An-Nahda salue à nouveau le retour de la Syrie, même si ses intentions suscitent des doutes
Sarah Rachad
Le mouvement islamiste an-Nahda (extension du groupe des Frères en
Tunisie) salue à nouveau le retour des relations entre la Syrie et les autres
pays arabes, renonçant ainsi à sa demande d’une chute du régime à Damas,
formulée huit ans plus tôt.
Le mouvement a affirmé samedi dernier par la bouche du membre du bureau
exécutif de son parti, Mahraziya al-Abidi qu’au cas où la présidence de la
République tunisienne envoyait une invitation au président Bachar al-Assad pour
assister au sommet arabe qui doit se tenir à Tunis en mars prochain, le
mouvement « se comporterait de façon positive et réaliste ».
Il a ajouté qu’il approuvait les déclarations du porte-parole officiel
du mouvement Emad al-Khamira s’agissant du dossier syrien et de la nécessité de
mettre un terme au bain de sang et aux guerres civiles en Syrie.
Al-Khamiri avait exprimé, dans des déclarations qualifiées
d’ « intéressantes » par la presse tunisienne la semaine
dernière, l’accueil favorable de son mouvement au retour de la Syrie dans ce
qu’il a appelé « le giron arabe », justifiant le changement de la
position du mouvement vis-à-vis du régime en Syrie par les changements survenus
dans la région ces dernières années.
Notons qu’An-Nahda fait face à des accusations d’être impliqué dans l’entraînement
de jeunes Tunisiens envoyés ensuite en Syrie au début de la crise syrienne,
tandis que le mouvement est inscrit sur une liste d’entités et de personnes
soutenant le terrorisme établie par le régime syrien au début 2017.
Les observateurs et politiciens considèrent la position d’an-Nahda avec
étonnement, du fait qu’il s’agit du seul mouvement islamiste ayant salué le
régime en Syrie, les autres manifestant de l’hostilité à son égard.
Les observateurs expliquent qu’il s’agit d’une tentative du mouvement de
faire taire les accusations qui lui sont adressées d’avoir envoyé de jeunes
Tunisiens en Syrie, tandis que l’opposant tunisien Qays ben Yahmed a ironisé
sur cela, doutant des intentions et de la sincérité d’An-Nahda.