Publié par CEMO Centre - Paris
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"Le Front salafiste" : le mélange des idées de "Qotab et la doctrine "d'Al Banna"

lundi 11/juin/2018 - 05:02
La Reference
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Par Mohamed Kamel

 

Le 30 septembre 2005, une affaire avait fait grand tapage. Le quotidien danois Jyllands-Posten publiait douze caricatures controversées du prophète Mohamed (Paix et salut sur lui). L'une d'elles, notamment, montrait le Prophète (SAW) coiffé d'un turban en forme de bombe et à la mèche allumée. D'autres journaux dans le monde les avait alors reproduites, dont le magazine norvégien "Magazienette" et le journal allemand "Die Welt", et très rapidement cette histoire avait embrasé le Monde musulman.

 

Le groupe des Frères musulmans en Egypte a, à son tour, saisi l'occasion et appelé à boycotter les produits danois et a également appelé à des manifestations dont l'objectif déclaré est de défendre le prophète (Paix et Salut soient sur lui) alors que celui non déclaré est de savoir l'ampleur de la réponse de la rue auxdites manifestations ainsi que la position des organes de sécurité quant à elles.

 

Toutefois, de nombreux ulémas salafistes, dont Oussama El Qosi,  ont des avis différents vis-à-vis des campagnes de boycott et des manifestations qu'avaient lancées les Frères musulmans. Pour ce, ils ont émis une fatwa jugeant que c'est harâm et injuste de manifester, se basant ainsi sur des preuves à caractère salafiste. Pour leur part, les Frères musulmans ne pouvaient pas y répondre et ont eu recours à un groupe de jeunes de "Mansoura" et des villages limitrophes au Delta (Basse Egypte) appartenant au courant salafiste qotbi pour riposter à la fatwa du boycott. Les plus imminents de ces jeunes sont Khaled Saïd, Achraf Abdel Moneim, Hicham Kamal et Ahmed Mawlana. Les jeunes ont excellé dans leurs campagnes et créé dans la rue égyptienne "un avis salafiste" à l'opposé de l'avis qui jugeait illicite le boycott des marchandises danoises et des manifestations et qui incitait au boycott, aux manifestations et aux activités fréristes. Au lendemain de la Révolution populaire du 25 janvier 2011, ces jeunes ont lancé ce qu'ils ont appelé "Le Front salafiste ».

 

Le Front salafiste s’introduit -dans son premier communiqué- sur son compte officiel sur le réseau social comme suit: un Mouvement et un courant ou un groupe de pression comprenant de nombreux blocs salafistes dans de divers gouvernorats ainsi que des symboles indépendants du même courant. Malgré cette définition, le courant dominant au sein du Front était du courant salafiste qotbi influencé par Abdel Meguid Al Chazli, le fondateur du groupe "Dawat Ahl Al Sunna wal djama'a à la renaissance de la nation". Il était un des théoriciens les plus imminents de la doctrine de Sayyed Qatb et son frère Mohamed Qotb et a associé ses pensées à la doctrine salafiste, ce qui a contribué à l'émergence du courant qotbi au sein du salafisme.

 

Le Front salafiste considère le salafisme qotbi et des expressions de Sayyed Qotb comme une doctrine. Pour eux, tout gouverneur est un tyran et tous les régimes du pouvoir non islamique sont despotes.

 

Les activités du Front se basent sur l'histoire glorieux du courant salafiste contre le despotisme, ce qui confirme la synchronisation. Le Front salafiste s’est dissoute au sein du Front, tout comme le groupe des Frères musulmans à l'opposé des Salafistes qui jugent illicites les manifestations et la formation des partis à l'exception d'Al Dawa salafiste qui a interdit l'action partisane avant le 25 janvier 2011.

 

Un peu plus tard, Al Dawa salafiste se retire sur sa position argumentant ainsi l'action partisane et a fondé le parti Al Nur ainsi que celui d’"Al-Fadila" à référence qotbi qui l'a fondé Mahmoud Fathi.  

 

Les autres courants salafistes interdisent l'action partisane et toutes les formes qui en découlent dont la participation parlementaire. Mais, le "Front salafiste" ne se limite pas à soutenir les partis voire à appuyer également les manifestations et sa présidence. C'est ce qu'il a annoncé dans son communiqué d’introduction pour atteindre ses objectifs, il opte pour "les manifestations et les sit-in pacifiques, le soutien aux partis islamiques et parfois la coalition avec les partis non islamiques, les colloques et les conférences au sens propre du terme qui accueillait parfois des figures appartenant aux autres courants différents, le soutien aux réseaux des sociétés civiles  et aux familles universitaires, aux organismes des droits de l’Homme et syndical et aux autres activités de la société civile".   

 

La formation du Front salafiste comprend nombres de bureaux dont essentiellement le bureau religieux présidé par Achraf Abdel Moneim et le bureau politique avec comme membre le géologue Ahmed Mawlana, qui était aussi le porte-parole du Front. Celui-ci s’active dans les universités et les mosquées surtout dans le gouvernorat de Daqahliya et les autres gouvernorats adjacents au Delta du Nil.

 

 Le recrutement des enfants  

 Le Front avait également une activité  sociale et de prédication, pour ainsi se propager encore davantage dans les mosquées et former les enfants à ses programmes salafistes. Le but était de préparer les petits pour les recruter à leur bas âge.

Le Front avait des plans pour un certain nombre d'activités et de manifestations, dont "le sit-in d'Abbassiya" en face du ministère égyptien de la Défense non loin de l'Université d'Ain Chams, en collaboration avec le Mouvement "Hazemoun" formé des partisans de Hazem Abou Ismaïl. L'objectif derrière ce sit-in était de voir le Conseil militaire renoncer au pouvoir en faveur du conseil présidentiel. Les forces de sécurité ont réussi à disperser ce sit-in le 2 mai 2012.

Le Front salafiste a refusé d'appuyer Abou Ismaïl à l'élection présidentielle, annonçant son engagement à appuyer le candidat démissionné des Frères, Abdel Moneim Aboul Fotouh, lors du premier tour des élections. Alors qu'au second tour, le Front salafiste a annoncé soutenir le candidat des Frères, Mohamed Morsi.

Le Front a également pris part à une grande manifestation sur la Place Tahrir le 29 juillet 2012, connue au niveau des médias sous le nom "Le vendredi de Qandhar", puisqu'elle se limitait juste aux mouvements islamiques. Le Front salafiste a également pris part aux sit-in de Rabaa et d'Annahda, le 28 juin 2013. Mais ses membres se focalisaient surtout sur la place Annahda en face de l'Université du Caire.

Le Front salafiste a intégré l'entité formée par les Frères qui était connue sous le nom de "L'Alliance d'appui à la légitimité", créée le 27 juillet 2013 et qui visait le retour du président Frère déchu, Mohamed Morsi. Cette Alliance a appelé à une soi-disante "révolution des jeunes musulmans" sur toutes les places d'Egypte, le 28 novembre 2014. Ces appels n'ont toutefois pas eu d'échos.

Les organes de sécurité ont arrêté de nombreux leaders du "Front salafiste" accusés pour avoir incité à la violence et aux manifestations alors que le coordinateur général du Front, Khaled Saïd s'installait en Turquie puis en Syrie et en Libye. Pendant la période d'arrestation de nombreux leaders du Front dans le cadre du procès N.682/2014 connu médiatiquement sous le nom "Front salafiste" dont les principaux accusés sont un prof de critique et de rhétorique à la faculté des études islamiques, un certain nombre de ses leaders incarcérés a émis des idées qui se fusionne avec le côté intellectuel qu'avait lancé le président de la commission religieuse au Front salafiste dans son livre "Dialogues chaudes derrière les barreaux froids" dans lequel il a abordé les idées des membres de Daesh emprisonnés. En avril 2016, le Parquet de la Sureté de l'Etat a ordonné d'acquitter le membre du bureau politique du Front salafiste Ahmed Mawlana, Magued Ahmed et Mohamed Abdel Rahmane qui étaient accusés dans le cadre du procès connu sous le nom du "Front salafiste". Tout en prenant des mesures préventives, la Cour pénale du Caire a ordonné, en novembre 2016, d'acquitter 13 membres du "Front salafiste", accusés d'avoir dirigé et formé des groupes  hors-la-loi et appelant à la subversion et à l'entrave de la Constitution.  

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