Les groupes armés en Centrafrique : qui sont-ils
Le 6 février, le gouvernement centrafricain a signé, dans la capitale soudanaise, Khartoum, un accord de paix avec les groupes armés qui contrôlent la plupart des régions du pays, après plus de 10 jours de négociations entre le gouvernement et 14 mouvements armés en présence du président soudanais Omar al-Bashir, du président de la RCA Faustin-Archange Touadera, et des représentants des Nations Unies et de l’Union africaine.
Les termes de l'accord n'ont pas été complètement divulgués, mais des experts politiques ont indiqué qu'il incluait une division du pouvoir et des richesses, une gouvernance décentralisée, des dispositifs de sécurité pour la période à venir, ainsi que la réintégration et le désarmement des mouvements armés.
Les contextes de l’accord signé
Lors de la préparation du processus de signature, les groupes armés ont exigé que le poste de Premier ministre soit occupé par l’un de ses membres symbolisant le partage équitable du pouvoir, mais ce point n’était pas inclus dans l’accord.
La plupart des signataires de l'accord proviennent de l'ancien mouvement à majorité musulmane Séléka, et un certain nombre de dirigeants de groupes armés qui occupent des postes ministériels ou font office de conseillers à la présidence.
C’est le huitième accord de ce type depuis le début de la crise dans l’un des pays les plus pauvres du monde, après six années de conflit sectaire opposant l’Alliance Séléka et les milices Anti-balaka, qui soulève des questions quant à l’efficacité de l’accord et à sa capacité à mettre fin à la crise dans ce pays riche en ressources naturelles et en métaux précieux.
Le début de la crise
La crise en Centrafrique nait à la suite des revendications politiques de certains groupes d'opposition, après les premières élections pluralistes de 1993. Les événements qui ont suivi ont abouti à la signature d'un accord de paix entre les groupes d'opposition et l'ancien président François Bozizé en 2007, l’opposition exigeant la libération des détenus et le développement des zones septentrionales, mais le président n’a pas appliqué les termes de cet accord ni promu ses opposants.
En conséquence, trois factions de l’opposition se sont rencontrées et ont formé fin novembre 2012 une alliance politique et militaire appelée Séléka, qui s’est
transformée en une rébellion armée et l’Alliance a rapidement pris le contrôle de plusieurs villes importantes du pays.
En janvier 2013, Séléka a entamé des négociations avec le gouvernement de Bozizé dans la capitale gabonaise, sous les auspices de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), mais n'a pas réussi à mettre fin à la crise.
Le 24 mars 2013, des hommes armés de Séléka ont pénétré dans la capitale Bangui et ont renversé le président François Bozizé. Le chef de la coalition, Michel Djotodia, a pris donc le pouvoir pour devenir le premier président musulman du pays.
Cependant, l’arrivée au pouvoir de Michel Djotodia a bouleversé les règles du jeu politique en Afrique centrale, dominée par une classe politique représentant les groupes ethniques de l'ouest du pays.
Depuis la démission de Djotodia en janvier 2013, des milices anti-balaka ont tué des centaines de civils autour de Bangui, forçant des dizaines de milliers d'autres à fuir vers les pays voisins.
Des milices armées auraient détruit 417 des 436 mosquées du pays.
Les effets de la crise
Les questions d'un système fédéral et de la décentralisation de l'Etat sont au centre des discussions depuis 20 ans en RCA, sans solution. Les groupes armés de l'Alliance Séléka estiment que le gouvernement de Bangui a effectivement « abandonné » certaines parties du pays. Une branche radicale de cette Alliance a déclaré unilatéralement l’établissement de la République centrafricaine de Logone.
Les sites aurifères et diamantifères les plus importants du nord-est du pays se trouvent dans les zones contrôlées par les forces de la séléka. Tels que a mine d'or de Ndassima, l’un des sites les plus importants abritant un important gisement aurifère, à environ 40 km de Bambari, près de la ligne de démarcation sud-nord.
Les avis divergent quant à la nature de la crise vécue par la Centrafrique depuis des décennies et à ses causes réelles: les uns considèrent l’interférence et l’ingérence comme un élément important du conflit religieux entre musulmans et chrétiens. Tandis que les autres y voient un conflit politique et économique, notamment axé sur le pouvoir et les ressources de ce pays pauvre. Le plus grand producteur mondial de métaux précieux.