L'appel de Saïda Boutoutaou, grand-mère de la djihadiste Djamila Boutoutaou, a donc été entendu. Sa petite-fille, Khadija, âgée de trois ans, a été rapatriée mercredi en France, selon les informations de France Inter, confirmées au Figaro. Venue d'Irak, où elle était enfermée avec sa mère, condamnée à perpétuité pour appartenance à l'État islamique, la fillette a atterri en région parisienne en début d'après-midi. Accompagnée de la Croix Rouge internationale, elle a été prise en charge par l'Aide sociale à l'enfance. Elle restera également sous la surveillance du juge des enfants.
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«C'est un jour de joie! Je suis une mamie très contente et j'espère que cette très bonne nouvelle pour moi sera suivie de plein d'autres pour les enfants encore en Syrie et en Irak. Je rêve désormais d'accueillir Khadija, cet ange, chez moi. Elle y sera comme une reine», s'est émue Saïda Boutoutaou. Depuis plusieurs mois, cette dame implorait le rapatriement de sa petite-fille: «Elle doit être à l'école, pas en prison. (...) Sa mère me dit qu'elle a des croûtes dans les cheveux, du pus dans les ongles, qu'elle ne mange pas à sa faim. Au secours, c'est un cas vraiment extrême, extrêmement urgent», avait-elle confié la semaine dernière à l'AFP TV.
Djamila Boutoutaou et son époux Mohammed étaient partis en 2016 en Irak. Ils avaient emmené avec eux leurs enfants Abdallah, quatre ans à l'époque, et Khadija, bébé de quatre mois. Le premier avait été tué quelques semaines plus tard dans un bombardement. Après la mort de Mohammed près de Mossoul, Djamila avait ensuite été arrêtée avec sa fille et jugée à Bagdad. Privée de son avocat français lors de son procès en avril 2018, elle avait assuré avoir rejoint le groupe djihadiste contre son gré, dupée par son mari. N'empêchant pas sa condamnation à perpétuité.
«Cas par cas»
La question du rapatriement des enfants de djihadistes fait figure de casse-tête pour la France depuis plusieurs mois. Emmanuel Macron s'est dit favorable à une évaluation «au cas par cas», en «lien avec la Croix-Rouge internationale». Fin 2017, le chef de l'exécutif avait détaillé les différents scénarios possibles: «Il y en a qui peuvent revenir sans qu'ils soient rapatriés, il y en a qui peuvent être rapatriés, et il y en a qui seront jugés avec leurs familles, dans certaines circonstances, dans les pays où ils sont, en particulier l'Irak.» Concernant ce pays, trois des quatres enfants de Mélina Boughedir, également condamnée à perpétuité pour appartenance à l'État islamique, ont pour l'heure été rapatriés.
Côté Syrie, la situation est un peu différente. Selon la Garde des Sceaux Nicole Belloubet, les ressortissants français détenus par les Kurdes sont «principalement des enfants». «Ces enfants soit sont nés là-bas, soit sont partis tout petits de France avec leurs parents. Les enfants sont plus nombreux que les adultes», avait-elle affirmé fin janvier. À la mi-mars, cinq enfants de djihadistes ont été rapatriés en France. Ces orphelins ou mineurs isolés, âgés de moins de cinq ans, se trouvaient dans des camps ou dans des familles d'accueil dans le nord-est du pays.
Début mars, des familles d'enfants de djihadistes détenus en Syrie ont déposé plainte contre la France auprès du Comité des droits de l'enfant de l'ONU. Dénonçant l'«inaction» de l'État français, ces grands-parents, oncles et tantes espèrent pousser la France à «prendre ses responsabilités et protéger ses enfants d'un risque de famine et de mort imminente auxquels ils sont confrontés». L'ONG Save the Children estime que 2500 enfants, de 30 nationalités, ont été capturés par Daech en Syrie depuis le début du conflit.