Plusieurs figures de la mouvance jihadiste française parmi les détenus en Syrie qui pourraient être incarcérés en France
Le
retour des jihadistes français, détenus aux mains des Kurdes syriens, est
désormais fortement envisagé par Paris, qui craint une dispersion de ces
combattants après le retrait annoncé des troupes américaines. Parmi ces hommes
et ces femmes, des figures de la mouvance jihadiste française comme Emilie
König, Thomas Barnouin ou Adrien Guihal.
/chapo
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Où
juger les jihadistes français arrêtés en Syrie? La question est d'autant
plus prioritaire depuis quelques semaines, après l'annonce des Etats-Unis du
retrait de ses forces armées de la zone. La France envisage très fortement de faire revenir
près de 130 hommes, femmes et enfants et actuellement détenus aux
mains des Kurdes syriens. A leur retour, chaque cas serait étudié
individuellement et judiciarisé.
"Nous
nous préparons à toutes les éventualités dans le nord-est parce que c'est notre
devoir, y compris à l'éventualité d'une expulsion, parce que c'est notre
responsabilité de prévoir tous les risques pour la sécurité des Français",
a rappelé le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.
Parmi
ces 130 Français détenus dans le Kurdistan syrien, une grande majorité sont des
femmes. Un tiers d'entre eux sont des hommes et 10% sont mineurs, selon nos
informations. Depuis la semaine dernière, les services antiterroristes français
travaillent sur l'identification de ces Français connus, pour certains,
uniquement par leur nom de combattant, la kunya. Toutefois, des figures de la
mouvance jihadiste française sont actuellement dans des camps de détenus
syriens. L'objectif est de rassembler le plus grand nombre de renseignements
afin de préparer au mieux leur retour et les futures auditions qui pourraient
intervenir.
> Emilie König
Elle
a été la Française de Daesh la plus recherchée jusqu'à la fin de l'année 2017,
date de son arrestation par les forces kurdes. Dès 2010, Emilie König s'est fait remarquer en
distribuant des tracts appelant au jihad armé près de la mosquée de Lorient.
C'est en 2012 que la Bretonne de 30 ans se rend une première fois dans la
zone irako-syrienne pour rejoindre son mari parti combattre dans les rangs d'un
groupe armé qui deviendra l'Etat islamique.
Moins
d'un an plus tard, elle est de retour en France pour récupérer ses deux
enfants mais repart finalement sans eux. A cette période, elle
enregistre des vidéos de propagande dans lesquelles elle appelle à commettre
des actions violentes. En 2015, les Etats-Unis inscrivent son nom sur leur liste
noire des terroristes internationaux. Elle est la première femme à
figurer sur cette liste. En France, Émilie König est visée par une enquête
sur le départ en Syrie d'une dizaine de personnes de la région de Nîmes. Elle
était recherchée par des services de renseignement de plusieurs pays.
Incarcérée avec ses trois enfants nés en Syrie dans un
camp syrien détenu par les Kurdes, Emilie König réclame depuis un an d'être rapatriée en France. Emilie
König, "est la mère de trois enfants français" et "tout doit
être mis en oeuvre pour faciliter leur rapatriement, conformément aux
engagements internationaux de la France", faisait valoir dans un
communiqué son avocat. Il estimait alors que les autorités françaises avaient
"l'obligation de la juger".
Thomas Barnouin
Thomas
Barnouin a été arrêté en décembre 2017 après des
années dans les radars de l'antiterrorisme. L'Albigeois de 36 ans est un
vétéran de la nébuleuse jihadiste du Sud-Ouest, dans laquelle ont gravité
Mohamed Merah ou les frères Clain, les "voix" des attentats du
13-Novembre, surnommés ainsi parce qu'ils ont revendiqué ces attaques dans un
message audio au nom de Daesh. Converti à l'islam au début des années 2000, il
se rend en 2004 à Médine, en Arabie Saoudite, où il va fréquenter des
passeurs.
Thomas
Barnouin est arrêté une première fois en 2006 par l'armée syrienne, où il
est passé, alors qu'il tentait de se rendre en Irak. Il est alors condamné
en France en 2009 à cinq ans de prison, dont un avec sursis dans le cadre
de la filière dite d'Artigat, village de
l'Ariège où résidait Olivier Corel, imam salafiste présenté comme le mentor de
Mohamed Merah et de Fabien Clain.
En 2014, Thomas Barnouin est au coeur d'une nouvelle
affaire de filière de départ vers la Syrie qui englobe encore une partie
de la nébuleuse jihadiste du Sud-Ouest, dont le frère de Fabien Clain,
Jean-Michel. En février de la même année, il repart en Syrie, avec sa
femme et ses enfants, avant que les autorités ne perdent sa trace. Peu après
son arrestation, comme Emilie König, dans une vidéo, Thomas Barnouin dit être
bien traité par ses geôliers kurdes.