La France déconseillait-elle de se rendre dans le parc de la Pendjari, au Bénin, où ont été enlevés les otages libérés au Burkina Faso ?
Les deux Français enlevés le 1er mai au Bénin ont pris "des risques majeurs" en se rendant dans le nord du pays, selon Jean-Yves Le Drian."Les conseils aux voyageurs [du Quai d'Orsay] doivent être respectées intégralement, a affirmé le ministre des Affaires étrangères à leur arrivée à l'aéroport de Vélizy-Villacoublay (Yvelines), samedi 11 mai, en s'adressant aux touristes et aux agences de voyage. Ce ne sont pas des vœux pieux, ce sont des incitations impératives." "Certainement aurions-nous dû prendre davantage en considération les recommandations de l'Etat et la complexité de l'Afrique", ont estimé pour leur part les ex-otages Laurent Lassimouillas et Patrick Picque.
Quelles étaient ces recommandations ? Plus tôt dans la journée, Jean-Yves Le Drian avait affirmé que "la zone où étaient nos deux compatriotes était considérée depuis déjà pas mal de temps comme une zone rouge, c'est-à-dire une zone où il ne faut pas aller".
La zone frontalière "formellement déconseillée" juste avant l'enlèvement
Le 27 avril, soit cinq jours avant le kidnapping, une bande frontalière avec le Burkina Faso apparaissait bien en rouge sur la page "Conseils aux voyageurs" consacrée au Bénin sur le site du ministère (la page est archivée ici). "Compte tenu de la présence de groupes armés terroristes et du risque d'enlèvement, les déplacements à la frontière nord du Bénin sont formellement déconseillés", était-il précisé.
Mais Patrick Picque et Laurent Lassimouillas se trouvaient-ils bien sur cette bande ? Le jour même, les deux touristes étaient partis du Pendjari Lodge, situé à la limite de la zone rouge. Ils devaient visiter le nord-est du parc national de la Pendjari. La plus grande partie du parc, sanctuaire de la faune sauvage d'Afrique de l'Ouest, n'était qu'en orange ("zone déconseillée sauf raison impérative") ou en jaune ("zone de vigilance renforcée"). Cet espace n'était pas explicitement mentionné sur le site du ministère, contrairement à un autre parc béninois, le parc national du W, où il était "formellement déconseillé de se rendre et de séjourner".