Deux soeurs auraient régné en même temps sur l’Égypte
Toutankhamon a été précédé
sur le trône égyptien par deux de ses sœurs, montre une analyse iconographique
minutieuse menée par une égyptologue et historienne de l'art de l'UQAM.
Les travaux de Valérie Angenot, professeure en histoire de l'art et
spécialiste de la sémiotique visuelle, laissent à penser que les deux femmes
sont montées ensemble sur le trône à la mort de leur père Akhenaton, sous un
nom de couronnement commun.
La plus jeune devait avoir 12 ans, et la plus vieille 15
ans. Elles n'ont pas régné plus de 4 ans.
Valérie Angenot
À ce moment, leur frère Toutankhamon, alors âgé de quatre ou cinq ans,
était encore trop jeune pour prendre les rênes du pouvoir.
Confusion pharaonique
Depuis une cinquantaine d’années, les égyptologues savaient qu’une reine
était montée sur le trône d’Égypte entre le décès du pharaon Akhenaton et
l’avènement de son fils Toutankhamon (-1336 à -1327 av. J.-C.)
L’étude de certaines pièces du
trésor de l’enfant-roi, découvert en 1922 par l’archéologue britannique Howard
Carter, avait révélé que Toutankhamon avait usurpé jusqu'à 80 % du matériel
funéraire d’une reine-pharaonne du nom de Neferneferouaton Ankhkheperure qui
l’avait précédée.
Les experts ont longtemps été perplexes quant à l’identité de cette femme
de pouvoir.
Plusieurs pensaient qu’il s’agissait de la reine Nefertiti, épouse
d’Akhenaton, qui se serait autoproclamée « roi » à la mort de son
époux.
D’autres estimaient qu’elle était la fille aînée d’Akhenaton, la princesse
Méritaton.
Les deux théories possédaient des arguments défendables, mais plusieurs
zones d’ombre restaient à éclaircir.
L’iconographie au service de l’histoire
Le pharaon Akhenaton, qui a eu six filles et un fils tardif, de
constitution fragile, avait épousé sa fille aînée Méritaton dans l’objectif de
la préparer à sa succession et la légitimer.
Toutefois, certains documents épigraphiques semblent indiquer qu’il a
ensuite associé au pouvoir une autre de ses filles, Neferneferouaton Tasherit,
comme « roi » d’Égypte. Les deux sœurs seraient ainsi montées
ensemble sur le trône à sa mort, sous un nom de couronnement commun, ce qui a
contribué à semer la confusion chez les experts de l’Égypte ancienne.
La Pre Angenot affirme que certaines sculptures de têtes royales anonymes
faisant référence à Akhenaton ou à Nefertiti sont dans les faits des portraits
reconnus des princesses.
C’est le cas, selon elle, d’une tête aux traits féminins préservée au
Kestner Museum de Hanovre, en Allemagne, et identifiée jusqu’alors à un
« Akhenaton jeune », bien que stylistiquement datée de la fin de son
règne.
Nouvelle théorie, nouveau débat
Ces travaux ont été présentés lors de la conférence annuelle de l’American
Research Center in Egypt qui s’est déroulée à Alexandria en Virginie, aux
États-Unis. Ils devraient être publiés dans une revue scientifique dans
quelques mois.
Il faut savoir que l’hypothèse de deux reines-pharaonnes sur le trône
d’Égypte n’avait jamais été envisagée jusqu’ici par les égyptologues.
Mon hypothèse a été étonnamment bien accueillie. Je
m’attendais à un accueil 50/50, mais plusieurs participants ont noté que
plusieurs choses avaient maintenant un sens grâce à cette explication. Cela
demeure quand même sujet à discussion, et certains s’opposent déjà à la théorie.
Valérie Angenot
Elle apporte en fait un éclairage nouveau à bon nombre d’artefacts qui font
débat depuis près d’un siècle.
Mon
hypothèse a été étonnament bien acc
En outre, Mme Angenot a dévoilé, grâce à une analyse sémiotique de la
gestuelle égyptienne, que l’acte de « caresser le menton » qui figure
sur la stèle n’était attesté dans le répertoire iconographique égyptien que
pour les filles d’Akhenaton et Nefertiti.