Pour leur 22e samedi consécutif de manifestations, les gilets jaunes vont tenter de faire nombre à Toulouse, "capitale" proclamée de la mobilisation. Il s'agit aussi du premier "acte", selon leurs termes, depuis l'entrée en vigueur de la loi "anti-casseurs", proposée à l'origine par la droite sénatoriale puis reprise à son compte par le gouvernement.
Les rassemblements prévus, également à Paris Marseille, Grenoble, Lille... interviennent en tour de chauffe d'une nouvelle "grande journée" promise par les gilets jaunes le 20 avril, après les annonces attendues d'Emmanuel Macron pour boucler le grand débat national.
"Tout ne fait que commencer"
Sur les réseaux sociaux, les manifestants de Toulouse sont appelés à "montrer que tout ne fait que commencer après les résultats du gros débat", ou à poursuivre la lutte "contre Macron et son monde".
Surfant sur une forte mobilisation dans cette ville depuis le début du mouvement - avec jusqu'à 10.000 manifestants recensés en janvier - les gilets jaunes comptent notamment sur des renforts de Bordeaux et Montpellier, et la présence de figures de la contestation, Priscilla Ludosky ou Maxime Nicolle. Quelque 600 personnes avaient consulté vendredi soir un site consacré à l'hébergement entre gilets jaunes dans la Ville rose.
"Volonté d'en découdre"
Des militants redoutent toutefois un effet vacances, amaigrissant les cortèges après le recul de mobilisation déjà enregistré la semaine dernière. Non-déclarée et interdite d'accès, comme depuis fin mars, sur la place emblématique du Capitole, la manifestation doit démarrer à 12 heures, après divers happenings prévus plus tôt.
Évoquant une "volonté d'en découdre" des mobilisés dans la ville, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner a prévenu vendredi qu'il y aura un dispositif "proportionné". Plus de 800 policiers et gendarmes seront déployés dans les rues, selon La Dépêche du Midi.
Violences en baisse
S'ils se soldent toujours par des heurts, brefs ces dernières semaines, entre policiers et manifestants, les cortèges toulousains ont beaucoup perdu en violences et dégradations depuis le lancement du mouvement le 17 novembre.
Christophe Castaner a par ailleurs rappelé l'entrée en vigueur jeudi de la loi anti-casseurs, qui instaure notamment un délit de dissimulation du visage dans les manifestations.
À Paris, ce dispositif, partiellement censuré par le Conseil constitutionnel et dont une cinquantaine d'organisations ont demandé l'abrogation, sera dans le collimateur des manifestants.
"Loi liberticide"
Un premier cortège parisien, déclaré par des gilets jaunes pour "la défense du droit de manifester" et "l'abrogation de la loi liberticide" doit aller jusqu'à la place de la République, d'où s'élancera ensuite une marche pour "la liberté de manifester", organisée par plusieurs associations (dont LDH, Amnesty, Attac, Unef, SOS Racisme...).
La préfecture de police a pris un arrêté interdisant tout rassemblement de gilets jaunes sur les Champs-Élysées et les rues perpendiculaires. Régulièrement imposées depuis la mi-mars, les interdictions partielles de manifester concernent aussi nombre d'autres villes comme Lille, Lyon ou Montauban.
La semaine dernière, la 21e journée de mobilisation avait rassemblé 22.300 personnes dans les rues, selon le ministère de l'Intérieur, soit le plus faible décompte officiel depuis novembre.
"On a perdu tout le sens de la revendication"
Sur la page Facebook du "Nombre jaune", les gilets jaunes revendiquaient eux bien plus du triple. Mais la possibilité d'un sursaut en riposte à la tentative de reprise en main du chef de l'Etat inquiète, comme Christophe Castaner s'en est fait l'écho.
"La menace semble plus forte pour le 20 avril, vous avez vu un certain nombre d'appels qui invitent quasiment à détruire Paris. Je crois qu'aujourd'hui on a perdu tout le sens de la manifestation, on a perdu tout le sens de la revendication, il n'y en a plus. C'est le rituel du samedi", a-t-il déploré.