Gilets jaunes, acte 13: 51 400 manifestants en France
En cette treizième journée de mobilisation, 51 400 personnes ont défilé à 18h, selon le ministère de l'Intérieur.
Quelque 51 400 gilets jaunes ont manifesté ce samedi en France pour leur "acte 13", après presque trois mois de contestation, selon le ministère de l'Intérieur. Soit moins que la semaine dernière, puisqu'il étaient 60 000 en France pour l'acte 12. Une page Facebook intitulée "Le Nombre jaune" assure en revanche qu'ils étaient 111 000 à défiler à 18h.
À Paris, ils étaient 4 000 selon ce même décompte, sur les Champs-Elysées, vers l'Assemblée nationale et le Sénat, le Champ-de-Mars puis à nouveau la place de l'Etoile. Cette journée a été de nouveau le théâtre d'affrontements violents avec la police, qui ont vu un homme se faire arracher la main par une grenade lacrymogène. Plusieurs véhicules ont été incendiés, dont une voiture de la mission Sentinelle.
En régions, des manifestations ont eu lieu dans l'après-midi à Toulouse et Bordeaux, places fortes de la mobilisation, mais aussi en région Paca, près de la frontière italienne, ainsi que dans l'Ouest de la France ou encore à Lyon et Montpellier.
- Bordeaux, "capitale des gilets jaunes"
À Bordeaux, désignée comme la "capitale des gilets jaunes" ces dernières semaines, 5 000 manifestants ont défilé selon l'AFP. L'appel à se rassembler a été lancé pour 13 heures, avec un parcours indéterminé mené par un cortège de motards. Beaucoup de drapeaux français, un drapeau noir anarchiste émergeaient du cortège mené par une banderole sur laquelle était inscrit : "En route pour un monde meilleur".
Parmi les manifestants et familiers du cortège, Philippe Poutou, délégué CGT de Ford et ex-candidat à l'élection présidentielle pour le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), a estimé qu'il fallait "construire quelque chose de costaud, un élan qui fasse vraiment plier le gouvernement" pour remporter une "vraie victoire" avec par exemple des augmentations de salaires.
En milieu d'après-midi, des accrochages ont eu lieu en centre-ville devant un cordon de forces de l'ordre, avec quelques jets de projectiles (bouteilles en verre, pétards) auxquels ont répliqué les forces de l'ordre avec des gaz lacrymogènes. Des jeunes cagoulés ont aussi inscrit de très nombreux tags sur les murs ou les panneaux de bois de protection de certains établissements, avec des slogans comme "Tout ce que j'ai retenu de la Marseillaise, c'est 'aux armes'" ou "Caillasse ta banque" sur une agence bancaire.
Comme tous les samedis sans exception, les manifestants ont fini par converger vers la place Pey Berland, bordée par la cathédrale et la mairie. La place y était solidement bouclée par les forces de l'ordre équipées de lanceurs et la ville était sporadiquement survolée par un hélicoptère de la gendarmerie.
- Toulouse : 4 000 à 5 000 manifestants
À Toulouse, 6 000 gilets jaunes ont manifesté ce samedi selon France Bleu Occitannie, aux cris de "gilets jaunes en colère, libérez nos prisonniers" ou encore "Toulouse, Toulouse, soulève-toi". Les manifestants se sont rassemblés sous un soleil printanier au métro Jean-Jaurès avant de prendre un boulevard ceinturant le centre historique de la Ville rose. Des dizaines de personnes portant un masque jaune étaient en tête du défilé en criant "Macron salaud, le peuple aura ta peau". Le dispositif de sécurité a été renforcé avec des unités de forces mobiles ainsi que deux véhicules blindés à roues de la gendarmerie et un engin lanceur d'eau, selon la préfecture.
Là aussi, des heurts ont opposé forces de l'ordre et gilets jaunes. Sur la place du Capitole des manifestants ont lancé des projectiles - des bouteilles en verre notamment - sur les forces de l'ordre, qui ont répliqué à coup de canon à eau et de gaz lacrymogènes, dispersant très vite la foule.
Des affrontements ont également eu lieu entre une quarantaine d'individus identifiés comme provenant de l'ultra-droite et des manifestants de mouvances antifascistes, selon France 3 Auvergne Rhône-Alpes. La chaîne régionale explique qu'à l'issue de ces débordements, de nombreux manifestants pacifiques ont quitté le cortège.
- Plus d'une dizaine d'autres points chauds
Dans l'Ouest, des manifestations étaient prévues en début d'après-midi à Rennes - à l'appel d'un groupe dissident appelé les "frelons jaunes" -, à Brest (place de la Liberté), à La Roche-sur-Yon (au niveau de la gare), à Nantes et à Rouen. Au moins 2 000 personnes ont défilé à Lorient, où les manifestants se sont rejoints à la Cité de la voile. Le feu a été mis à des poubelles, de grosses jardinières installées dans les rues ont été renversées et rassemblées pour tenter de simuler des barricades. Des pavés ont été descellés avant d'être lancés avec d'autres projectiles sur les gardes mobiles, qui ont riposté notamment par des tirs de lanceurs de balles de défense (LBD).
Les forces de l'ordre sont intervenues à Caen pour rétablir la circulation sur des axes qui avaient été bloqués par des gilets jaunes, au nombre de 1 700 en début d'après-midi, selon la préfecture. Tôt dans la matinée, un groupe de gilets jaunes avait installé un barrage filtrant sur l'axe Caen-Ouistreham, menant au port d'embarquement pour les ferries vers la Grande-Bretagne, mais "la circulation a été rapidement rétablie", assure la préfecture dans son communiqué.
À Montpellier, plusieurs actions, plus ou moins liées aux revendications d'origine du mouvement, sont prévues tout au long du week-end. Un rassemblement était prévu ce samedi pour "dénoncer la loi liberticide 'anticasseurs' en étant tous masqués. Foulards, cagoules, écharpes, masques... et autres", selon le groupe "Gilets jaunes Montpellier". En tout, 1 500 personnes ont été recensées dans le chef-lieu de l'Hérault.