Abou Sayyaf : d’al-Qaïda à Daech… un groupe qui met les Philippines à feu et à sang en attisant les problèmes confessionnels
Ali Abdel Aal
C’est le
« Wilaya de l’Asie de l’est » dépendant de l’organisation terroriste
qui a revendiqué les deux attaques qui ont visé une église de Jolo, au sud des
Philippines dimanche 27 janvier 2019, et qui a fait des dizaines de morts et de
blessés.
L’attentat s’est
produit alors que les autorités philippines venaient de donner leur accord à la
création d’une région musulmane autonome dans l’île de Mindanao et les îles
environnantes.
Notons que l’île
de Jolo est un fief du groupe Abou Sayyaf qui a prêté allégeance à Daech il y a
quelques années.
Ce sont les
conflits interconfessionnels aux Philippines (entre musulmans et chrétiens) qui
ont encouragé Abou Sayyaf (Abdel Razek al-Janjalani) à fonder le
« mouvement islamique des Philippines », plus connu sous son nom
(Abou Sayyaf).
Abou Sayyaf a
d’abord été actif dans les milieux des jeunes, avant de créer une base dans les
forêts pour la formation et l’entraînement de ses éléments.
Il a par ailleurs
établi des contacts étroits avec les groupes djihadistes arabes.
Le groupe cible
surtout les étrangers, en particulier les Européens et les Américains pour
faire pression sur le gouvernement, de façon qu’il réponde à ses demandes ou paye
une rançon.
En mai 2015, le
groupe « Combat du cyclone » dépendant du groupe Abou Sayyaf,
proclame son allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi, chef de Daech, et devient le
« Wilaya des Philippines » ou le « Wilaya de l’Asie de
l’est ».
De leur côté, les
services de renseignements philippins pensent que des dizaines d’Indonésiens
sont partis pour le sud des Philippines rejoindre les groupes dépendant de
Daech.
Pourtant, en
juillet 2018, le président des Philippines Rodrigo Duterte a appelé le groupe à
s’engager dans des négociations de paix, pour mettre fin au conflit armé.
Il a affirmé dans
un discours : « Mon message à Abou Sayyaf est le suivant : je
suis venu pour vous appeler à la paix ». Et il a demandé aux éléments du
mouvement de donner une chance à la loi fondamentale de Bangsamoro, qui est le
couronnement d’un accord de paix entre le gouvernement et le Front Moro, et
accorde à la minorité musulmane du pays un statut d’autonomie dans l’île de
Mindanao et les îles environnantes.