Publié par CEMO Centre - Paris
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Algérie: dixième vendredi consécutif de manifestations contre le régime

vendredi 26/avril/2019 - 04:32
La Reference
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Les manifestants affluent dans le centre d'Alger pour un 10e vendredi consécutif de protestation, une journée ayant valeur de test de la capacité de la contestation à rester mobilisée, sur fond d'incarcérations et de limogeages de symboles du régime Bouteflika déchu.

"Pas de demi-révolution", titre en une l'édition week-end du quotidien El Watan, appelant à continuer à manifester jusqu'au départ du "système" dans son entier. Des appels similaires continuent d'être relayés sur les réseaux sociaux.

"Nous voulons que ce système dégage et que tous les voleurs soient jugés", déclare Zohra, enseignante de 55 ans, venue de Jijel, à 350 km de route avec son fils Mohamed, 25 ans.

De nombreux manifestants ont rejoint en début d'après-midi, après la grande prière musulmane du vendredi, les centaines de protestataires qui s'étaient rassemblés dès le matin devant la Grande Poste, bâtiment emblématique du coeur d'Alger, devenu le point de ralliement de la contestation.

Les milliers de manifestants scandent "Système, dégage!", "Vous avez pillé le pays, voleurs!".

D'importants embouteillages bloquent les entrées de la capitale, en raison de barrages filtrants dressés par les forces de l'ordre, ont indiqué des manifestants.

Les protestataires pourraient être encouragés à poursuivre leur mouvement, à l'issue d'une semaine marquée par de nouveaux limogeages, des convocations judiciaires et poursuites annoncées contre des caciques du régime et le placement en détention provisoire de riches hommes d'affaires.

D'autant que le pouvoir ne cède pas sur l'essentiel des revendications: Abdelkader Bensalah, apparatchik ayant accompagné Abdelaziz Bouteflika au long de ses 20 ans au pouvoir jusqu'à sa démission le 2 avril, est toujours chef de l'Etat par intérim. Et Noureddine Bedoui, autre fidèle dévoué, toujours Premier ministre d'un "gouvernement de la honte", comme le nomment les manifestants.

Les manifestants refusent particulièrement que les structures et figures de l'appareil hérité de M. Bouteflika organisent la présidentielle fixée au 4 juillet et réclament une transition dirigée par des structures ad hoc.

"On refuse cette élection du 4 juillet", dit Mohamed, 23 ans, serveur. "Comment des mafieux et des fraudeurs peuvent organiser des élections honnêtes? On marchera jusqu'à ce qu'ils comprennent!", renchérit son ami Samir, présent avec lui au rassemblement.

- "Pas de pression" -

L'armée, replacée au centre de la vie politique depuis le départ de M. Bouteflika, continue à insister pour que la présidentielle se tienne dans les délais prévus par la Constitution.

L'incarcération en début de semaine de trois frères Kouninef, famille propriétaire d'un géant privé du BTP algérien, bénéficiaires de gigantesques contrats publics, ne peut que satisfaire la contestation qui depuis le 22 février dénonce aussi les liens troubles entre la présidence Bouteflika et les "oligarques".

Pour Mohamed, le fils de Zohra, "il faut que tout millionnaire ou milliardaire justifie comment il a amassé sa fortune. La justice doit convoquer les autres voleurs".

Réputés proches de Saïd Bouteflika, frère et conseiller abhorré du président déchu, les frères Kouninef sont soupçonnés de "non-respect des engagements contractuels dans la réalisation de projets publics" et "trafic d'influence".

Mais le placement en détention préventive, simultanément, d'Issad Rebrab, première fortune d'Algérie et patron du conglomérat Cevital, premier employeur privé du pays, qui entretenait des relations notoirement tendues avec l'entourage de M. Bouteflika, a semé le doute sur les objectifs réels de ces enquêtes.

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