Le livre « Retour à l'ombre… », Guide sur le retour des islamistes dans leurs sépultures secrètes (Les Frères musulmans comme modèles)
Après le prétendu Printemps arabe, la confrérie des Frères musulmans ont pu remporter de nombreux succès. Elle a remporté les élections présidentielle et législatives en Égypte et est devenue un acteur majeur sur la scène libyenne après la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi, ancien président de Libye.
En Tunisie, le Mouvement de la Renaissance (Nahda en arabe) a réussi à contrôler le gouvernement de coalition formé après la révolution, ce qui a permis aux groupes islamistes d'atteindre le sommet de la pyramide politique dans les différents pays arabes après 80 années de travail à l'ombre. Mais cela n'a pas duré longtemps. La confrérie des Frères musulmans a chuté après la révolution du 30 juin en Egypte.
Alison Pargeter, chercheuse dans les affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, a examiné, dans le livre « Le Retour à l'ombre des Frères musulmans et Ennahda » depuis le printemps arabe (publié en 2016) la volatilité dramatique constatée au sein de l’islamisme politique après la chute des Frères musulmans en Égypte, la faiblesse de la Libye et l'échec du Mouvement de la Renaissance en Tunisie à prouver sa crédibilité auprès des citoyens.
Les motifs et buts
Alison a commencé son livre en discutant des raisons qui ont amené les Frères musulmans au premier plan après les révolutions du Printemps arabe et de la manière dont le groupe et ses différents branches dans les pays révolutionnaires ont exploité la faiblesse des autres forces politiques et ont réussi à contrôler les rênes du gouvernement.
La chercheuse a ensuite abordé les facteurs de l'effondrement des Frères musulmans en Égypte et de son bras politique représenté par le Parti pour la liberté et la justice, à savoir : la confrérie dans son ensemble n'avait pas adopté de mécanismes politiques appropriés pour les conditions politiques et sociales et la situation révolutionnaire de l'époque. Elle n’a pas pu par conséquent communiquer avec les jeunes de manière objective.
Elle n'était pas prête à prendre le pouvoir après avoir été dans l'ombre depuis des décennies et n'avait pas non plus de programmes économiques ou politiques clairs,
mais ses promesses étaient incomplètes car elles affectaient le statut et l'image de l'opinion publique arabe.
Les raisons politiques
Sur le plan politique, Alison estime que les groupes islamistes, dirigés par les Frères musulmans, manquent d'expérience politique, de compréhension des changements politiques mondiaux et de problèmes d'organisation et de structure, ainsi que de leur désir rapide d'avoir l’hégémonie politique sur le pouvoir.
L'auteure a ajouté que le travail clandestin de ces organisations avait un impact sur elles-mêmes: les mécanismes de recherche de supporters n'étaient pas connus au-delà de leurs règles de base, ce qui leur avait valu de gagner un grand nombre d'opposants.
Sur le plan organisationnel
Alison constate que la capacité de mobilisation des Frères musulmans est l’un des facteurs du pouvoir dans les organisations du mouvement islamiste et a contribué à l’obtention de plusieurs droits électoraux, comme ce fut le cas lors de la victoire du président déchu Mohamed Morsi en Égypte.
Cependant, selon l'auteure, ces facteurs ont contribué à l'accélération de la chute des groupes du mouvement islamiste: ils étaient dépassés par la capacité de mobiliser pour ne pas avoir besoin d'une coordination politique avec d'autres forces politiques actives dans leur pays d'origine. A cela s’ajoute leur velléité de fraterniser l'Etat égyptien.
Alison est d'avis qu'il existe aussi des raisons idéologiques, du moment où les idées des groupes islamistes ont été caractérisées par une distanciation intellectuelle, l'approche opportuniste de ces organisations depuis leur création et la possibilité de sacrifier leurs partisans en échange de gains et de victoires politiques à court terme.
La fin…
Alison constate que l’avènement au pouvoir des Frères Musulmans et d’autres mouvements islamistes a mis en lumière le fossé qui sépare les actes réels des membres de ces groupes et leurs pratiques réelles.
L’auteure met en garde contre l'utilisation par les groupes du pragmatisme des Frères musulmans, qui ont profité de la période post-révolutionnaire pour mener
une vie politique active. La raison pour laquelle elle conseille de bien étudier ces organisations à l’avenir.
Selon de nombreux observateurs, la chute des Frères musulmans en Égypte après la révolution du 30 juin 2013 et la fin du courant politique islamiste ont estimé que la chute du groupe entraînerait la chute d'autres organisations et les entrerait dans le labyrinthe de la dégradation de manière générale.
Cependant, l'auteure estime qu'il est trop tôt d’insister sur ce point, d'autant plus que certains bras des Frères continuent de jouer un rôle politique dans certains pays, comme le Parti de la Renaissance en Tunisie ou le Rassemblement pour la réforme au Yémen.
Les mouvements de l'islamisme politique ne se limitent pas au parti politique terroriste dissout des Frères musulmans (Partie de la liberté et de la justice) en Egypte. Ils s'étendent plutôt à plusieurs autres groupes et organisations de multiple image, dont certains ont bénéficié des erreurs commises par le groupe égyptien.