Libye : la France se défend de prendre parti pour Haftar
Paris souhaite obtenir un cessez-le-feu en
Libye et oeuvrer à l'organisation d'élections, a affirmé jeudi soir au Figaro
le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, se défendant
de prendre pa pour le camp du maréchal Khalifa Haftar, auteur d'une offensive
contre Tripoli.
La France est la cible de vives critiques des
Libyens favorables au Gouvernement d'union nationale (GNA) dans la capitale
libyenne -le seul gouvernement reconnu par la communauté internationale-, qui
accusent Paris de cautionner, au moins tacitement, l'offensive militaire du
maréchal Haftar en vue de conquérir Tripoli.
«C'est vrai que nous estimons qu'il (Haftar)
fait partie de la solution», admet le ministre dans un entretien avec ce
quotidien français : «Haftar a lutté contre le terrorisme à Benghazi et dans le
sud de la Libye et cela était dans notre intérêt, celui des pays du Sahel,
celui des voisins de la Libye».
Or la France est impliquée dans le dossier
libyen «pour combattre le terrorisme», «notre objectif prioritaire dans la
région», et pour «éviter la contagion» aux pays voisins comme l'Égypte et la
Tunisie, «des pays essentiels pour notre propre stabilité»
«En tant qu'acteurs de l'intervention
militaire de 2011 et parce que le suivi politique n'a pas été effectué après la
chute de Kadhafi, nous avons aussi une forme de responsabilité dans cette
crise», a-t-il ajouté.
Toutefois, Paris ne s'attendait pas à ce que
le maréchal Haftar lance une offensive sur Tripoli, assure-t-il. «Dans tous les
entretiens que j'ai eus avec lui, je lui ai toujours rappelé, quand il était
impatient, la nécessité d'une solution politique».
Le ministre de l'Intérieur du GNA Fathi
Bachagha a publiquement accusé fin avril les autorités françaises de soutenir
«le criminel Haftar».
«La France a continûment soutenu le
gouvernement de Sarraj», a rétorqué M. Le Drian. «Je remarque que Fathi
Bachagha, qui attaque régulièrement la France et dénonce son ingérence supposée
dans la crise, n'hésite pas à passer du temps en Turquie. Alors, je ne sais pas
où sont les interférences», a-t-il lâché.
«L'absence de perspective politique a
entraîné l'immobilisme des uns (Sarraj) et l'imprudence des autres (Haftar).
Sans élections, aucun acteur libyen ne peut prétendre être totalement
légitime», a conclu le ministre français. «Aujourd'hui, personne ne peut
prétendre détenir un mandat des Libyens, c'est une des raisons majeures de la
crise actuelle».