"La confrérie internationale"... "un cancer" frériste qui ravage le monde
A l'issue de l'attentat manqué contre le président Gamal
Abdel Nasser, au quartier Manchiya à Alexandrie, l'organisation des Frères
musulmans avait été dissoute. Un blocus politique fut imposé à ses membres. Les
Frères d'Egypte ne pouvaient donc que contacter, clandestinement, leurs
homologues à l'étranger, pour ainsi rouvrir l'ancien bureau exécutif. Des
années durant, plusieurs rencontres ont été organisées, prenant une forme
régulière, avec la présence d'un représentant de chaque Etat où se trouve une
filiale de l'organisation-mère de l'Egypte. Ces rencontres avaient été tenues
dans plusieurs pays, dont entre autres, l'Arabie Saoudite, la Turquie, la
Jordanie et quelques pays européens.
Après que la forme générale de la confrérie
internationale s'est crystallisée, quelques restructurations essentielles
avaient été effectuées sur le statut de l'organisation, afin qu'il s'adapte à
la nouvelle situation.
Ainsi, le choix du Guide suprême est-il devenu la
responsabilité du conseil général de la choura, dont les représentants sont
élus de tous les pays. La formule du serment, prêté par chaque membre - pour
jurer engagement aux approches des Frères et totale obéissance à la Direction
tant que loin du péché - , avait été également modifiée vers "une formule
de pacte". Autrement dit, la personne s'engage- au lieu de jurer.
L'allégeance est devenue absolue et générale, après qu'elle était au Guide,
comme dictait le statut avant son amendement.
Quelques dirigeants des Frères ont en vain essayé de
dénier la présence de la confrérie internationale, tout comme lorsque le fameux
cadre Frère en Allemagne, Youssef Nada, également ancien émissaire des Frères
pour les relations extérieures, avait déclaré lors d'une interview à la
télévision sur la chaîne "BBC Arabia", diffusée en octobre 2009 :
"La soi-disante oganisation internationale des Frères musulmans n'existe pas",
a-t-il souligné, qualifiant cette organisation "d'être une rumeur à
laquelle beaucoup de Frères ont cru". Cependant, la réalité est toute
autre, au niveau de l'engagement intellectuel et structurel dicté par le statut
de l'organisation.
La structure administrative et les mécanismes d'action
La Confrérie internationale est constituée de
représentants des organisations Frères, au sein des différents pays. Chacune de
ces organisations travaille conformément aux constitutions et aux lois
intérieures de ces pays. Elles ont, chacune, leurs problèmes et les défis
auxquels elles font face.
L'organisation internationale se compose d'un conseil de
la choura et d'un bureau du Guide suprême. Le conseil de la choura est composé
de 33 à 35 membres, dont le groupe des 8. Le statut intérieur a dicté que les
membres de ce dernier soient du même pays que le Guide. Le reste des membres
dudit conseil représentent les autres pays arabes, américains et européens. Ils
sont désignés par les filiales de la confrérie dans ces pays. Ils se réunissent
tous les deux ou trois mois, d'après les circonstances et les nouveautés sur la
scène. Certains membres peuvent parfois ne pas prendre part aux réunions à
cause des conditions sécuritaires dans leurs pays.
Le mandat du conseil de la choura est de 4 ans. Sa
mission- à sa première réunion- est de choisir ou d'élire le bureau du guide
suprême, qui regroupe 13 membres, dont entre autres le groupe des 8. Les Frères
d'Egypte sont considérés comme la base de la confrérie internationale. Le
Bureau du guide suprême se réunit chaque mois à Londres, d'après les conditions
politiques. Parfois, c'est le groupe des 8 qui se réunit uniquement en Egypte,
s'il est difficile de se réunir à Londres. L'ancien siège principal était en
Allemagne.
La confrérie internationale prend ses décisions de façon
centrale ou décentralisée. Cela signifie que certains dossiers peuvent être
discutés et décidés par toutes les entités Frères au sein de la grande
organisation, comme par exemple, les questions concernant tous les musulmans
dans le monde, telles que la cause palestinienne et la confrontation de
l'islamophobie, ou bien la position de l'occident à l'égard de l'islam. Les
résolutions décentralisées concernent notamment les problèmes de chaque
organisation Frère dans le pays où elle opère.
Ces questions n'intéressent pas la confrérie
internatioanle, tant que chacun sait ses affaires, tout comme ce qui s'est
passé en Irak, lorsque les Frères dans ce pays ont pris part au conseil
américain de gouvernance sous la direction de Bremer, et ce qui s'est passé en
Algérie, lorsque les Frères y ont décidé d'entrer pour la première fois dans
l'expérience des élections présidentielles.
L'ancien premier adjoint du guide suprême des Frères
musulmans, Dr Mohamed Habib, révèle une vérité extrêmement dangereuse. Il dit
que l'ancien régime de Mohamed Hosni Moubarak tenait à "égyptianiser"
la direction de la confrérie et à maintenir la présence de l'organisation
internationale en Egypte, pour l'utiliser comme une carte de pression politique
sur d'autres régimes où se trouvaient des filiales de la confrérie, et afin que
le régime Moubarak puisse pratiquer une sorte de tutelle sur ces régimes.
Habib souligne que la confrérie internationale prend une
dimenion médiatique beaucoup plus grande que sa vraie taille, et que les médias
n'ont aucune idée suffisante de la structure intérieure des Frères. Ainsi,
beaucoup d'experts de médias n'ont-ils pas lu le statut intérieur de la
confrérie, comme allègue Habib.
L'ancien dirigeant Frère a révélé la présence d'une
coopération au niveau des services de renseignements, entre Londres qui
abrite la confrérie internationale, et les organes égyptiens. Les
réunions de la confrérie à Londres ont été enregistrées et envoyées à l'Egypte.
Il prévoit ainsi le transfert du siège de la confrérie vers la Turquie dans
l'avenir, si des problèmes surgissent entre la conférie et la Grande-Bretagne.