L'effondrement de l'économie turque

Quatorze ans après son mariage avec la fille
aînée du président turc Recep Tayyip Erdogan, Pratt Albiraq n'était pas très
connu à Ankara jusqu'à ce qu’il soit chargé, par son beau père l'année
dernière, du ministère des Finances, l'un des plus importants du gouvernement
turc.
Pratt, âgé
de 40 ans, a étudié le commerce à l’Université d’Istanbul et a ensuite rejoint
en 1999 le géantChalik Holding
Group, très actif dans de nombreux domaines, dont l’énergie et la
construction,. Trois ans plus tard, il est devenu le directeur financier de la
branche américaine du groupe.
En 2007,
Pratt a repris la direction du groupe Chalik,
qui a acheté plusieurs chaînes de télévision et journaux, tels que le journal Sabah, devenu le porte-parole
du parti d’Erdogan et la chaîne de télévision pro-Erdogan Khobar.
Pratt a
quitté le groupe, désormais dirigé par son frère Yavoz, pour se présenter aux
élections législatives sur les listes du parti de la justice et du
développement (AKP) en 2015. Il devient membre du Parlement et quelques mois
plus tard, ministre de l'Énergie.
La Turquie
a connu une importante crise économique en 2001, caractérisée par une inflation
chronique et recul de la devise nationale face au dollar (1,5 millions de lires
turques pour un dollar américain). Afin d'améliorer les conditions de vie des
citoyens turcs, Erdogan s’emploie à redresser l’économie en augmentant les
investissements à travers des facilités bancaires alléchantes.
Mais en
raison de mesures dont les conséquences futures ont été mal calculées, les
dettes turques se sont accumulées en 2017 et 2018. Une situation qui
s’aggravera encore dans les années à venir, selon les prévisions, qui laissent
à penser que les jours de prospérité sont révolus.
La lire
turque a perdu 30% de sa valeur par rapport à la devise américaine l’année
dernière.
Nommé au
ministère des Finances, le beau-fils d’Erdogan aura pour mission de traiter les
problèmes majeurs de l'économie turque notamment l'inflation, l'effondrement de
la lire turque, la hausse des taux d'intérêt et le manque de confiance des
investisseurs étrangers.
Mais la réaction des marchés financiers turques à cette
nomination ont été négatives. La lire turque a chuté d’environ 3% à peine un
jour après l’arrivée de Pratta au ministère des Finances. Même chose pour la
bourse et les taux d’intérêt sur les bons du Trésor.
Les
observateurs estiment qu'Erdogan contrôle tous les rouages de l’économie turque
et continue son plan de reconstruction de la Turquie conformément à sa vision
en imposant davantage de restrictions à ses adversaires. La seule chose qui
puisse rendre Erdogan peu enclin à avancer dans cette voie c’est l'aggravation
de la crise économique que connait Turquie actuellement, et qui signifie
finalement le déclin de sa popularité au sein de la société turque, qui lui est
restée jusqu'à présent fidèle.