Nectar Trust… une duperie qatarie nouvelle pour financer les groupes sous couvert d’action caritative

Seconde partie

Qatar Charity – Organisation Nectar Trust

La vitrine qatarie pour envahir l’Europe et financer les centres islamiques

L’organisation Qatar Charity est la plus grande organisation caritative au Qatar. Elle a créé en 2012 une entité pour ses opérations en Europe, qui reste liée à l’organisation Qatar Charity basée à Doha et qui est une organisation à but non lucratif ancienne. Cependant, cette entité européenne reste relativement indépendante. La branche de l’organisation Qatar Charity au Royaume-Uni a été enregistrée comme société britannique le 26 mars 2012, et au sein de la Commission des organisations caritatives britanniques le 27 mars 2012. Elle a commencé ses opérations en 2014.

Récemment, le Qatar a recouru à une duperie en changeant le nom de Qatar Charity en Organisation Nectar Trust, pour éviter les accusations concernant ses activités suspectes.

C’est Saleh Saïd qui a créé la branche de Qatar Charity au Royaume-Uni (QCUK) le 26 mars 2012 et a été son représentant. Il est aussi le directeur de Bayt az-Zakat (Maison de l’aumône légale), qui héberge les associations caritatives au Royaume-Uni, et que Qatar Charity utilise comme son adresse de base et qui est présidée par Dr Hani Al-Banna, qui est un pionnier dans nombre d’organisations caritatives du Royaume-Uni liées à l’Organisation internationale des Frères musulmans, dont l’Organisation de secours islamique partout dans le monde, l’Organisation d’aide islamique, le Forum caritatif islamique et le Forum humanitaire. Et chacun des autres fonds de l’aumône légale est lié à l’Organisation de secours islamique.

Une délégation de l’Organisation Qatar Charity a inauguré officiellement son bureau à Londres en juin 2014, avec à sa tête le président du conseil d’administration, Cheikh Hammam ben Nasser Al Thani, et le directeur exécutif Youssef ben Ahmad al-Kuwari. Ont assisté à la rencontre l’ambassadeur du Qatar Khaled ben Rached al-Mansouri, une délégation de haut niveau de l’ambassade qatarie, et Salman Kaldari membre délégué du nouveau bureau.

Lors de la cérémonie, Al Thani a expliqué que le bureau de Londres avait été inauguré étant donné le besoin d’une supervision directe des projets caritatifs du Qatar en Grande-Bretagne et en Europe, étant donné l’augmentation de leur taille.  Ayoub Abou Laqyan directeur général de la branche britannique de Qatar Charity a affirmé que le siège de Qatar Charity à Doha gérait 110 programmes culturels en coopération avec 58 organisations européennes, ajoutant qu’au Royaume-Uni lui-même, il y avait 6 programmes en coopération avec les organisations locales, et deux programmes en Irlande. Qatar Charity a dépensé durant les cinq dernières années près d’un demi-milliard de riyals (environ 140 millions de dollars) pour ces mêmes programmes. Et en octobre 2017, le nom Qatar Charity est devenu Nectar Trust.

Selon son rapport annuel, Qatar Charity Royaume-Uni cible les couches les plus défavorisées de la société et ses buts sont les suivants :

-      Soutenir le progrès social et économique des couches les plus défavorisées du Royaume-Uni et des autres pays européens et contribuer à renforcer la cohésion de la société dans ces pays.

-      Œuvrer à un partenariat avec Qatar Charity et les autres organisations humanitaires pour soutenir l’action humanitaire.

-      Fournir des opportunités aux investisseurs et aux sociétés qataries du Royaume-Uni pour augmenter leur efficacité sociale.

La vision de Qatar Charity Royaume-Uni indique qu’elle sera le partenaire caritatif essentiel des investisseurs qataris au Royaume-Uni et en Europe. Selon ses rapports, la plupart de ses activités auront lieu au Royaume-Uni, outre une partie en Europe continentale et dans les pays en proie à des crises humanitaires. Qatar Charity Royaume-Uni a tenté de définir la meilleure structure et les meilleures opérations pour son travail en Europe continentale.  En 2016, Qatar Charity Royaume-Uni s’est fixé deux buts :

1 – Créer des organisations dans les pays où l’on trouve de nombreux centres sociaux (en donnant la priorité au Royaume-Uni, à la France et à l’Italie). Ces organisations assumeront la responsabilité des projets dans leur pays. C’est ainsi qu’a été créée une entité en France, à laquelle ont été affectés des employés.

2 – Les organisations sœurs de Qatar Charity Royaume-Uni ont des plans dans les autres pays européens. Cette initiative n’a pas encore dépassé l’étape de la planification.

En 2016, la priorité a été donnée à la Belgique.

Selon le rapport du secrétariat de Qatar Charity Royaume-Uni de l’année 2015 et les états financiers de la même année, 3760768 livres sterlings ont été dépensées à des activités caritatives. En 2016, 2899378 LS ont été dépensées à ces activités. Citons certains gros projets qui ont été financés en 2015 et 2016 :

1 – Développement de la société : la plus grande part des fonds (2069615) a été dépensée en 2015 pour le développement de la société de la façon suivante : deux projets au Royaume-Uni et un en Europe. Le financement a été utilisé à acheter ou créer des centres sociaux que l’on peut utiliser pour le mariage, les activités sportives des jeunes, la prise en charge des mères dans la journée, la prière, les commerces, ou l’enseignement de l’arabe. Et en 2016, la somme dépensée pour le développement de la société en Europe 1516262 LS.

2 – Projet Sheffield, à savoir Amanat Al-Iman à Sheffield : c’est le troisième projet le plus important de Qatar Charity Royaume-Uni en 2015 pour un montant de 638695 LS. Il s’agit d’un centre polyvalent comprenant une crèche, une école à temps complet, un centre culturel et social, une salle polyvalente, une bibliothèque et un restaurant, une salle de prière, une salle de sports, et un parking. Et en 2016, les dépenses pour ce projet ont atteint 704983 LS.

L’ensemble d’universités de Sheffield au Royaume-Uni, qui est sur le point d’être achevé, est la tentative la plus récente de construire de grands bâtiments islamiques dans les villes européennes dominées par les Frères musulmans. Il semble que le projet Amanat al-Iman à Sheffield se focalise sur la fourniture de facilités aux Frères musulmans yéménites au Royaume-Uni et de centres islamiques dans ce pays. Nombre d’employés d’Amanat al-Iman ont des liens problématiques avec le groupe des Frères musulmans, les islamistes et le terrorisme.

Le projet Sheffield est un centre social polyvalent sur une surface de 3390 mètres carrés, dont la construction a commencé en 2011. 70% du projet a été achevée. Il comprend une crèche, une école, un centre culturel et social, une salle polyvalente, une bibliothèque et un restaurant, une salle de prière, une salle de sport, un parking et des bureaux administratifs. Le projet contribuera au développement des sociétés et au renforcement de l’interaction positive par le biais d’activités diverses. Il servira environ 20000 âmes vivant aux environs du centre.

3 – Le Centre polyvalent de Mulhouse : c’est le cinquième projet le plus important de Qatar Charity Royaume-Uni, dont le coût atteint 56530 LS. On suppose qu’il s’agit des fonds affectés au projet indiqué dans le document sous le nom « projet Al-Hoda à Illzach (banlieue de Mulhouse) » qui a été annulé et dont le financement a été affecté à un autre projet. Et en 2016, 41354 LS ont été affectées à ce projet.

4 – Iftar (repas de rupture de jeûne) du Royaume-Uni : septième projet le plus important de Qatar Charity Royaume-Uni. En 2015, 26289 LS lui ont été affectées, Il offre 26 bourses pour soutenir les organisations locales partout au Royaume-Uni et en Europe, en offrant des repas de rupture du jeûne de Ramadan aux pauvres. Il est probable que ce financement soit celui du projet de « tentes ramadaniennes » à propos duquel les rapports affirment que Qatar Charity Royaume-Uni vise par son biais, avec plus de 20 organisations caritatives du Royaume-Uni, à distribuer des repas de rupture du jeûne. On sait par ailleurs que la plupart des organisations mentionnées sont liées au groupe des Frères musulmans et à l’infrastructure du Hamas au Royaume-Uni. En 2016, le coût du projet « Iftar » s’est élevé à 18572 LS.

Il y a un projet qui a été financé par Qatar Charity Royaume-Uni en 2015, mais qui n’a pas été mentionné dans le rapport annuel de 2016, à savoir l’Institut Eisenberg d’études historiques à Château-Chinon. C’était en 2015 le second projet le plus important de Qatar Charity Royaume-Uni, avec un financement de 736690 LS. L’Institut Eisenberg est géré par la même organisation que l’Institut européen de sciences humaines, qui représente les Frères musulmans en Europe. C’est un centre de formation en France lié à l’Union des organisations islamiques d’Europe et à leur branche en France.  Le projet se compose de trois bâtiments, et l’Institut Eisenberg souhaite s’agrandir pour se transformer en campus universitaire, avec des studios pour étudiants mariés et d’autres pour les célibataires, une salle d’études équipée avec les technologies de l’enseignement à distance, une salle de conférences et des installations sportives.

Selon le rapport de 2016, le développement social se focalise sur la Belgique. La somme qui lui est consacrée est de 1516262 LS pour des projets définis. Les fonds seront versés « en totalité ou en partie », pour acheter ou construire des centres sociaux facilitant le mariage et la participation aux activités sportives, des centres de prise en charge des mères durant la journée, des lieux de prière, des commerces, et des classes d’enseignement de l’arabe.

Les comptes annuels de la Ligue financière libyenne de 2011 à 2014 ont été analysés, et la seule source de revenus de cette Ligue a été des dons de Qatar Charity d’une valeur de 1081940,15 euros et affectés à des projets à Bruxelles, Anvers, Liège, et Verviers. Dans ces quatre villes belges, la Ligue financière libyenne a créé nombre de centres islamiques polyvalents.

En 2016, Qatar Charity Royaume-Uni a été active et a participé aux quatre organisations suivantes et à leur projet de construction d’infrastructures polyvalentes :

-      Centre An-Nour en France : il sera achevé prochainement et comprendra un bâtiment polyvalent sur une surface de 4600 mètres carrés, qui abritera une école et des infrastructures sportives et sanitaires, une salle polyculturelle pour la prière et d’autres activités, et un bureau, qui pourra accueillir 800 étudiants.

-      Association de réforme sociale de Strasbourg en France : un bâtiment polyvalent sur 2500 mètres carrés, comprenant une école d’études religieuses, une salle de prière, des parkings, un café, un restaurant et des bureaux. Son achèvement est prévu en 2017.

-      Union des communautés et organisations islamiques d’Italie à Milan : un centre social polyvalent pour les activités culturelles et sociales, sur 5200 mètres carrés, des salles d’activités pour les jeunes gens et jeunes filles, une salle de sport, une salle de classe et une salle de prière. Le projet devrait être achevé en 2019.

-      Projet Sheffield : Amanat Al-Iman. Troisième projet le plus important de Qatar Charity Royaume-Uni en 2015, pour un montant de 638695 LS. C’est un centre polyvalent qui comprend une crèche, une école à temps complet, un centre culturel et social, une salle polyvalente, outre une bibliothèque et un restaurant, une salle de prière, une salle de sport et un parking. En 2016, le financement du projet a été de 704983 LS.

Bien que Qatar Charity Royaume-Uni prenne soin d’employer l’expression « centre polyvalent » dans ses documents officiels, et dans ses contacts avec les gouvernements locaux et régionaux, il est clair qu’il s’agit de centres islamiques dans lesquels est transmis un message idéologique lié au groupe des Frères musulmans. Certains responsables de Qatar Charity étaient ainsi actifs sur les réseaux sociaux lors de leur voyage en Europe, et se réjouissaient en visitant une école financée par Qatar Charity de voir la séparation des garçons et des filles, et le fait que les filles portaient le voile, surtout dans les écoles islamiques privées en France, en considérant qu’il s’agissait d’une victoire sur les écoles publiques.

Qatar Charity a récemment financé la construction du premier centre islamique au Luxembourg. Et après s’être focalisée sur la Belgique, l’organisation va développer notablement ses opérations en Italie. C’est ainsi qu’elle a lancé 51 projets de construction, de rénovation et de reconstruction de mosquées dans ce pays. Dans la seule Sicile, on compte 11 projets de mosquées pour un coût d’environ 26 millions de riyals qataris ou 6 millions d’euros.

Les deux principales personnalités de Qatar Charity Royaume-Uni

Youssef Ahmad al-Kuwari : citoyen qatari de 44 ans, il occupe la fonction de directeur exécutif de Qatar Charity depuis 2011, après avoir été directeur des services financiers de l’organisation, et auparavant, chef du département des techniques d’information au ministère qatari des Affaires administratives et des relations islamiques. Il a obtenu une licence de gestion en technologies de l’information de l’Université publique de Caroline du Nord à Greensboro, aux Etats-Unis.

Ayoub Abou Laqyan : de nationalité française, 45 ans, né à Dawar au Maroc, il a été nommé directeur général de Qatar Charity Royaume-Uni. Il a suivi le cursus secondaire à Meknès, puis s’est inscrit à l’Ecole nationale supérieure d’ingénieurs Sud-Alsace (Mulhouse), dont il a obtenu le diplôme en 1996. Il est membre du conseil d’administration de l’UOIF, qui est essentiellement liée au groupe des Frères musulmans de France.

Cette association dépend aussi de l’administration de la Ligue en France, qui est un complexe islamique énorme d’un coût de 27 millions d’euros qui est développé dans le cadre d’un soutien accordé par les autorités locales françaises, le Parlement de la ville de Mulhouse, la région Alsace, et le ministère qatari des Waqfs et des Affaires islamiques.  Les fonds du projet sont venus des « grands donateurs » étrangers, surtout le Qatar et le Koweït. Youssef al-Qardawi a soutenu le projet, et une organisation française a critiqué sa mauvaise gestion financière, le mélange de la politique et de la religion, les aides du gouvernement local, et le fait qu’il s’agit d’une opération politique des Frères musulmans. Le vice-président de l’UOIF, l’Egyptien Nasser Al-Qadi, supervise la construction de la mosquée. Quant à Ayyoub Abou Laqyan, on sait aussi qu’il avait un commerce de bois et de matières de construction dans la banlieue de Mulhouse, et qu’il a été directeur de l’organisation « La société, c’est la vie », fondée en 2013 par Abou Laqyan et Tawfik Qassem, le directeur exécutif de Dar ar-Riaya as-islamiya à Londres, qui est un élément important des Frères musulmans dans le Royaume-Uni. Abou Laqyan est devenu directeur de Qatar Charity Londres en février 2017, mais il a démissionné au bout de quelques semaines, et l’on ne sait pas s’il continue à travailler comme directeur général de Nectar Trust, ou s’il est rentré en France. Notons que sur les documents officiels de la « Company House » britannique, il a toujours affirmé avoir travaillé comme directeur général, mais en février 2017, lorsqu’il est devenu directeur de Qatar Charity Londres, il a affirmé qu’il était homme d’affaires, ce qui pourrait indiquer qu’il a quitté Qatar Charity Londres, sans qu’il soit possible de le confirmer.