Entre prison et sans-abri, la Turquie persécute les femmes
Un processus
systématiques de persécution contre les femmes est mis sur pied en Turquie, en
particulier à l’encontre des femmes activistes dans les domaines de la société
civile et des droits de l'Homme. Elles sont soumises à des mesures arbitraires
injustifiées, à un harcèlement accru et à des pratiques répressives par le
gouvernement turc, depuis la tentative de coup d'État à Ankara en juillet 2016.
Dans une étude
intitulée "La tragédie des femmes en Turquie: entre prison et
déplacement", préparée par le Centre d'études sociales et de civilisation,
les attitudes du gouvernement de "Justice et développement" (le parti
au pouvoir et le bras des Frères musulmans en Turquie) sont pointées du doigt.
Des milliers de
femmes, soit 18 000, femmes au foyer, journalistes, enseignantes,
universitaires, femmes médecins, femmes d’affaires ont été accusées, sans
preuve, de liens avec le mouvement des Services (Gülen movement), que le
gouvernement turc accuse d’être un groupe terroriste.
L’étude a
montré que de nombreuses femmes en détention sont régulièrement soumises à la
torture et à d’autres formes de mauvais traitements pouvant aller jusqu’à des
agressions sexuelles. Des défenseurs des droits des femmes, des femmes
journalistes et d’autres militantes sont également menacées, intimidées,
persécutées et emprisonnées par le gouvernement.
L'étude a
révélé que les femmes kurdes et les membres du Gülen movement, dirigé par le
célèbre opposant au régime turc Fathallah Gulen, sont de plus en plus
vulnérable face à la répression gouvernementale depuis la promulgation d’une
série de décrets d'urgence publiés par le gouvernement après les événements de
juillet 2016. L’étude révèle qu'en huit ans environ, 2 000 femmes turques environ
avaient été tuées, mais le nombre réel devrait être encore plus élevé.
L'étude
couvrait une partie d'un rapport publié en décembre 2017 par le Mouvement des
femmes libres (TJA) sous le titre "Violations des droits des femmes dans
les prisons en état d'urgence", indiquant que les prisons turques pour
femmes étaient surpeuplées et que les femmes avaient perdu leur capacité
d'assimilation.
La
surpopulation carcérale dans les prisons a poussé le gouvernement turc à conduire
les femmes dans des prisons pour hommes, en particulier après que le nombre de
femmes emprisonnées ait atteint 18 000.
L'étude a
montré que la Turquie ne compte que six prisons pour femmes et que, avec la
répression croissante et la détention de femmes, ces prisons ne suffisent plus
pour contenir le grand nombre de femmes détenues. Raison pour laquelle les autorités
ont décidé de détenir des femmes dans des prisons principalement pour hommes.
Ces prisons ne sont pas équipées pour répondre aux besoins des femmes, ce qui
constitue une peine supplémentaire pour les femmes. En plus du fait que la
sécurité de ces prisons incombe souvent aux hommes, elles vivent aussi avec des
détenus de sexe masculin, ce qui fait que ces femmes vivent dans un
environnement dangereux.