En Syrie, près de 140 000 déplacés par les combats dans le nord-ouest
L’intensification des bombardements sur la province
d'Idleb, dernier bastion jihadiste en Syrie, et les territoires insurgés
attenants ont poussé près de 140 000 personnes à fuir près de la
frontière avec la Turquie.
Bastion rebelle contrôlé par des
jihadistes, la province d'Idleb (dans le nord-ouest de la Syrie) et les territoires
insurgés attenants échappent toujours au régime de Bachar al-Assad, qui a intensifié, avec
son allié russe, ses bombardements ces derniers mois. Depuis février, plus de
200 civils ont été déclarés morts à Idleb, a annoncé l'ONU le
25 avril, tandis que près de 140 000 personnes ont été déplacées
par les violences.
L'Observatoire syrien des droits de
l'Homme (OSDH), basé à Londres, a fait état, le 1er mai,
de violents bombardements de l'armée syrienne visant plusieurs secteurs du sud
de la province et de la province voisine de Hama, qui ont tué au moins sept
civils. La veille, un centre médical de la localité d'Al-Hbeit avait été
"sévèrement endommagé" par "des tirs d'artillerie", a
indiqué à l'AFP un porte-parole du Bureau de coordination des affaires
humanitaires de l'ONU (Ocha), David Swanson.
Plus de 32 500 déplacés
en avril
La province, contrôlée par Hayat Tahrir al-Cham
(HTS, ex-branche d'Al-Qaïda), qui a renforcé en début d'année son emprise
sur ce territoire face à des rebelles affaiblis, et les territoires adjacents
abritent quelque trois millions d'habitants, dont la moitié sont des déplacés
venus d'autres bastions rebelles reconquis par l’armée syrienne.
Le pilonnage de cette province, mais aussi de
territoires dans les régions voisines de Hama et Alep, a poussé de nombreux
civils à fuir pour trouver notamment refuge dans des camps de déplacés près de
la frontière avec la Turquie.
"Depuis février, plus de
138 500 femmes, enfants et hommes ont été déplacés du nord de la
province de Hama et du sud d'Idleb", a indiqué mercredi à l'AFP David
Swanson. Rien que pour le mois d'avril, plus de 32 500 personnes ont
quitté leurs foyers dans les gouvernorats d'Alep, d'Idleb et de Hama, a-t-il
précisé.
Les bombardements ces derniers jours ont visé
entre autres le village d'Al-Qassabiyah. "La majorité des habitants se
sont apparemment déplacés vers des villages plus sûrs en raison des
hostilités", a ajouté David Swanson.
Washington appelle Moscou et Damas à cesser
"l'escalade"
En septembre 2018, la
province avait fait l'objet d'un accord négocié par Moscou, allié
indéfectible du régime de Damas, et Ankara, qui parraine certains groupes
rebelles à Idleb, prévoyant la mise en place d'une "zone
démilitarisée" séparant les secteurs jihadistes et insurgés des zones
gouvernementales attenantes. L'initiative n'a été que partiellement appliquée
face au refus des jihadistes de se retirer de cette zone tampon. Toujours
est-il que l'accord en vigueur a permis d'éviter une offensive d'envergure de
l'armée syrienne.
Des pourparlers sur le conflit syrien
réunissant la Russie, l'Iran – un autre allié de Damas – et la Turquie, se sont
achevés le 27 avril au Kazakhstan sans progrès notables sur la question
d’Idleb, qui en constituait l’un des principaux enjeux. Avant le début des
discussions d’Astana, le président syrien Bachar al-Assad avait souligné
"la nécessité d'œuvrer durant ce cycle à lever les obstacles qui entravent
l’application de l'accord conclu précédemment sur la région d'Idleb". Il a
rappelé que l'objectif de cet accord était "d'éliminer les groupes
terroristes" d'Idleb, qui selon lui "attaquent les civils dans les
zones sûres attenantes".
Face à l’intensification des bombardements
sur cette province, les États-Unis, qui redoutent "une déstabilisation de
la région", ont appelé, le 30 avril, la Russie et le régime syrien à
se conformer à leurs engagements et à revenir à une "désescalade"
dans la province.
"Nous appelons toutes les parties à
respecter leur engagement à éviter de vastes offensives militaires (et) à
revenir à une désescalade de la violence dans la région", a déclaré une
porte-parole du département d'État, Morgan Ortagus. "La violence doit
cesser", a ajouté Morgan Ortagus, soulignant la nécessité de
"permettre un accès humanitaire libre afin de répondre au désastre
humanitaire créé par la violence actuelle".