En pleurs, les habitants du Cachemire fréquentent les mausolées soufis pour fuir un conflit meurtrier
lundi 14/janvier/2019 - 08:23
Cela fait 75 ans que perdurent l'angoisse et le chagrin de la vieille dame Bakhti Bigam, affligée par la disparition soudaine de son cher fils bien-aimé.Courbée comme un croissant, elle entre au mausolée portant la photo de son fils qu'elle a perdu depuis 2001, photo qu'elle conserve dans un sac plastique déchiré.Pleine d'espoir, elle la pose sur l'escalier qui mène à la voûte isolée et prie ardemment pour retrouver son fils, se lamentant avec de chaudes larmes et avec un espoir sincère.Bakhti Bigam effectue fréquemment ses visites au magestueux mausolée de Ibn Chihab El-Hamdany (un soufi de la tribu Hamdane arrivé au Cachemire au 13ème siècle pour diffuser les préceptes de l'islam dans la région) Le mausolée est situé au bord d'un fleuve en plein coeur de Srinagar.Le voyage de la vieille femme de sa maison jusqu'au mausolée est un trajet d'environ 80 km, voyage qu'elle fait régulièrement avec l'espoir que le Ciel exauce ses prières en décrétant la réapparition de son fils chéri dont elle a perdu les traces quelques jours à peine après son mariage et qui à l'époque de sa disparition était âgé de 25 ans.Selon les estimations de certaines organisations humanitaires, le nombre de tués à cause du conflit depuis les années 80, s'élève à 100 mille personnes.La plupart des habitants évitent de se promener longtemps dans les rues, par crainte d'attaques ou d'explosions pouvant survenir à tout moment.En revanche un petit nombre parmi les habitants s'en remet à Dieu et sort à la tombée de la nuit pour se rendre sur les lieux de visite soufis afin de se soulager en quelque sorte de leurs douleurs et afflictions et se soigner des blessures de la guerre, visites effectuées non pas seulement à Srinagar, mais aussi dans d'autres endroits bien loin de la région.