« Les Musulmans » : une plateforme de consultation lancée par la mouvance fréro-salafiste
Fondée en 2018 à l’initiative de Marwan Muhammad, ex dirigeant du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), l’organisation Les Musulmans a pour vocation de faire émerger une parole représentative des musulmans en France, par le biais d’une grande consultation, via un questionnaire diffusé dans de nombreuses mosquées et sur Internet. Une tournée des mosquées a été réalisée au premier semestre 2018, et 27 000 fidèles ont répondu à un questionnaire aux questions multiples, sur ce qu’ils pensent du CFCM, de la Fondation pour l’islam, s’ils souhaitent que l’Etat s’immisce dans leur organisation interne, sur la réforme de la certification halal, etc.
Pour se donner une crédibilité, l’organisation se dote d’un conseil scientifique, où figure le sociologue Saïd Bouamama, auteur sur le site du « Parti des Indigènes de la république », parti connu pour son soutien au Hamas. On ne s’étonne donc pas que Bouamama demande la libération du terroriste libanais Georges Ibrahim Abdallah emprisonné en France pour complicité d’assassinat fomenté par son groupe Fraction armée révolutionnaire libanaise. Bouamama s’est illustré en co-écrivant les paroles de la chanson « Nique la France- devoir d’insolence », tout un programme. Autre sociologue membre du conseil scientifique, Fatiha Ajbli, promotrice du « Muslim Women’s Day », pour qui la rétention de sûreté des terroristes à l’issue de leur peine est un « risque totalitaire ». La déchéance de la nationalité pour les islamo terroristes est aussi une menace pour les libertés individuelles selon cette « intellectuelle » dans la même tribune.
Ces dernières semaines, « Les Musulmans » s’est enorgueilli d’avoir été rejoint par les imâms salafistes ou fréristes comme Nader Abou Anas, Mohamed Minta ou Rachid Eljay.
Qui sont-ils ?
Nader Abou Anas codirige la mosquée Al Iman du Bourget. Il dirige surtout un site d’information intitulé Dourous.net, jouissant d’une grande audience, sa page Facebook attirant 120 000 « j’aime ». Ce site met en ligne l’ouvrage « Les 40 hadith » du jurisconsulte syrien An Nawâwi (1233-1278), une référence du sunnisme shaféite. En deux clics, on apprend qu’il faut réprimander physiquement ceux qui commettent un « fait blâmable », qu’il est permis de tuer les apostats, et que « D'après Ibn Omar -qu’Allâh l’agrée-, l'Envoyé d'Allah a dit : « Il m'a été ordonné de combattre les gens jusqu'à ce qu'ils témoignent que nul n'est en droit d'être adoré qu'Allah et que Muhammad est l'Envoyé d'Allah , qu'ils accomplissent la prière, qu'ils s'acquittent l'aumône légale. S'ils font cela, ils auront préservé vis-à-vis de moi et leur sang et leurs biens sauf ce que l'Islam permet d'en prélever légalement. Quant à leur compte, c'est Allah le Très-Haut qui se charge de le dresser ».
La plupart des conférences d’Abou Anas sont filmées. Dans une consacrée à la femme, il clame : « Allah a dit les hommes ont autorité sur les femmes, les femmes vertueuses sont obéissantes à leur mari. (…) la femme ne sort de chez elle que par la permission de son mari, Allah a dit ‘restez dans vos demeures’, ça c’est la base. Le soir il a une envie, elle lui dit ‘non’, elle ment en disant ‘je suis fatigué’ je ne peux pas, je suis ceci, je suis cela, et l’homme il craque ! Qu’elle sache que les anges la maudissent toute la nuit dans le cas où elle se refuse à son mari sans raison valable. Et ce n’est pas ma parole c’est la parole du prophète. »
Encore plus extrême, dans la même conférence Nader Abou Anas dit qu’une femme ne devrait témoigner si son mari la malmène, ce afin de « préserver son honneur » :
« Le mari il est sorti, sa femme prend un téléphone : ‘Allo Zoubida ah devine ce qu’il m’a fait ! Elle commence à lui dire ‘tu sais quoi il m’a hagar [frapper en arabe], il m’a ci il m’a ça, elle salit son honneur, même si c’est vrai préserve l’honneur de ton mari ! ».
Sur sa page Facebook, Abou Anas honore le cheikh séoudienSafar al Hawali, mort en juillet dernier, pointé comme un « théologien de la terreur » par une tribune co signée par 2500 intellectuels musulmans et adressée à l’ONU pour bannir la violence religieuse. Autre cheikh salafiste ayant les faveursd’Abou Anas, Abou Bakr el Jazairi, mort en août 2018, connu pour son livre La Voie du Musulman où est prescrit le djihâd offensif sur les « infidèles » et l’interdiction de construire toute église en terre musulmane.
L’imâm du Bourget publie aussi une citation de Ahmed al Jubbal, connu pour interdire tout pacte avec les « koufars » et condamnant la laïcité.
Voilà pour Nader Abou Anas.
Mohamed Minta, diplômé de l’Université islamique de Medine, imâm de la mosquée de Décines, soutient les projets de l’IESH, l’école d’imâms des Frères Musulmans en France. Il a surtout fondé le centre islamique Shâtibi où il enseigneaux côtés de Hani Ramadan, sans être dérangé par le soutien au jihâd pour rétablir le califat par ce dernier. Malien, il est incompréhensible qu’il soit toléré sur le sol français.
Dans une de ses conférences, Mohamed Minta parle de la technique de combat de Mahomet : attaquer avant que les « ennemis » n’attaquent .
Concernant l’autre nouvelle recrue de la plateforme « Les Musulmans », Rachid Eljay, il s’est fait connaître par son pseudonyme Rachid Abou Houdeyfa en tant qu’imâm de Brest. Ses prises de positions avaient déclenché une polémique nationale, comme sur l’interdiction de l’écoute de la musique devant un public infantile, les menaçant de se transformer en porcs en cas d’écoute. Rachid Eljay avait affirmé également « si la femme sort sans honneur, qu’elle ne s’étonne pas que les hommes abusent de cette femme là » en juin 2012 lors d’une conférence intitulée « 30 Minutes Pour te convaincre de mettre le Hijab » mise en ligne sur Dailymotion.
Les autres soutiens de Les Musulmans qui apparaissent dans ses vidéos de promotion, sont tous de cette mouvance. Parmi eux, l’imâm de la mosquée d’Athis Mons, Noureddine Aoussat, a combattu la loi de 2004 contre l’interdiction du voile à l’école, et affiche son amour des Frères Musulmans. Lors d’une conférence, il annonce sa volonté de domination sur les non musulmans : « C’est Allah qui a envoyé son Messager, avec la religion de la vérité, afin qu’elle triomphe, qu’elle prenne le dessus sur tout, même si les polythéistes et les Mécréants voudraient autre chose, voudraient l’arrêter, ils ne pourront pas le faire ».
Feïza Ben Mohamed, journaliste à l’agence turque Anadolu, qui a récemment pris la défense de l’école salafiste marseillaise fermée par les autorités, exprime son soutien à l’organisation « projet de l’année 2018 » selon elle.
Ainsi, on comprend mieux, au vu des personnes avec qui il s’entoure, l’inquiétude de Marwan Muhammad quant à l’existence des fiches S de la police attribuées aux radicalisés, dont il dénonce le caractère « raciste ».