En Syrie, la pénurie d’essence paralyse les zones sous contrôle gouvernemental
La Syrie était en pays en guerre, c’est
maintenant un pays à l’arrêt. Alors que les combats ont quasiment cessé, sauf
dans la petite poche d’Idlib, dans le Nord-Ouest, la population doit faire face
à une calamité d’un nouveau genre : la pénurie d’essence. Récurrent depuis
le commencement de la guerre civile en 2011, ce problème s’est aggravé au
début du mois, du fait de l’accroissement des pressions économiques américaines
sur la Syrie, paralysant les transports et l’activité dans les zones sous
contrôle gouvernemental.
Un flot de photos et de vidéos, prises à
Damas, Alep, Homs ou Hama, les grandes villes du pays, et diffusées sur les
réseaux sociaux, montrent des scènes jamais vues en huit années de guerre
civile : des files d’attente de plusieurs centaines de mètres devant les
rares pompes encore ouvertes, des avenues traditionnellement embouteillées
quasiment vides de voitures en pleine journée, des rues encombrées d’ordures
parce que les camions de ramassage ne peuvent plus démarrer, et des véhicules
abandonnés sur le bas-côté des routes, avec plus une goutte dans le réservoir.
« Cette crise est beaucoup plus sévère
que les précédentes, affirme Saeed Abu
Zafer, un ingénieur d’Alep, joint par WhatsApp. Les rues de la ville
sont désertes, c’est comme s’il y avait un couvre-feu. » « J’ai
dû renoncer à aller au travail, car on ne trouve presque plus de taxis
collectifs », raconte Mohamed Abu Ahmed, un instituteur, qui habite la
même ville. « La plupart des usines ont cessé de fonctionner et
celles qui tournent encore, c’est parce qu’il leur reste un peu de fuel qui
sera bientôt épuisé, témoigne Mohamed Nahhas, un économiste de
Damas. C’est impossible de vivre sans essence. C’est comme si l’on
était renvoyé à l’âge de pierre. »