Qui sont ces Capdenacois partis faire le djihad en Syrie ?
Plusieurs personnes passées par l’Aveyron
sont parties sur les zones de combat en Syrie, aux côtés de l’État islamique,
il y a plusieurs années. Certaines d’entre elles ont été arrêtées alors que
Daesh vient tout juste de perdre son califat et ses derniers bastions. Reste
une question : que vont-elles devenir ?
Mars 2019 : le califat de Daesh et ses derniers bastions tombent sous les
bombes. Pour autant, personne ne crie victoire. L’idéologie est toujours aussi
vivace et la lutte contre le terrorisme loin d’être finie. Aujourd’hui, une
question revient sur toutes les lèvres : que vont devenir les combattants
français partis en Syrie ces dernières années ? En Aveyron aussi, on suit cette
actualité de près, car plusieurs djihadistes sont passés par le département
avant de rejoindre les rangs de l’État islamique. Tous ont un point commun :
Capdenac, tant du côté aveyronnais que lotois. Et font partie de la même
famille. D’ailleurs, si l’on se fie à un célèbre moteur de recherche, l’un
d’entre eux, Thomas Collange, posséderait toujours une adresse dans la commune
aveyronnaise, au 6 de la rue Carnot. Et le numéro de téléphone de son
entreprise de programme informatique, créée en 2011, s’affiche toujours ! Mais
inutile d’appeler, l’homme a définitivement rejoint la Syrie en 2014 et se
retrouve actuellement entre les mains de l’armée kurde, après son arrestation
en décembre 2017.
"Un véritable inconnu" pour le maire de Capdenac
Aujourd’hui âgé de 36 ans, le djihadiste "aveyronnais", répondant
au nom d’Abou Mokhtar depuis sa conversion à l’Islam, faisait l’objet d’une
fiche S depuis le début des années 2000 et a effectué plusieurs allers-retours
au Proche-Orient avant de rejoindre définitivement Daesh. Qualifié de "très
discret", il n’aurait jamais fréquenté les mosquées du
département. Selon plusieurs informations, il serait un membre influent de la
filière d’Artigat (Ariège), rendue célèbre après les attentats de Mohamed
Merah, où il rendait très souvent visite à Olivier Correl, connu comme
"l’Émir Blanc".
Interrogé sur le sujet, le maire de Capdenac-Gare, Stéphane Bérard, dit ne
pas connaître Thomas Collange : "C’est un véritable
inconnu. On m’a déjà interrogé sur son adresse ici et il y a eu plusieurs
investigations policières mais franchement, je n’ai jamais entendu parler de
lui… Pourtant, on est un tout petit village dans lequel tout le monde se
connaît."
Demi-frère de Kévin
Gonot
Mais alors, pourquoi Thomas Collange a-t-il posé ses valises à Capdenac ?
Certainement pour se rapprocher de sa famille et d’un certain Kévin Gonot, son
demi-frère rebaptisé Abou Sofyan, installé dans le hameau du Soulié, de l’autre
côté de la rivière, à Capdenac-le-Haut, dans le Lot voisin. Les deux hommes,
qui seraient natifs de Figeac, sont d’ailleurs partis ensemble en Syrie. Avant
que leurs familles ne les rejoignent dont plusieurs enfants et une certaine
Jennifer Clain, l’épouse de Kévin Gonot et la nièce de Fabien et Jean-Michel
Clain, deux personnages du djihad français.
Après s’être converti à l’Islam à la suite de plusieurs voyages en Egypte,
Kévin Gonot a rejoint le Front al-Nosra en Syrie – ex-branche d’Al-Qaïda –
avant de prêter allégeance au "calife" autoproclamé de l’EI, Abou
Bakr al-Baghdadi. Le Capdenacois aurait également pris une part active dans
l’organisation des attentats de Paris, le 13 novembre 2015. À l’instar de
Thomas Collange, il a été arrêté ces dernières semaines et remis à l’armée
irakienne. Deux autres familles passées par l’Aveyron ont également rejoint
Daesh et la Syrie, il y a plusieurs années. Aucune information n’a filtrée même
si elles font toujours l’objet d’un suivi par les services de l’Etat.
Sont-elles prisonnières ? Seront-elles jugées en Irak, comme Kévin Gonot qui
risque la peine de mort ? Tenteront-elles de revenir dans l’Hexagone ? "La
seule chose que je peux vous dire, c’est que si une personne devait revenir en
France, dans n’importe quelle condition, y compris de façon irrégulière […] en
franchissant la frontière, nous l’interpellerons et nous la mettrons à
disposition de la justice parce que nous connaissons ceux qui sont sur
place", a indiqué il y a plusieurs semaines le ministre de
l’Intérieur, Christophe Castaner.