Publié par CEMO Centre - Paris
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?Comment le gouvernement français a-t-il traité avec le phénomène des Gilets jaunes

mardi 29/janvier/2019 - 12:42
La Reference
Paris - Dr Abdelraheim Ali
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Le président français Emmanuel Macron a critiqué, lors de sa visite actuelle en Egypte, la situation des droits de l’homme, en ignorant les différences fondamentales entre la situation égyptienne et la situation européenne et en particulier française, s’agissant des troubles dans la région du Moyen-Orient et des tentatives de certains groupes d’établir un Etat religieux soutenu par l’Occident et l’Amérique, et le refus des Egyptiens de cette situation. Ignorant aussi d’autres aspects des droits de l’homme, comme le droit à l’enseignement, à la santé et au travail, dont le peuple égyptien à un besoin pressant, comme l’a expliqué le président Abdel Fattah Al-Sissi dans son intervention.
Le président Macron a également oublié, ou feint d’oublier, le prix payé par l’Egypte dans sa lutte contre le terrorisme, seule au Sinaï, au nom du monde entier.
Et lorsqu’on l’a interrogé sur la façon dont est abordée la question des droits de l’homme en France, il a été hésitant, et n’a pas expliqué ce qui se passait avec la même franchise que lorsqu’il a parlé de la situation des droits de l’homme en Egypte. Ce qui nous contraint à aborder le sujet d’une manière objective, du point de vue de quelqu’un qui vit les événements de France.
La naissance du phénomène des Gilets jaunes :
Le phénomène des Gilets jaunes est apparu par le biais d’un petit groupe de personnes sur Facebook, et par des cassettes vidéos enregistrées par des gens à l’identité inconnue, qui ont appelé en septembre 2018 à une mobilisation suite à une augmentation de 7 centimes du litre de diésel le même mois. Et ceux qui ont parié sur la transformation de cette propagande sur les réseaux sociaux en événements réels sur le terrain étaient intelligents. Et en octobre, les principaux médias parlaient de la page Facebook intitulée « Gilets jaunes » et d’une pétition présentée sur Internet par une femme inconnue du nom de Priscillia Ludosky, et qui a été transmise par les médias par le biais du site Change.org, et a obtenu plus d’un million de signatures à la fin novembre.
Parfois, les premiers porte-parole officiels des Gilets jaunes qui gèrent des pages sur Facebook ne sont pas des politiques comme Jacqueline Mouraud, Priscilla Ludosky ou Benjamin Cauchy, mais se sont infiltrés parmi eux aussi des syndicalistes comme Jason Herbert de la Confédération française démocratique du Travail, ou Christophe Couderc de la Confédération générale du Travail. De même, des activistes politiques comme Frank Buhler du parti Debout la France ont essayé de se faire passer pour des porte-parole par le biais de séquences vidéos qui ont été vues des milliers de fois, alors qu’ils portaient des gilets jaunes, sans mentionner leur activité politique.
 
Le premier samedi de la mobilisation
Le 17 novembre eut lieu le premier test de ce mouvement virtuel, et le nombre de manifestants a atteint 287710 personnes sur 2034 point de rassemblement, selon le ministère de l’Intérieur. Les carrefours ont été fermés le samedi pour ne pas entraver le mouvement des Français les jours de travail, mais cet ordre a été ignoré les jours suivants, étant donné l’absence de réponses du gouvernement, et les Français ont souffert de ces obstacles, tous les jours de la semaine suivante. Et malgré les 409 blessés durant ces manifestations, les Gilets jaunes ne se sont jamais découragés, et la tension a augmenté du fait du manque de souplesse du gouvernement.
Le second samedi : le 24 novembre
Nouveau jour et nouveau défi pour les Gilets jaunes qui ont résolu d’aller dans la capitale Paris pour se rassembler sur les Champs-Elysées. Et le ministre de l’Intérieur a annoncé l’interdiction des manifestations sur cette avenue, mais le même jour, les CRS ont autorisé les Gilets jaunes à cela, ce qui a surpris les médias et les manifestants. Et à 10 heures du matin, les CRS ont lancé des grenades lacrymogènes avant même la moindre attaque de la part des manifestants, ce qui a suscité la colère de la plupart d’entre eux, qui étaient venus manifester de façon pacifique. Plus tard dans la matinée, des éléments de l’extrême-gauche qui étaient venus pour attaquer la police, ont placé des barrages sur les Champs-Elysées.
Les CRS se sont plaint de n’avoir reçu aucune instruction pour arrêter directement les extrémistes de gauche, et le secrétaire général de l’Union de la police François Delage, a douté publiquement du refus de la hiérarchie pyramidale d’intervenir contre des individus qu’il est facile de reconnaître durant les premières heures de leurs activités nuisibles.
Ce laxisme a permis au ministère de l’Intérieur d’indiquer qu’on avait laissé ces extrémistes en liberté, en tant que représentants des Gilets jaunes, les accusant d’ « intrus », et de « fauteurs de troubles » qui représentent une « peste » selon les termes du ministre Gerald Darmanin. Et en harmonie avec ce dernier, le ministre de l’Intérieur Castaner a accusé Marine Le Pen de donner une image d’extrémistes de droite au mouvement des Gilets jaunes.
Mais cette tentative démoniaque n’a pas réussi, parce que les Français savent faire la part des choses, du fait que plus de 50% des Français interrogés par des instituts de sondage disent avoir rejoint le mouvement ! Et le résultat aujourd’hui, c’est la participation de cent mille personnes selon l’Intérieur et 24 blessés, dont 5 officiers de police.
 
Le troisième samedi : le 1er décembre
Le troisième samedi a fait peur aux gens parce que la mobilisation avait augmenté, et les chaînes d’informations ont consacré la moitié de leurs sujets aux Gilets jaunes. Et l’Intérieur a décidé d’interdire l’accès aux Champs-Elysées, mais pratiquement, personne ne put y accéder et le simple fait de porter un masque protecteur signifiait l’impossibilité d’accéder à l’avenue. Les manifestants qui avaient été soutenus par les extrémistes de gauche le samedi précédent se sont alors mis en colère à cause des gaz lacrymogènes qui pleuvaient sur les fauteurs de troubles, et sur les autres. Et des groupes de nationalistes indépendants composés de fauteurs de troubles et d’activistes déviants ont attaqué la police, et les images de pierres lancées sur les éléments des forces de sécurité, qui furent obligées de reculer, ont été retransmises dans les informations du soir de cette journée.
Les voies adjacentes à la place de l’Etoile étaient remplies de manifestants, et les activistes ont attaqué les meubles de la rue, ont brûlé les barricades et l’un des activistes a attaqué la police avec un véhicule de construction volé, et en milieu d’après-midi, les jeunes « voyous » de banlieue sont arrivés à la capitale pour jouir du chaos, et nous les avons vus brûler des voitures de police et voler des magasins, et en particulier attaquer l’Arc de Triomphe. Le résultat de ce jour était catastrophique du point de vue des destructions, et l’Intérieur après avoir annoncé le nombre de 70000 manifestants dans l’après-midi, a doublé ce nombre le jour suivant, de crainte que la colère des manifestants n’augmente du fait de sa manipulation claire des chiffres.
A l’extérieur de Paris, les Gilets jaunes ont ciblé des barrages fiscaux sur les routes, qu’ils accusent d’augmenter les prix après leur privatisation par Nicolas Sarkozy. Ils ont forcé ces barrages puis ont ciblé les symboles de l’Etat, comme les gouvernorats et les centres d’impôts. Et certains sièges du Parti la République en marche ! Les Gilets jaunes sont même entrés dans la maison d’un député et l’ont détruite.
Ce jour a eu un impact psychologique fort sur le gouvernement, qui a eu l’impression qu’il perdait le contrôle de la situation, et que le peuple français était d’accord à 70%.
En même temps, les revendications des Gilets jaunes ont dépassé le problème du prix des carburants pour en arriver à la demande de l’augmentation du salaire minimum, du retour de l’impôt sur la fortune, de la revalorisation des pensions de retraite (qui avaient baissé malgré les promesses électorales de Macron), et la dissolution de l’Assemblée nationale.
Le premier ministre Edouard Philippe après avoir dit qu’il ne satisferait aucune revendication a annoncé la semaine suivante une suspension de six mois des augmentations qui devaient avoir lieu en 2019, s’agissant des factures énergétiques et d’électricité, et les manifestants ne sont pas satisfaits par la perspective d’une augmentation au bout des six mois, et aussi du fait que l’augmentation qui a eu lieu en septembre 2018 n’a pas été annulée. Notons que même avant cette augmentation, des impôts sur les carburants de 60% avaient été imposés.
Et pour apaiser le jeu, Emmanuel Macron a annoncé le 5 décembre l’annulation définitive des augmentations en 2019, en contradiction avec son premier ministre, qui est sorti de cette crise affaibli, d’autant plus qu’il avait défendu un projet de « suspension » le même jour devant l’Assemblée nationale.
 
Samedi 4 décembre 8 décembre 2018

La suppression des augmentations prévues en 2019 n’a pas affecté les manifestations, même si les français dans leur ensemble ont réduit leur soutien aux manifestants (moins de 60% contre 70% la semaine d’avant). Le ministère de l'Intérieur a changé sa stratégie. Le ministère a décidé de placer plus de policiers sur les Champs-Élysées, de procéder à des détentions préventives le matin et de placer 300 personnes en détention pour possession de masques à gaz ou de lunettes de protection. Seule une minorité a été libérée. Le lendemain, 396 personnes ont été libérées.

Les dégâts matériels étaient aussi importants que le samedi d’avant, surtout à Bordeaux, Marseille et Clermont-Ferrand, avec des magasins pillés par de jeunes immigrants voulant profiter de la situation.

Les hommes politiques et les gilets jaunes

Le parti de la France insoumise (gauche) dirigé par le député Jean-Luc Mélenchon appelle au recouvrement de l'impôt sur la fortune, à l'augmentation du salaire minimum, à la suppression du crédit impôt pour la compététivité et l'emploi (CICE) et à la dissolution de l'Assemblée nationale. Il réclame en outre des impôts sur les compagnies Google, Apple, Facebook et Amazon en France. Cette demande a été prise en compte par le gouvernement, qui, en l'absence d'accord avec les autres pays européens, imposera une taxe aux géants du Web tels qu'Amazon, Apple et Facebook. Ces compagnies ne paient pratiquement aucun impôt en France. Le Parti socialiste a suivi la même ligne.

Les Républicains, eux, exigent un référendum sur les augmentations d'impôts, mais personne ne les écoute car leur programme inclut une augmentation de deux points de la TVA, ce qui reviendrait à la même perte de pouvoir d'achat. Laurent Wauquiez, le président du mouvement, a demandé l'annulation de toutes les taxes supplémentaires votées par le parti majoritaire depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron, ce qui équivaut à une déduction fiscale annuelle de 4 milliards et demi d'euros, selon l'Institut national de la statistique et des études économiques.

Le Front national, qui réclamait depuis longtemps une taxe sur Google, Apple, Facebook et Amazon, souhaite lui aussi dissoudre l'Assemblée nationale et organiser des élections à la proportionnelle. Le Parti Nationaliste français exige l’annulation de toutes les augmentations de taxes depuis 2018, tout en réduisant les crédits accordés à l’émigration ce qui amenerait à un équilibre des comptes publics, car le soutien aux immigrants clandestins représente à lui seul le double des taxes sur les carburants, soit plus de 4 milliards d'euros (Dépensés pour les soins médicaux et le logement des mineurs étrangers).

Le gouvernement et les gilets jaunes

En janvier 2019, afin d’apaiser une mobilisation qui ne faiblit pas (près de 90 000 manifestants chaque samedi), Emmanuel Macron a lancé une grande consultation nationale, avec un site internet dédié à cette consultation, où tous les français pouvaient participer. Mais les thèmes étaient choisis d’avance, et les citoyens ne pouvaient que réagir en fonction des thèmes préétablis, ne pouvant proposer leurs thèmes. Ainsi, le débat était largement orienté, ce qui a incité les Français à ne pas participer. Dix jours après le lancement de la plateforme legranddebat.fr, moins de 10 000 contributions avaient été soumises pour chacun des quatre grands thèmes que sont l’écologie, la démocratie, les services publics, la fiscalité et les dépenses publiques. Sur les 45 millions de français inscrits sur les listes électorales cela ne fait que 0,03% de participants. Un fiasco démocratique. Aussi, les débats locaux étaient largement orientés, avec des maires triés sur le volet selon leurs appartenances politique. Ainsi le maire de la quatrième plus grande ville du Gard, Beaucaire, n’était pas invité lors du débat avec les maires de sa région Occitanie ! Il s’indigne dans les colonnes de Boulevard Voltaire :

« J’ai appris que monsieur Macron avait sélectionné 50 maires de mon département pour le rencontrer. Je me suis demandé comment ces 50 maires avaient été sélectionnés. On m’a dit qu’ils avaient été sélectionnés en vertu du respect du pluralisme.
Dans mon département, Marine Le Pen a fait 45 % à l’élection présidentielle et je suis maire Rassemblement national de la 4e ville du Gard. Je suis donc un peu étonné de ne pas être invité à ce pseudo-grand débat. »

Dans la rue , si les ronds-points ont été évacués sans ménagement, la mobilisation se poursuit dans toutes les grandes villes de France, avec toutefois moins de heurts.

Les nombreux cas de blessés graves par les lanceurs de balle de défense de la police, une centaine, largement médiatisés ces derniers jours, fragilisent la communication du ministère de l’Intérieur. D’autant que le Défenseur des droits, l’ancien ministre Jacques Toubon, demande l’arrêt de l’utilisation de ces armes par des policiers qui visent la tête malgré les instructions d’usage l’interdisant. L’inspection générale de la police nationale, la « police des polices » a été saisie par de nombreuses victimes et devra enquêter sur ces policiers qui usent et abusent de cette arme dangereuse contre de nombreux manifestants pacifique ainsi que la presse l’a largement établi. Cette recrudescence de bavures policière maintient la colère des Gilets jaunes très haute, d’où les fortes mobilisations tout au long du mois de janvier.

Aucune négociation entre les figures des Gilets Jaunes et le gouvernement, les premiers estimant que leurs revendications sont bien connues et qu’il ne sert donc à rien d’échanger avec un gouvernement qui maintient la désindexation de l’inflation sur les retraites, la hausse des taxes sur le gazole de septembre et l’Impôt sur la Fortune. Le référendum d’initiative citoyenne (RIC), demande phare des Gilets Jaunes, n’a toujours pas été approuvé par le gouvernement qui essaye de gagner du temps avec son débat.

Deux courants se détachent, l’un plus modéré voulant entrer dans le jeu politique en se constituant en association. C’est le cas du mouvement « Les émergents » de Jaqueline Mouraud et de Christophe Chalençon, Ingrid Levavasseur et Hayk Shahinyan (issu du parti socialiste), trois figures médiatiques du mouvement, qui créent un mouvement national, baptisé "Gilets jaunes, le mouvement". Mais la cagnotte mise en place par ce dernier afin de monter une liste aux européenne ne s’élève qu’à 90.000 euros, sur le million que coûte une campagne électorale digne de ce nom.

Priscillia Ludovsky, l'auteure de la première pétition pour demander la baisse des prix à la pompe a fustigé le "grand débat national" a décidé de faire des conférences pour défendre son point de vue et sa ligne. La semaine dernière, elle a été entendue par le Conseil économique, social et environnemental. Elle est la seule à se rendre aux invitations des instances gouvernementales avec Jaqueline Mouraud.

L’autre courant, plus dur et refusant tout contact avec le gouvernement s’agrège autour des figures suivantes :

Les soutiens d’Eric Drouet, animateur de la page Facebook « La France en colère » comptant 300 000 abonnés, veulent continuer à occuper la rue, même la nuit, dans des manifestations souvent non déclarées. Drouet vient d’écrire une lettre ouverte au président Macron le 22 janvier le prévenant d’un durcissement de la mobilisation avec des actions surprises. Drouet est soutenu par Jean-Luc Mélenchon.

Les soutiens de Maxime Nicole et sa page Facebook « Fly Rider » comptant 160 000 abonnés. Ce dernier a prévenu mi janvier : "Il y a eu l'idée de casser les radars, de couper le courant. Maintenant, il y a l'idée de faire un samedi et un dimanche, en nocturne, pour fatiguer les forces de l'ordre."

Ces deux figures appellent désormais à une grève générale à partir du 5 février, en plus de harceler les forces de l’ordre.

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