La France commémore officiellement le génocide des Arméniens
Cette «journée nationale» était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. À Paris, elle a démarré mardi soir par une veillée place de la République.
Si la France reconnaît le génocide arménien depuis 2001, Emmanuel Macron a décidé tout récemment que ce 24 avril serait dédié à la commémoration du génocide. Ce même jour, en 1915, 600 intellectuels arméniens furent assassinés à Constantinople sur ordre du gouvernement. C’était le début d’un massacre qui coûtera la vie à environ 1,2 million de personnes: les deux tiers des Arméniens de l’Empire ottoman. Cette date est celle qui avait déjà été retenue par l’Arménie et le Nagorny-Karabakh, région à majorité arménienne qui a déclaré son indépendance de l’Azerbaïdjan en 1991.
» LIRE AUSSI - Macron fait du 24 avril la journée nationale de commémoration du génocide arménien
«Chaque année, à cette date, une cérémonie est organisée à Paris», peut-on lire dans le décret présidentiel. «Une cérémonie analogue peut être organisée dans chaque département à l’initiative du préfet.» En instituant cette commémoration dans le calendrier républicain, Emmanuel Macron a honoré une promesse faite lors de sa campagne en 2017, geste que les Arméniens de France, plusieurs centaines de milliers de personnes, attendaient avec impatience. Pour la première fois, donc, le premier ministre Édouard Philippe honorera mercredi de sa présence un rassemblement parisien devant la statue du père Komitas, place du Canada, dans le VIIIearrondissement de Paris. Ce fameux musicien arménien né dans la Turquie ottomane avait été fait prisonnier puis déporté par les Turcs pendant le génocide en 1915 avant de terminer sa vie en exil en France.
«Nous avons attendu tellement longtemps cette reconnaissance. Il s’agit pour nous d’un soulagement», confie Tchinar Arakelian, 59 ans, qui tient le restaurant de la culture arménienne, dans le IXe arrondissement de Paris. Elle se rendra à la commémoration, même si l’histoire de son peuple massacré constitue un «fardeau très lourd». Mais «il s’agit d’un devoir pour ma famille, pour notre histoire». Cette femme «arménienne de Géorgie» vit en France depuis trente ans. La mémoire de son peuple ne lui a pas vraiment été transmise par sa famille, massacrée du côté de son père, «car elle n’en avait pas la force, elle a toujours été trop triste pour nous la raconter», raconte-t-elle. Son mari, Mamikon, lui, trop ému, refuse d’évoquer le génocide. Loin de sa famille, il préfère prier en silence et fleurir de roses, le jour du génocide, les tombes des exilés aux noms arméniens finissant par «ian» d’un cimetière parisien.