Armes françaises utilisées au Yemen : Parly affirme ne pas avoir de « preuves »
« A ma connaissance, ces armes ne sont pas utilisées de façon offensive dans cette guerre au Yémen et on ne peut donc pas de façon mécanique, en tout cas moi je n’ai pas d’éléments de preuve permettant de dire cela, que des armes françaises sont à l’origine de victimes civiles au Yémen », a déclaré Florence Parly, la ministre de la Défense, sur Radio Classique le 18 avril.
Rappelons qu’avant cette déclaration, la position officielle de la ministre était d’affirmer qu’aucune arme française n’était utilisée par les Émirats Arabes Unis et par l’Arabie Saoudite dans leur guerre contre le Yémen. Un pur mensonge dont le gouvernement était parfaitement conscient, et ce depuis au moins le 3 octobre 2018, date à laquelle une note classée secret défense et décrivant l’utilisation de ces armes lui a été remise.
Selon cette note, des armes françaises sont bien utilisées au Yémen, sur tous les fronts, pour appuyer « les troupes loyalistes épaulées par les forces saoudiennes dans leur progression en territoire yéménite. » Une note interne publiée par le média Disclose il y a quelques jours qui démontrent que le gouvernement a menti.
La ministre de la Défense tente aujourd’hui de sauver les meubles, en prétendant n’avoir aucune preuve que les armes françaises soient utilisées contre des civils. C’est encore une fois un mensonge, puisque la note du 3 octobre parle aussi explicitement des potentielles victimes civiles : « population concernée par de possibles frappes d’artilleries : 436 370. »
La note va plus loin : « Nous avons croisé les données de l’ONG Acled concernant des morts civiles par tirs d’artillerie avec leur géolocalisation, ou non, dans les zones de tirs des canons Caesar. Résultat : entre mars 2016 et décembre 2018, 35 civils sont morts au cours de 52 bombardements localisés dans le champ d’action de ces canons. »
L’État français et sa politique impérialiste meurtrière
Mais ces victimes civiles suffiront-elles au gouvernement français pour retirer son soutien à l’Arabie Saoudite ? La guerre n’est pas une affaire de morale, c’est une affaire d’intérêts. La vente d’armes constitue une source importante de profits pour la France et l’Arabie Saoudite est un très bon client. En outre, Édouard Philippe évoque lui-même les « intérêts sécuritaires communs » de la France et de son grand allié l’Arabie Saoudite : « la lutte contre le terrorisme et la préservation de la sécurité au Moyen-Orient ».
À l’heure actuelle, 28 millions de Yéménites vivent toujours sous les bombardements. 8 300 civils, dont 1 283 enfants, ont été tués depuis le début de la guerre, selon le Yemen data project, une ONG qui collecte et recoupe les informations sur les frappes de la coalition.
Mais que sont ces milliers de morts face à des milliards de profits ? Le commerce d’armes est l’illustration parfaite de la nature même du capitalisme, pour lequel la destruction de milliers de vies humaines importe peu si elle engendre du profit.
Ainsi, la France “pays des droits de l’homme” n’hésite pas à s’allier aux régimes les plus violents et anti-démocratiques à travers le monde si cela lui permet de protéger ses intérêts, et de faire de l’armement une des branches les plus productives et fructueuses de son industrie.