Les prétendants affûtent leurs lames depuis plusieurs mois déjà mais, jusqu'à présent, aucun n'a encore osé revêtir le costume de Brutus. La première ministre britannique, Theresa May, leur a finalement épargné cette peine, annonçant mercredi qu'elle quitterait ses fonctions si les députés adoptaient son accord sur le Brexit. Un nouveau vote, le troisième, pourrait intervenir ce vendredi et lancer la succession. Seulement, un dernier obstacle s'oppose encore aux prétendants: le parti nord-irlandais DUP, dont les dix députés sont indispensables à Theresa May, refuse de la soutenir.
Voici une liste des prétendants déclarés ou possibles à sa succession au sein du Parti conservateur.
Boris JOHNSON. - L'ancien maire de Londres a été l'un des premiers brexiters à annoncer son ralliement dans le Telegraph. «BoJo», 54 ans, n'a jamais caché ses intentions. Au gouvernement, l'ex-ministre des Affaires étrangères savonnait déjà la planche de Theresa May, espérant lui ravir une place qui lui semblait déjà acquise après la victoire du «Leave» au printemps 2016. Il a ensuite quitté le gouvernement avec fracas l'été dernier, critiquant le plan Checkers de Theresa May. Reste que sa forte personnalité est loin de faire l'unanimité auprès des députés conservateurs. Cela pourrait lui coûter très cher car c'est à ces derniers que reviendra le privilège de désigner les deux finalistes qui seront présentés aux adhérents du parti.
Michael GOVE. - Autre figure de la campagne pour le «Leave» en 2016, il avait préféré lâcher Boris Johnson et courir sous ses propres couleurs. Depuis, Michael Gove, 51 ans, a fait son possible pour gommer cette image de félon qui lui colle à la peau. Le ministre de l'Environnement est d'ailleurs resté jusqu'au bout auprès de Theresa May alors que tout le monde le voyait quitter le gouvernement en novembre après la validation de l'accord de sortie par le gouvernement. Cette longévité l'a sans doute coupé des brexiters les plus fervents mais elle fait de lui le candidat de la réconciliation. Il fait d'ailleurs figure de favori auprès des bookmakers devant Boris Johnson.
Jeremy HUNT. - Le ministre des Affaires étrangères s'est lui converti au Brexit. En effet, Jeremy Hunt, 51 ans, menait campagne pour le maintien dans l'UE il y a trois ans et a même brièvement caressé l'idée d'un second référendum. Il dit avoir depuis changé d'avis devant «l'arrogance» avec laquelle les Vingt-Sept ont conduit les négociations. Avant de succéder à «BoJo» au Foreign Office, il a battu un record de longévité au poste de ministre de la Santé, qu'il a occupé pendant près de six ans. Ce mandat mouvementé pourrait avoir laissé des traces dans l'opinion. Au plus fort d'une grève des internes, en février 2016, il avait écopé du titre de «politique le plus détesté du pays» dans un sondage.
Sajid JAVID. - Le ministre de l'intérieur, 49 ans, pourrait également tirer son épingle du jeu. Fils d'un immigré pakistanais arrivé à Londres en 1961 avec une livre en poche, cet ancien banquier d'affaires est un homme ambitieux. À la tête du Home Office depuis avril 2018, il a su séduire son parti notamment par sa gestion du scandale «Windrush» lié à l'immigration. Mais il a dernièrement essuyé de nombreuses critiques pour avoir déchu de sa nationalité Shamima Begum, une Britannique de 19 ans partie rejoindre l'État islamique. Le nouveau-né de cette dernière est décédé quelque temps plus tard. Eurosceptique, celui qui possède un portrait de Margaret Thatcher dans son bureau avait voté en 2016 pour le maintien du pays dans l'Union.
Dominic RAAB. - «Il ne faut jamais dire jamais.» Interrogé plus tôt dans le mois pour savoir s'il se voyait au 10 Downing Street, Dominic Raab n'avait pas écarté l'idée. Le député ultralibéral, partisan d'un «Brexit dur», occupe un créneau proche de Boris Johnson. À 45 ans, l'éphémère ministre du Brexit, il a occupé le poste quatre mois, de juillet à novembre 2018, incarne la jeune garde du parti. Seul problème, il se refuse toujours à voter en faveur de l'accord de retrait de l'UE conclu avec Bruxelles, qu'il juge «mauvais pour notre économie et notre démocratie».