Publié par CEMO Centre - Paris
ad a b
ad ad ad

En Syrie, les survivants abandonnent le "califat" moribond de l'EI

jeudi 07/mars/2019 - 07:48
La Reference
طباعة

Claudiquant sur des béquilles, croulant sous de lourds baluchons, des survivants fuient l'ultime poche du groupe Etat islamique (EI) dans l'est de la Syrie, où des forces soutenues par Washington attendent jeudi de repartir à l'offensive contre le dernier lambeau du "califat".

L'exode semble sans fin. Jour après jour, un flot d'hommes, de femmes et d'enfants, sort du bout de territoire encore tenu par les jihadistes dans le village de Baghouz, aux confins orientaux de la Syrie. Certains sont originaires de Syrie et d'Irak, d'autres d'Europe, du Maghreb et d'autres pays étrangers.

Plus de 7.000 personnes ont fui Baghouz depuis dimanche, a indiqué à l'AFP Adnane Afrine, un porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS) engagées contre l'EI avec le soutien de la coalition internationale antijihadistes conduite par les Etats-Unis.

L'afflux a même surpris les FDS et les opérations militaires ont dû être ralenties pour permettre les évacuations.

Les FDS ont malgré tout progressé lentement, reprenant il y a quelques jours une portion du secteur jihadiste, qui ne couvre plus que des champs et un campement informel de "tentes" sur les bords du fleuve Euphrate.

Jeudi, les combattants arabes et kurdes des FDS tirent à l'artillerie sur ce réduit d'où s'échappent des panaches de fumée noire, a constaté un journaliste de l'AFP proche de la ligne de front.

Les FDS s'attendent à voir de nouvelles personnes fuir. Hagards, ceux qui sont sortis les derniers jours pour rejoindre les positions contrôlées par les FDS témoignent du chaos.

"Les derniers jours étaient horribles. Des bombardements, des tirs, des tentes en feu", lâche une Finlandaise de 47 ans. "On creuse des tunnels sous terre et on les recouvre de draps, c'est ça les tentes", a expliqué à l'AFP Abou Mariam, 28 ans.

Parmi ceux qui fuient, beaucoup de blessés. Les hommes, mais aussi des enfants, arrivent juchés sur des béquilles. Certains portent des poches de sang, d'autres ont la tête ou les jambes bandées. Ils semblent physiquement brisés, ont constaté les équipes de l'AFP.

Pour identifier les jihadistes, qui seront arrêtés, les combattants des FDS et les forces de la coalition internationale au sol les soumettent à des fouilles et des interrogatoires poussés.

- Recul vers le fleuve -

Trainant des valises sur lesquelles sont juchés leurs enfants, croulant sous le poids de gros sacs à dos et de baluchons, les femmes en niqab noir sont soumises à des procédures semblables.

Jamais les journalistes couvrant les grandes batailles contre l'EI n'ont pu assister de la sorte à l'arrestation et la reddition de jihadistes ainsi qu'à la mise en déroute d'une organisation qui a semé la terreur avec des attentats meurtriers au Moyen-Orient, mais aussi en Europe et dans d'autres régions du monde.

Jeudi une source des FDS a affirmé que les jihadistes et leurs familles encore présents dans le réduit ont reculé dans des secteurs près du fleuve.

Après une montée en puissance fulgurante en 2014, l'EI avait proclamé en juin de la même année un "califat" sur de vastes régions en Syrie et en Irak. Les jihadistes s'étaient même emparés de grandes villes comme Mossoul en Irak et Raqa en Syrie.

Des milliers d'étrangers avaient alors rallié les jihadistes. Mais face à plusieurs offensives ces deux dernières années, le territoire de l'organisation ultraradicale s'est réduit comme peau de chagrin.

Près de 58.000 personnes, principalement des familles de jihadistes, ont quitté le dernier réduit de l'EI depuis début décembre, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Parmi elles, plus de 6.000 jihadistes ont été arrêtés, d'après cette source.

"