Emmanuel Macron, "un Président mal-aimé"
Les Gilets jaunes face à Emmanuel Macron? Un
problème de reconnaissance et de demande d'amour, estime dans
le JDD le psychanalyste Michel Schneider*
"Le président Macron voulait mettre la
France en marche, mais les Gilets jaunes, en bloquant l'espace, ont voulu
arrêter le temps. L'un et les autres ont-ils voulu faire un arrêt sur image?
Leur image? La guerre des samedis ne fut-elle qu'une bataille de narcissismes
entre individus en mal de reconnaissance? Au-delà des revendications sociales
et des mesures économiques, des questions identitaires se jouaient non
seulement entre quelques dizaines de milliers de manifestants et Macron, mais
entre les Français et leur Président, élu avec 20.743.128 voix et devenu celui
que nombre d'entre eux aiment haïr.
Il a très mal vécu d'être
détesté (mais qui aime être haï?) et surtout de ne pas être reconnu pour ses
mérites. Derrière la plainte de ne pas être entendu se tient toujours la
demande inconsciente d'être aimé. Il y avait d'un côté quelque chose de pathétique
dans ces appels à l'État et à son chef de la part d'une catégorie sociale dans
une souffrance plus imaginaire que réelle ou symbolique. Le 'ressenti' n'est
jamais loin du ressentiment : c'est la faute à… Sous le "Macron, on te
hait", on pouvait entendre : 'Mais pourquoi ce mépris? Tu ne nous aimes pas.'
En face, que dire de la
demande d'amour du Président lui-même qui, au début du mouvement, avait
pourtant déclaré : 'Je ne crois pas que les Français attendent que je les aime
et je n'attends pas d'eux qu'ils m'aiment." Sages paroles ou dénégation ?
"Le pire, aurait-il dit, c'est quand les gens sont indifférents ; quand il
y a de la haine, c'est qu'il y a aussi une demande d'amour.'"
*Auteur de "Big
Mother, psychopathologie de la vie politique" (Odile Jacob) et
"Miroirs des princes" (Flammarion)