Publié par CEMO Centre - Paris
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Yémen: les rebelles annoncent un retrait de 3 ports, l'ONU prudente

lundi 13/mai/2019 - 11:46
La Reference
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Les rebelles Houthis ont commencé ce weekend à se retirer de trois ports de l'ouest du Yémen au centre d'un bras de fer depuis 2018 avec la coalition progouvernementale, a prudemment confirmé l'ONU, une version aussitôt mise en doute par un responsable gouvernemental yéménite.

Ce redéploiement avait été l'objet d'un accord lors de pourparlers tenus en décembre sous l'égide de l'ONU en Suède. Farhan Haq, un porte-parole de l'ONU interrogé par l'AFP, a confirmé samedi que l'opération avait "débuté", sans donner plus de détails.

Un chef rebelle, Mohammed Ali al-Houthi, a déclaré l'intention des insurgés de se désengager à partir de samedi des ports de Hodeida, Salif et Ras Issa, sur la mer Rouge, mais un leader loyaliste a qualifié l'annonce de "nouvelle ruse" des Houthis.

Un témoin a déclaré à l'AFP avoir vu un convoi de véhicules de l'ONU entrer et sortir de Salif, tandis que des sources proches des Houthis ont affirmé que des rebelles avaient commencé à se retirer des trois ports et que des gardes-côtes avaient pris la relève, sans autre précision.

A Salif, un photographe de l'AFP a constaté le départ de troupes rebelles et l'arrivée d'environ 150 hommes vêtus d'uniformes de gardes-côtes. Selon ce photographe, ces mouvements ont été observés par des membres de la mission des Nations unies.

Aucune source indépendante n'a été en mesure d'évaluer la réalité et l'ampleur du désengagement rebelle, prévu entre samedi et mardi.

Annoncé à plusieurs reprises par l'ONU, notamment en février et en avril, le retrait effectif des belligérants tarde à être mis en oeuvre dans la région de Hodeida, ce qui inquiète la communauté internationale.

"L'ONU espère être bientôt en mesure de faire un rapport au Conseil de sécurité sur les mouvements réels sur le terrain", a dit à l'AFP une source onusienne sous couvert d'anonymat.

S'il était effectivement appliqué, l'accord de désengagement à Hodeida constituerait la meilleure chance à ce jour de faire progresser la paix au Yémen où un conflit meurtrier se poursuit depuis plus de quatre ans, estiment des experts.

- "Esquive" -

Mohammed Ali al-Houthi a expliqué sur Twitter que le "retrait unilatéral" des rebelles survenait en raison du "refus" de la coalition progouvernementale soutenue par Ryad d'appliquer l'accord conclu en Suède. Il a notamment mis en cause l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, qualifiés de "pays de l'agression".

Le redéploiement doit être supervisé par une mission d'observation de l'ONU dirigée par le général danois à la retraite Michael Lollesgaard qui a salué prudemment vendredi "l'offre et l'intention" des Houthis de se désengager dans l'ouest. 

Le gouvernement yéménite a salué l'annonce rebelle, tout en exprimant des doutes sur son exécution.

"Nous saluons toute mesure en vue de la mise en oeuvre de l'accord de Suède sur le redéploiement dans des ports de la province de Hodeida, tout en mettant en garde contre les tentatives de la milice (des Houthis) de tromper la communauté internationale", a déclaré le ministre yéménite de l'Information Mouammar al-Iryani.

Plus tard, un responsable loyaliste a été plus catégorique. Al-Hassan Taher, gouverneur de la province de Hodeida, a affirmé à l'AFP que, dans les ports de Hodeida, Salif et Ras Issa, les combattants Houthis font semblant de se désengager alors qu'ils transfèrent l'autorité de ces installations à des forces de sécurité qui leur sont favorables, c'est-à-dire "à eux-mêmes".

Il n'y a "aucune surveillance de la part de l'ONU et du gouvernement" pour ce retrait, a-t-il dit en accusant le médiateur onusien Martin Griffiths de collaborer avec les rebelles.

"Martin Griffiths veut remporter une victoire, même si les Houthis se transfèrent (l'autorité) entre eux. Nous rejetons totalement cela et l'accord doit être mis en oeuvre dans son intégralité, notamment en ce qui concerne l'identité des forces qui prendront la relève des Houthis".

M. Iryani a pour sa part déclaré que tout redéploiement unilatéral rebelle sans contrôle et vérification conjointe serait une "esquive" qui "ne peut être acceptée".

La guerre au Yémen oppose des forces progouvernementales, appuyées militairement par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, aux rebelles Houthis, soutenus par l'Iran et qui contrôlent de vastes zones de l'ouest et du nord du Yémen, dont la capitale Sanaa.


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