Sri Lanka: Sept attentats contre des églises et hôtels, 138 morts
Cent trente-huit personnes ont été tuées et plus de 400 autres blessées dans des attentats à la bombe qui ont frappé en ce dimanche de Pâques trois églises et quatre hôtels au Sri Lanka, ont rapporté les autorités et les hôpitaux.
Le gouvernement sri-lankais a instauré le couvre-feu, avec effet immédiat, et l'on ignorait quand il serait levé. Il a en outre interrompu l'accès aux réseaux sociaux et aux services de messagerie.
Neuf étrangers sont au nombre des tués, ont-ils précisé.
On dénombre plus de 50 tués dans l'église catholique St. Sebastian à Katuwapitiya, au nord de Colombo, a déclaré un responsable de la police à Reuters.
Vingt-cinq autres personnes ont été tuées dans un attentat contre une église évangélique de Batticaloa, dans la province de l'Est, ont rapporté des médias. Autre église touchée, celle de St Anthony à Kochcikade, une attraction touristique de Colombo.
Ces attentats n'ont pas été revendiqués pour le moment. Le pays connaissait un calme relatif depuis la fin en 2009 du conflit civil avec les séparatistes tamouls.
Le Premier ministre, Ranil Wickremesinghe, a convoqué une réunion du Conseil de sécurité nationale, qui doit se tenir à sa résidence dans le courant de la journée.
"Je condamne avec vigueur les lâches attentats d'aujourd'hui contre notre peuple. J'appelle les Sri-Lankais à rester unis et forts en ces moments de tragédie", a-t-il écrit sur Twitter.
Le président Maithripala Sirisena a chargé une unité spéciale de la police et l'armée d'enquêter pour déterminer qui a commis les attentats. L'armée a été déployée, et la sécurité a été renforcée à l'aéroport international de Colombo, a annoncé un porte-parole de l'armée.
INTIMIDATIONS, PRESSIONS
L'ensemble des établissements scolaires resteront fermés lundi et mardi, a fait savoir le ministre de l'Education, Akila Viraj Kariyawasam.
Les hôtels frappés sont le Shangri-La Colombo, le Kingsbury Hotel et le Cinnamon Grand Colombo, ainsi qu'un autre, situé dans les faubourgs de la capitale, à Dehiwela, près du zoo national. On ignore pour le moment s'il y a des victimes dans ces établissements.
Sur les 22 millions de Sri-Lankais, 70% sont bouddhistes, 12,6% hindouistes, 9,7% musulmans et 7,6% chrétiens, selon le recensement de 2012.
Les associations chrétiennes disent être confrontées à des manoeuvres d'intimidation de plus en plus appuyées de la part de certains moines bouddhistes extrémistes ces dernières années. L'an dernier, des heurts ont éclaté entre la communauté bouddhiste cingalaise, majoritaire dans le pays, et la minorité musulmane, certains groupes bouddhistes extrémistes accusant les mahométans de contraindre des gens à se convertir à l'islam.
Dans son rapport de 2018 sur les droits de l'homme au Sri Lanka, le département d'Etat américain notait que certaines organisations chrétiennes et églises avaient fait état de pressions pour qu'elles cessent toute activité, les autorités ayant parlé à leur égard de "réunions non autorisées".
Selon ce même rapport, des moines bouddhistes ont régulièrement tenté de fermer certains lieux de culte chrétiens et musulmans.