La pression contre le pouvoir militaire se poursuit au Soudan. Les manifestants sont attendus en grand nombre jeudi 2 mai à Khartoum pour "une marche d'un million" de personnes. Cette mobilisation répond à l'appel des meneurs de la contestation qui entendent maintenir la pression sur les militaires alors que les négociations sur un transfert du pouvoir aux civils piétinent.
Après la destitution le 11 avril du président Omar el-Béchir par l'armée sous la pression d'un mouvement de contestation inédit lancé en décembre, un Conseil militaire de transition a pris le pouvoir pour deux ans.
Les meneurs de la contestation, qui réclament un gouvernement civil, et les militaires au pouvoir se sont mis d'accord le 27 avril sur la création d'un Conseil conjoint qui remplacerait le Conseil militaire de transition, mais des désaccords persistent sur sa composition.
Un sit-in depuis début avril
Les représentants de la contestation proposent un conseil de 15 membres, dont huit civils, tandis que l'armée veut un conseil de 10 membres, dont sept militaires.
Le général Salah Abdelkhalek, membre du Conseil militaire, a annoncé mardi que le chef de cette instance, Abdel Fattah al-Burhan, serait "le chef du (futur) Conseil souverain". L'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, a alors accusé les militaires de "ne pas envisager sérieusement de céder le pouvoir au peuple".
L'ALC a également appelé "à une marche d'un million (de manifestants) le 2 mai", ce qui a exacerbé les tensions. Les manifestants, qui tiennent un sit-in depuis le 6 avril devant le QG de l'armée à Khartoum, réclament désormais le transfert immédiat du pouvoir à un gouvernement civil.
Le Conseil militaire a toutefois prévenu qu'il ne laisserait pas le chaos s'installer et exhorté les manifestants à retirer les barricades installées et à rouvrir les routes et les ponts bloqués aux alentours du QG de l'armée.
Six membres des forces de sécurité tués
La situation s'est d'autant plus tendue mardi que les militaires ont annoncé la mort de six membres des forces de sécurité, tués dans des heurts avec les manifestants à travers le pays.
Les deux camps ont tenu mardi des conférences de presse séparées pour expliquer leurs divergences. "Le Conseil militaire maintient que le Conseil (conjoint) souverain devrait être dirigé par les militaires avec une représentation civile", a accusé Mohammed Naji al-Assam, un dirigeant de l'Association des professionnels soudanais (SPA), qui fait partie de l'ALC. Les militaires, selon lui, cherchent à "accroître leurs pouvoirs quotidiennement".
Le Soudan est le théâtre depuis décembre d'un mouvement de contestation, déclenché par le triplement du prix du pain et qui a conduit à la destitution d'Omar Hassan el-Bechir Béchir, aujourd'hui incarcéré.