Irlande du Nord: Une jeune journaliste qui couvrait les violences à Londonderry tuée par balles
A l’approche de Pâques, la violence a embrasé la ville de Londonderry, en Irlande du Nord. Une jeune journaliste de 29 ans a été tuée dans la nuit de jeudi à vendredi au cours d’échanges de tirs, une mort traitée « comme un incident terroriste » par la police nord-irlandaise.
« Je peux malheureusement confirmer qu’après des échanges de tirs cette nuit à Creggan (un quartier du nord de Derry), une femme de 29 ans a été tuée », a annoncé sur Twitter le commissaire en chef adjoint de la police nord-irlandaise, Mark Hamilton. « Nous traitons cet événement comme un incident terroriste, une enquête pour meurtre a été ouverte ». Selon plusieurs journalistes présents sur place, la victime serait Lyra McKee.
Des dissidents républicains suspectés
Selon les médias britanniques, la journaliste couvrait les violences à
Londonderry quand un homme suspecté d’être un dissident républicain, selon la BBC,
a ouvert le feu. Selon des images relayées sur Twitter par une journaliste
du Belfast Telegraph, la police nord-irlandaise a été la cible de tirs et
de jets de cocktails Molotov au cours d’une opération de sécurité dans le
quartier. « Absolument aucune excuse pour attaquer de la sorte les
collègues » des forces de police, a écrit sur Twitter la Fédération de la
police nord-irlandaise. « Ils protègent cette communauté et ne sont pas là
pour leur bien-être personnel. Un tel comportement doit être fermement condamné ».
Arlene Foster, la cheffe du parti unioniste nord-irlandais DUP, a rapidement condamné les faits, évoquant un « acte insensé » et des « nouvelles déchirantes ». « Ceux qui ont porté des armes à feu dans nos rues dans les années 70, 80 et 90 avaient tort », a-t-elle écrit en référence à la période des « Troubles », des violences qui ont déchiré la province britannique pendant trois décennies, entre républicains nationalistes (catholiques), partisans de la réunification de l’Irlande, et loyalistes unionistes (protestants), défenseurs du maintien dans la Couronne britannique. « Cela reste toujours aussi mal en 2019. Personne ne veut retourner (aux Troubles). Mes pensées vont également aux officiers courageux qui ont défendu leur communauté ».
Bloody Sunday
Le parti nationaliste irlandais Sinn Féin a également condamné « sans réserve » ces faits, qualifiant le décès de la jeune femme d'« attaque contre toute la communauté, contre le processus de paix, et contre l’accord du Vendredi Saint », signé en 1998 pour mettre fin aux Troubles, en vertu duquel le pouvoir dans la province est partagé entre le Sinn Fein et le DUP. « Nous restons unis dans notre détermination à bâtir un avenir meilleur et pacifique pour tous », a déclaré dans un communiqué Michelle O’Neill, la cheffe du Sinn Fein.
Située à la frontière avec la République d’Irlande, Londonderry, aussi appelée Derry, est tristement célèbre pour le « Bloody Sunday » du 30 janvier 1972. Des soldats britanniques avaient alors ouvert le feu sur des participants à une marche pacifique, faisant 14 morts, au plus fort des « Troubles », qui ont fait quelque 3.500 morts en trois décennies.
En janvier, l’explosion d’une voiture piégée à Londonderry, avait déjà fait craindre une nouvelle flambée de violence venant des groupes paramilitaires, en pleine tension sur le Brexit, un dossier dans lequel la frontière irlandaise constitue l’un des principaux point d’achoppement.