"C’est un pays musulman, mais nous avons nos églises !": le pape termine sa visite aux Emirats arabes unis, pays où la liberté de culte est respectée
Le pape François a achevé mardi
5 février une visite historique aux Emirats arabes unis par une grande
messe en plein air, chose inédite dans un pays qui autorise la pratique de la
foi chrétienne tant qu’elle se déroule dans les églises.
Plus de 170 000 fidèles se sont
rassemblés mardi matin au grand stade de la ville pour l'écouter. Pour Norin,
expatriée indienne de 27 ans, une célébration au stade a une saveur
particulière. "Je n’avais jamais
mis les pieds tout court dans ce stade, explique-t-elle avec
enthousiasme. C’est formidable d’être
bénie par le pape ici !"
D’habitude, je
vais à la messe chaque semaine et une fois par mois je peux même la suivre dans
ma propre langue, le koncani !
Norin
à franceinfo
L’homélie du pape s’adresse à une communauté
catholique constituée d’expatriés. Des Asiatiques, essentiellement venus
chercher une vie meilleure aux Emirats, riche terre pétrolière. "Pour vous, ce n’est certes pas
facile de vivre loin de la maison et de sentir outre l’absence des personnes
les plus chères, l’incertitude de l’avenir. Mais le Seigneur est fidèle et il
n’abandonne pas les siens"
Plus politique, il avait demandé lundi aux
autorités d’assurer une liberté religieuse à tous les citoyens. Un message à
l’adresse de toute la péninsule, y compris l’Arabie saoudite voisine, où seul
l’islam est toléré. Joseph fidèle libanais s’arme de patience. "Ce qu'on voit aujourd'hui ici était
impossible avant, indique-t-il. J'espère
bien qu'on va fêter la même chose en Arabie saoudite..." Ici,
confirme Eyesa, une jeune Philippine, la liberté de culte est en effet réelle.
C’est un pays
musulman, mais nous avons nos églises. On a de la chance ! Cela n’a jamais
été un problème pour moi. Jusqu’ici tout va bien...
Eyesa
à franceinfo
La liberté de culte est une chose, la liberté
religieuse en est une autre, a pourtant souligné le pape François lundi soir,
le regard tourné vers l’ensemble de la Péninsule arabique, Arabie Saoudite
comprise : "La liberté
religieuse voit dans l’autre un frère véritable. Un frère qu’aucune institution
humaine ne peut forcer. Même en son nom."
"La liberté religieuse complète, je ne
la vois pas"
L’évêque chargé pour l’Eglise catholique du
Qatar, Bahrein, Koweit et de l’Arabie Saoudite, Mgr Camillo Ballin suit le Pape
tout en confiant ses doutes. "La
liberté religieuse complète, je ne la vois pas, indique l'évêque. Cela voudrait dire que les musulmans, par
exemple, seraient libres de changer de religion et ce n’est pas possible. Il y
a la liberté de culte : nous sommes dans le berceau de l’islam, aussi
permettre qu’il y ait des églises, c’est déjà beaucoup."
Les conditions ne sont pas encore réunies
pour un déplacement du pape en Arabie saoudite. Mais le pape François ouvre une
brèche avec ce premier voyage dans la Péninsule arabique.