Publié par CEMO Centre - Paris
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En Syrie, deux femmes dans la débâcle de l’EI

mercredi 01/mai/2019 - 10:36
La Reference
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Des dizaines de milliers de femmes en niqab noir et de jeunes enfants hagards s’entassent dans de grandes tentes blanches qui s’étalent à perte de vue. Le camp de déplacés d’Al-Hol, dans le nord-est syrien, n’a rien de l’image idyllique qu’Elise et Myriam (les noms ont été modifiés) s’étaient faite de leur vie sous l’autorité de l’organisation Etat islamique (EI). Sorties à contrecœur le 5 mars de l’enfer de Baghouz, le dernier réduit du « califat », à 400 kilomètres plus au sud, tombé aux mains des Forces démocratiques syriennes (FDS) le 23 mars après trois mois de siège et de combats, les deux djihadistes – respectivement belge et française – disent pourtant n’avoir ni remords ni regret.

Après avoir vécu pendant cinq ans ce qu’elles appellent une vie « normale » sous le califat en Syrie, elles ne savent pas de quoi leur avenir sera fait. Si ce n’est qu’il restera lié à l’EI, sous l’emprise duquel elles restent. « Le califat, c’est un idéal qu’on a voulu, qui fait partie de notre islam. Mais, il va s’éteindre », reconnaît Elise, rencontrée dans la zone de réception du camp d’Al-Hol.

Myriam la coupe, pour la contredire. « La victoire nous sera donnée. Le Daoula [« Etat » en arabe] a préparé la suite et tout est possible ici », veut-elle croire. Ce qu’elle a vécue à Baghouz n’altère en rien sa foi en l’EI. « Dans le califat, il y a eu des fautes comme partout, il faut le temps de s’adapter, d’apprendre de ses erreurs. Il n’a pas pu prospérer car on était en temps de guerre », dit Myriam.

Désormais obligée d’utiliser des béquilles, Myriam ne s’est résolue à quitter Baghouz que parce qu’elle était devenue un « poids mort »après avoir été blessée par balle à la jambe gauche, le 1er mars. Son mari l’a poussée à partir avec leurs trois enfants âgés de 2 à 11 ans. « C’est difficile de se dire qu’on a enduré tout cela, qu’on a vu les enfants souffrir, surtout de la faim, pour partir chez ceux qui sont responsables de cette souffrance », dit-elle des FDS. Elise, elle, est soulagée. Fin février, depuis Baghouz, elle confiait déjà sur WhatsApp son envie de sortir. « Je ne me voyais pas rester, c’était terrorisant, explique-t-elle. On voulait juste attendre le dernier jour de la trêve, rester le plus de temps possible en famille. On savait qu’on serait séparés après, on ne sait pour combien d’années. »


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