Le régime syrien dénonce une conférence organisée par les Kurdes
De tels rassemblements
incarnent (...) la trahison des organisateurs (contre leur pays), quelles que
soient leurs appartenances politiques, ethniques, ou raciales", souligne
une source au ministère des Affaires étrangères de Damas.
Le pouvoir syrien a qualifié de "trahison" une
conférence organisée par les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance
dominée par des combattants kurdes, durant laquelle un haut responsable avait
rejeté les accords dits de "réconciliation" généralement imposés par
Damas, selon l'agence officielle Sana.
Même s'il avait dénoncé ces accords utilisés par le
régime de Bachar el-Assad pour reconquérir des bastions rebelles, le chef des
FDS, Mazloum Kobani, s'était dit ouvert à "un dialogue avec le
régime" lors d'une conférence réunissant vendredi des représentants
tribaux à Ain Issa (nord).
Vendredi soir, une source au ministère des Affaires
étrangères de Damas, citée par Sana, a estimé que la conférence, organisée dans
une ville tenue "par des milices armées dépendant des Etats-Unis et
d'autres pays européens", avait essuyé un "échec" en raison du
"boycott de la plupart des tribus". "De tels rassemblements
incarnent (...) la trahison des organisateurs (contre leur pays), quelles que
soient leurs appartenances politiques, ethniques, ou raciales", a précisé
cette source.
A la faveur de la guerre qui a éclaté en 2011, les
Kurdes, minorité ethnique représentant 15% de la population, ont établi une
administration autonome sur environ un tiers du pays dans le Nord et le
Nord-est. Leur autonomie n'est pas reconnue par le régime.
"Nous n'accepterons en aucun cas un retour à
l'avant-2011", avait martelé vendredi Mazloum Kobani, précisant que les
"problèmes" et "défis" de la région ne pourraient être
réglés par des accords de réconciliation. Les FDS, soutenues par les
Etats-Unis, ont été le fer de lance de la lutte contre les jihadistes du groupe
Etat islamique (EI).
Ces derniers mois, le président syrien Bachar el-Assad a
fait part de sa volonté de reconquérir les zones kurdes, par "la
force" ou à travers des accords dits de "réconciliation". Par le
passé, son régime a imposé ces accords dans des zones contrôlées par les
rebelles après les avoir bombardées, assiégées ou étouffées pour faire plier
les insurgés.Ils prévoyaient notamment une évacuation des combattants et des
civils réfractaires à l'autorité de Damas et le redéploiement des institutions
de l'Etat dans les zones reconquises. La Ghouta orientale, bastion rebelle
aux portes de Damas reconquis en avril 2018 par le pouvoir, avait fait l'objet
de tels accords.
Soutenu par la Russie et l'Iran, le régime syrien a
enchaîné les victoires contre rebelles et jihadistes ces dernières années et
contrôle aujourd'hui près des deux tiers du pays. La guerre en Syrie n'a
eu de cesse de se complexifier au fil des ans, impliquant plusieurs acteurs
régionaux et internationaux. Le conflit a fait en huit ans plus de 370.000
morts.