Publié par CEMO Centre - Paris
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Indonésie : 44 "tariqa" soufies pour combattre le terrorisme

lundi 18/juin/2018 - 10:02
La Reference
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Par Abdel Hadi Rabi'e

 

 

L'Indonésie est l'un des plus grands centres à haute densité démographique dans le monde islamique. Le nombre de la population s'élève à 250 millions de personnes. Les musulmans en représentent 90%.

L'islam est entré en Indonésie au 1er siècle de l'hégire,- 7e du calendrier grégorien -, grâce aux émigrés indiens et aux commerçants arabes venus de Hadramaut. La plupart d'entre eux adoptait la doctrine soufie. L'islam s'est largement propagé et a été bien accueilli en Indonésie, vu que les voyageurs et les commerçants musulmans étaient connus pour leurs bonnes éthiques. La complète expansion de l'islam n'est survenue qu'au 13e siècle. Il a gagné tout le pays.

 

L'Association de la Tariqa Mu'etabara

 

L'Indonésie renferme un grand nombre de méthodes (turuq) soufies qui y ont été introduites avec l'entrée de l'islam. "Le Mouvement de la Renaissance des Savants", qui se considère comme une extension de l'Ecole Achaariya, créée par le cheikh Hicham Al-Achaary en 1926, a fondé "l'Association de la Méthode Mu'etabara" en 1957. Le but en était de mettre de l'ordre dans les activités des méthodes soufies en Indonésie. Ladite Association a donc fixé des conditions précises pour reconnaître la méthode soufie, dont les plus éminentes est : "Ladite Méthode respecte et s'engage à une des quatre doctrines fameuses (l'école Hanafite, l'école Malékite, l'école Chafiite et l'école Hanbalite). Le cheikh adopte la méthode de ses aïeuls et est autorisé pour sa tariqa".

L'Association a reconnu plus de 44 méthodes, sunnites pour la plupart, alors que d'autres sont chiites, comme la méthode Biktachiya. C'est une méthode soufie alaouie qui est surtout plus proche du chiisme. Les préceptes de cette méthode puisent dans plusieurs méthodes soufies. Elle est ainsi dénommée du nom du hadj Biktach Waley, décédé en 1270. Elle se base sur un principe soufi philosophique, dont les adeptes tendent à combiner leurs goûts soufis avec leurs visions intellectuelles. Cette méthode se répand en Albanie et dans les pays des Balkans d'une façon générale. Le leader réside à Tirana, la capitale de l'Albanie et sa plus grande ville.

 

La Méthode "Wahidiya"

 

Bien que l'Indonésie reconnaisse à présent plus de 44 "tariqa" soufies, la plus éminente reste "la Méthode Wahidiya". C'est une méthode purement indonésienne et est indépendante. Elle ne provient donc pas de l'étranger et n'est pas subdivisée d'une autre méthode soufie.

Elle ne date que de 33 ans. Elle a toutefois connu une grande affluence de la part de nombreux musulmans en Indonésie.

Elle se base principalement sur quelques dhikrs connus par les mono-prières. Le fondateur de cette méthode est hadj Abdel Méguid Maarouf (1920-1989). Elle diffère donc des autres méthodes puisqu'elle n'impose pas à ses adeptes de prêter allégeance, qui est un des fondements essentiels des autres méthodes soufies. "Al-Wahidiya" n'impose non plus pas à ses adeptes l'isolement (khalwa) soufi (c'est-à-dire s'isoler des gens pour invoquer Dieu).

Pour accepter les prières et les invocations, la méthode "Wahidiya" dicte que les pratiques ou les travaux soient basés sur le fait que "Ce qui est pour Dieu est pour Dieu, ce qui est pour le Prophète est pour le Prophète et ce qui est pour le refuge est pour le refuge". Cela signifie que tout travail est donc consacré à Dieu seul le Tout Puissant et c'est Dieu "qui a créé ce travail". L'adepte ne sentira donc pas qu'il puise sa force de soi, mais qu'il annonce son intention de faire ce travail par obéissance au Prophète, ou "le refuge" c'est-à-dire le pôle et c'est là le plus haut degré qu'un adepte soufi peut atteindre.

 

La Méthode "Qadiriya"

 

La Méthode "Qadiriya" est une des plus anciennes turuq en Indonésie. Son fondateur est Abdel Qader Al-Jilani (1078-1166). Les adeptes de cette méthode se répandent dans les pays du Levant, en Irak, en Egypte et en Afrique de l'Est. Ils ont largement contribué à la propagation de l'islam en Afrique et en Asie, et se sont dressés face à l'expansion européenne dans le Maghreb arabe.

Des efforts ont été déployés pour introduire la méthode "Qadiriya" à l'est de l'Asie en général, et en Indonésie en particulier. Le cheikh Ismaïl Zaffi a fait des efforts dans ce sens au 6e siècle de l'hégire. Il est donc parti pour "Atche" au nord de Sumatra l'indonésienne. La méthode y a donc connu une remarquable floraison et est devenue la méthode la plus fameuse en Indonésie. Le cheikh indonésien Hamza Al-Funsoury est un des plus éminents de cette méthode et il est le premier inventeur du soufisme en Indonésie.

 

La Méthode "Tijaniya"

 

La méthode "Tijaniya" est une des plus modernes en Indonésie. C'est une tariqa sunnite plutôt et remonte à Abi Al-Abbas Ahmed Ben Mohamed Ben Al-Mokhtar Ben Salem Al-Tijany (1737-1815). Les adeptes de cette méthode se répandent au nord de l'Afrique, en Egypte, en Palestine, dans les pays du Levant, au Soudan, en Mauritanie, au Nigeria et dans d'autres pays. Al-Tijaniya a connu son entrée en Indonéside en 1920 et a été inscrite comme méthode soufie en 1931 après plusieurs années passées sur la présence de ses adeptes, qui y vivaient sans être officiellement reconnus.

 

 

Le soufisme et la politique

 

Le soufisme participe dans la vie politique indonésienne. Le gouvernement accorde un intérêt particulier aux méthodes soufies, sans pour autant contredire les droits des autres religions et sectes, parmi chrétiens, bouddhistes, hindous et autres.

Le gouvernement indonésien accueille en fait de nombreuses délégations représentant les différentes méthodes soufies en provenance des autres pays. Il conclut également des protocoles de coopération avec les différentes autorités concernées par les affaires soufies, comme l'Académie internationale du Tassawuf islamique, dont le protocole de coopération signé consiste à faire répandre le discours religieux tolérant et à démonter le discours extrémiste découlant des organisations terroristes. Le protocole consiste également à tenir plusieurs séminaires autour du rôle du tassawuf sunnite, et auxquels tiennent à assister de nombreuses personnalités religieuses, politiques et militaires en Indonésie.

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