Après les mesures "gilets jaunes", la Cour des comptes inquiète pour les finances publiques
Voici une
contribution au grand débat à laquelle Emmanuel Macron pouvait s'attendre. Dans
son rapport annuel pour 2019 dévoilé ce mercredi 6 février, la Cour des comptes adresse un avertissement en bonne et due
forme à l'exécutif sur "la grande fragilité" des finances publiques
françaises après les mesures décidées face au mouvement des gilets jaunes.
"Les
perspectives de finances publiques pour 2019 sont affectées d'une fragilité
toute particulière", met en garde l'institution financière, qui invite
Bercy à revoir rapidement son scénario macroéconomique.
Le gouvernement
avait à l'origine prévu un déficit public équivalant à 2,8% du PIB pour 2019,
en hausse de 0,2 point par rapport à celui attendu en 2018, en raison notamment
de la transformation du Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE)
en baisse de charges pérennes. Mais l'exécutif a décidé de relâcher la
contrainte budgétaire en raison de la crise des "gilets jaunes", en
annonçant mi-décembre une série de baisses d'impôts et de nouvelles dépenses,
chiffrées à près de 11 milliards d'euros.
Selon Bercy, le
déficit devrait ainsi s'établir à 3,2% du PIB en 2019, repassant pour la
première fois depuis 2016 au-dessus des 3% exigés par les traités européens. Le
"déficit structurel", calculé sans les effets de la conjoncture,
atteindrait lui 2,3% du PIB, au lieu des 2% prévus.
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Le pire est
peut-être à venir
"Ce scénario
de finances publiques, préoccupant, est en outre affecté de multiples
fragilités", souligne la Cour des comptes, qui fait état de deux éléments
susceptibles de faire déraper un peu plus les comptes publics français.
Premier élément:
l'absence de précisions sur les mesures d'économies que le gouvernement entend
mettre en œuvre pour compenser une partie des annonces décidées en décembre,
comme la hausse de la prime d'activité ou la défiscalisation des heures
supplémentaires.
Ces mesures,
chiffrées à 1,5 milliard d'euros, ont été "annoncées" mais
"demandent encore à être traduites en dispositions législatives ou
réglementaires", estime l'institution présidée par Didier Migaud.
Deuxième source
d'incertitude: l'évolution de la conjoncture, marquée par une "dégradation
rapide de l'environnement économique", notamment en Europe, avec le
"ralentissement plus fort que prévu de l'économie allemande".
Cette situation,
aux yeux de la Cour, fait peser un risque "à la baisse" sur la
croissance française, que le gouvernement attend à 1,7% cette année, contre
1,5% pour le FMI ou pour la Banque de France.
Cela risque de
"dégrader encore la position de la France au sein de la zone euro",
souligne l'institution de la rue Cambon, qui appelle à une "réduction
soutenue des déficits effectif et structurel", via une "maîtrise
accrue des dépenses publiques".