Publié par CEMO Centre - Paris
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Syrie: les familles du groupe Etat islamique réunis dans le camp d'Al-Hol

samedi 30/mars/2019 - 09:06
La Reference
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Les combattants arrêtés par les Forces démocratiques syriennes ne se trouvent pas dans ce camp où les conditions de vie sont extrêmes.

Plus de 70.000 personnes s'entassent dans des conditions critiques, entre les tentes inondées, les enfants souffrant de diarrhée ou les mères incapables d'allaiter parce qu'elles ne mangent pas assez: le camp d'Al-Hol en Syrie (à quelques centaines de kilomètres de Baghouz) abrite les civils et familles de l'État islamique (EI) qui ont fui les derniers réduits tenus par le groupe. La capacité initiale des lieux était de 20.000 places. Ce sont essentiellement des femmes et des enfants qui se trouvent là. Les djihadistes arrêtés sont détenus ailleurs.

Dans les allées, rendues boueuses par la pluie, on parle syrien, irakien, français, allemand. Souvent pour dénoncer le manque de nourriture et de soins. «C'est une vie tragique. On manque de tout. J'ai dû emprunter de l'argent pour acheter des couches», a dit à un journaliste de l'AFP Najwa Jolane, coincée là depuis trois mois et demi. Des milliers d'étrangers ont été recensés. «Le nombre d'étrangers de Daech présents dans le camp» d'Al-Hol dépasse les 9000, dont plus de 6500 enfants, a déclaré à l'AFP le porte-parole des autorités kurdes en Syrie, Luqman Ahmi. Ces personnes viennent de France, d'Allemagne, ou de Belgique notamment.

Sur place, les tentes s'étalent à perte de vue, des bâches blanches frappées du logo de l'agence de l'ONU pour les réfugiés, au milieu des flaques d'eau, des monticules de poubelles et des grosses citernes rouges où les déplacés viennent s'approvisionner en eau.

Les familles les plus chanceuses ont leur propre tente, les autres cohabitent dans de grands hangars couverts. Les combattants de l'EI arrêtés par les Forces démocratiques syriennes ne se trouvent pas dans le camp avec leurs proches mais sont emprisonnés par les autorités kurdes dans la région semi-autonome qu'elles contrôlent.

Devant les hangars du Programme alimentaire mondial (PAM), se trouvent des files interminables de femmes. Toutes portent le niqab noir.

Selon les agences humanitaires, la situation est dramatique à Al-Hol, où femmes et enfants représentent 70% de la population. Les autorités kurdes ont tiré à plusieurs reprises la sonnette d'alarme et réclament inlassablement de l'aide.

Le président du Comité international de la Croix-Rouge, Peter Maurer, a appelé dans Le Monde le 23 mars dernier la communauté internationale à faire preuve de «courage moral» pour assister les déplacés du camp d'Al-Hol. «La réponse tarde car beaucoup de pays, qui comptent des ressortissants dans ce camp, négligent ce problème humanitaire. Ils considèrent que ces personnes ont été proches de l'EI, que ces femmes ont suivi leur mari, et qu'elles ne méritent donc pas d'aide», a-t-il dit, s'estimant pessimiste pour l'avenir: «(...) tant du point de vue de la sécurité, des tensions ou du manque d'aide humanitaire, la situation actuelle n'est pas tenable dans la durée».

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