emprisonnement ferme aussi dans l’affaire d’assassinat de Sadate. Il était arrêté au Yémen, où il avait passé trois ans en prison avant d'être rapatrié en l'Egypte en 1997.       

Il est resté chez lui après sa libération suite à la décision de l'Assemblée du Peuple égyptienne pendant le règne des Frères musulmans à revoir les décisions judiciaires rendues par les tribunaux militaires et à les convertir en justice civile. Il avait presque interrompu sa relation avec le Groupe Islamique. 

Othman a refusé de participer au sit-in de Rabaa et à celui d’El Nahda considérant que le passé du Groupe islamique était une histoire honorable  malgré les erreurs commises. Il a également approuvé les révisions majeures qu’il y eut lieu dans les prisons en choisissant la voie de l’isolement.  

 

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