"Aujourd'hui plus que jamais, le pays a besoin de nous" : en Algérie, des étudiants sont moins tentés par un départ à l'étranger
Karima, 19 ans, a elle aussi pensé à quitter l'Algérie. Elle souhaitait aller à l’étranger pour laisser libre cours à sa créativité. Mais partir n’est plus d’actualité pour cette future architecte. "À l'extérieur, quand on exerce le métier, on le fait avec plus de finesse, de liberté, raconte l'étudiante. Ici, on est canalisés par beaucoup de choses. Mais là, avec le mouvement, je me dis qu'au contraire c'est une opportunité. Donc si à la fin on a gain de cause, c'est une expérience inouïe de pratiquer le métier ici, et de construire son pays. Cela ouvre des portes à un bel espoir."
Mais Hamza, lui, ne veut pas attendre car même si le peuple obtient le changement cela prendra du temps. À Raïs Hamidou, sur la côte ouest d’Alger, le jeune homme assis sur un rocher regarde la Méditerranée. Dix jeunes gens de sa commune sont morts l’année dernière, des "harragas", des brûleurs de frontières qui ont tenté la traversée pour trouver un avenir meilleur en Europe. "Le plus âgé, il n’avait que 15 ans... Que Dieu les garde." Hamza a essayé deux fois. Il prépare sa troisième tentative. "Il n'y a que du chômage ici. J’ai 26 ans, je n’ai pas de boulot, pas d’argent, rien, je n’ai pas d’espoir. On va se débrouiller. Acheter du matériel, de l’essence, et salam alikoum !" Si la mer le permet, il partira dans quelques semaines, avant le début du ramadan, et sans regret, jure-t-il.