Algérie : vendredi 29 mars, l'heure de vérité ?
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Les yeux rivés vers le Conseil constitutionnel
En effet, le Conseil constitutionnel algérien n'a pas encore débattu d'une éventuelle procédure de destitution du président Abdelaziz Bouteflika pour inaptitude à exercer sa charge. La plus haute institution algérienne est au centre des débats depuis que le chef d'état-major de l'armée et vice-ministre de la Défense, le général Ahmed Gaïd Salah, a demandé que le président, âgé de 82 ans et considérablement affaibli depuis un AVC en 2013, soit déclaré inapte à exercer le pouvoir en vertu de l'article 102 de la Constitution. Cet article dispose que le chef de l'État peut être déclaré en « état d'empêchement » en cas de maladie grave et durable qui le place dans l'impossibilité d'exercer ses fonctions.
Il est prévu que si Abdelaziz Bouteflika est reconnu inapte par le Conseil constitutionnel à exercer ses fonctions, ce qui doit être ratifié par une majorité des deux tiers dans les deux chambres du Parlement, il sera remplacé pendant une période d'au moins 45 jours par le président du Conseil de la nation, la chambre haute du Parlement algérien, Abdelkader Bensalah. Président depuis près de 17 ans du Conseil de la nation, à 77 ans, ce dernier est un pur produit du régime. Loin de faire l'unanimité, cette proposition de l'armée a été reçue avec beaucoup de scepticisme et la personnalité d'Abdelkader est rejetée en bloc. Dans la rue, la protestation s'est poursuivie ces derniers jours avec des slogans toujours plus hostiles au pouvoir en place.
Le clan Bouteflika se disloque, les rumeurs circulent
Mais surtout, entre-temps, les défections se sont accélérées du côté du clan Bouteflika, peut-être sous l'effet de la pression du chef d'état-major de l'armée qui a enfoncé le clou mercredi : « L'armée nationale populaire saura, en temps opportun, privilégier l'intérêt de la patrie sur tous les autres intérêts. » Un avertissement face à l'entêtement du clan présidentiel ? Dans tous les cas, depuis la centrale syndicale, UGTA, parmi les organisations les plus fidèles au chef de l'État, de même que plusieurs membres du comité central du RND, s'est rangée en quelques heures derrière le patron de l'armée. Même l'ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia, limogé le 11 mars dernier, a « conseillé » au président Bouteflika de démissionner.
Et ce jeudi, c'est l'un des derniers soutiens du président, le parti Tajamouâ Amal El Jazair (TAJ), mené par Amar Ghoul qui a publié un communiqué où il annonce que « l'article 102 de la Constitution peut être une solution ».
Ces défections ont aussi provoqué la panique dans les milieux d'affaires algériens. Après les rumeurs de départ du président du Forum des entreprises algériennes, le patronat, plusieurs médias nationaux, ont fait état de « fuite de capitaux vers des pays étrangers », mais pour TSA, « L'image de cercles dirigeants occupés à vider les caisses de l'État et à épuiser nos dernières marges de manœuvre financières est aujourd'hui largement répandue dans l'opinion nationale. » La Banque d'Algérie est montée au créneau « les informations portant sur la fuite des capitaux vers l'étranger ne sont que des rumeurs ».